[Film] One Dark Night, de Tom McLoughlin (1981)

Afin d’intégrer une confrérie étudiante, Julie doit se soumettre à un rite d’initiation : passer une nuit entière dans un imposant monument funéraire, sous le contrôle de deux autres étudiantes. Or, le mausolée est celui d’un ancien mage, qui possédait de terrifiants pouvoirs psychiques.


Avis de John Roch :
Question parcours atypique, Tom McLoughlin se pose là. Avant d’être le metteur en scène du meilleur opus de la saga Vendredi 13 (soit le chapitre 6: Jason Le Mort-Vivant), il est musicien et fan de Charlie Chaplin depuis son plus jeune âge, il s’installe à Paris pour prendre des cours de mime auprès de Marcel Marceau. De retour aux USA, il fonde la Los Angeles Mime Company, qui connaîtra un succès à la télévision et permettra même à Tom McLoughlin de gagner un Emmy Award pour son travail et celui de sa troupe. Un ticket pour le cinéma puisque le futur réalisateur du film qui nous intéresse ici sera recruté par Woody Allen pour la coordination, et l’interprétation, des cyborgs de Woody Et Les Robots, puis par Disney pour Le Trou Noir. Mais ce qui intéresse Tom McLoughlin, c’est la réalisation. Problème : son script, nommé Rest In Peace, il le traînera sous le bras trois ans durant en enchaînant les refus, pas si étonnant car la mode était alors au slasher movie et non aux films d’épouvante. Pas de tueur fou, pas de boobs, pas de gore, et de toute manière cela aurait été impossible car les 900,000 dollars qui ont permis de financer One Dark Night, Tom McLoughlin les trouve auprès d’un homme d’affaire Mormon qui avait un million de billets verts à cramer pour une histoire de fiscalité. Des règles sont donc imposées : le film doit rester chaste, ne pas avoir de débordement gore et éviter tout moment de profanation de tombe, un comble quand un film se déroule en majeure partie dans un mausolée dans lequel des cadavres vont sortir de leurs cercueils. Tourné en 28 jours, sans aucune tête d’affiche à son casting si l’on omet le premier rôle à l’écran de Meg Tilly et d’un Adam West qui tente d’exister dans un monde post-Batman, One Dark Night sera un petit succès en salles, mais aussi en vidéo. Pourtant, il reste aujourd’hui assez méconnu, et bien qu’il ne s’agisse pas d’un indispensable si vous n’êtes pas un aficionado des films d’horreurs des années 80, il demeure néanmoins un petit film sympathique qui n’est pas sans défauts, mais qui conserve quelques qualités.

S’il se démarque de la première vague de slasher movie, One Dark Night n’évite pas quelques poncifs du genre, mais aussi du film d’horreur en général. On retrouve donc l’habituelle bande d’ados avec la biatch de service et ses copines qui le sont tout autant, le beau gosse athlétique et l’héroïne sainte ni touche, mais ça on y reviendra plus bas. Plus intéressant que ces personnages vus et revus, le scénario de One Dark Night tourne autour d’un médium retrouvé mort, ainsi que six femmes, à son domicile. Pendant que son corps est inhumé dans un mausolée, sa fille reçoit la visite d’un homme mystérieux qui va dévoiler la vraie nature des pouvoirs du paternel. Celui-ci est en réalité un télépathe surpuissant qui puise son énergie cosmique en suçant la vitalité de ceux qui l’approchent de trop près. Même mort, le télépathe reste un danger, et c’est justement le jour de son inhumation que les membres d’une sororité décident de bizuter leur future nouvelle recrue en l’envoyant passer la nuit sur les lieux. Le script de One Dark Night a du bon, et du moins bon. Ce qu’il faut savoir, c’est que le métrage a été monté dans le dos de Tom McLoughlin, qui a pu au dernier moment au moins sauver la fin de son film bien qu’elle ne corresponde pas à celle initialement prévue. En l’état, ce montage pas forcement approuvé par le réalisateur ne cache pas un manque de rythme évident. Car dans One Dark Night, on ne peut pas dire qu’il se passe grand-chose avant la dernière demi-heure. Ce qui n’aurait pas été un mal si le film avait quelque chose d’intéressant à raconter mais c’est à moitié le cas.

D’un coté, nous avons les lycéens clichés décrits plus haut dont l’intérêt est plus que discutable. Le beau gosse est en couple avec l’héroïne sainte ni touche, et celle-ci est la cible de son ex qui est la cheffe de la sororité et va donc se servir du bizutage de rigueur pour faire payer cette relation qu’elle jalouse. Du réchauffé donc, ce que n’arrange pas un bon nombre de scènes d’exposition assez ennuyeuse où le boyfriend est à la recherche de sa bien aimée. Plus intéressante, la fille du médium, douée d’un don de voyance, est en revanche sous exploitée, son rôle se résumant pendant toute une bonne partie du métrage à écouter un enregistrement sur les méfaits de son père. Il aurait été intéressant de développer davantage l’aspect onirique de ce rôle, ce qui aurait davantage rapproché One Dark Night de Phantasm, auquel le décor du mausolée fait penser, mais aurait permis de faire gagner en épaisseur un personnage qui en manque cruellement. Il faudra donc attendre une bonne heure avant que One Dark Night ne décolle vraiment. Le médium se réveillant enfin, les morts sortent de leurs tombes, et il est dommage que l’entièreté du film ne soit pas de la même trempe. Pour un film tourné pour moins d’un millions de dollars, One Dark Night est une œuvre globalement plutôt soignée. La photographie est réussie et Tom McLoughlin s’applique au niveau de la mise en scène et exploite adroitement le décor du mausolée en y faisant virevolter sa caméra à coup de Steadicam certes déjà vu (l’influence de Sam Raimi n’est pas loin) mais efficace. Coté SFX, le film est intéressant dans le sens où les zombies ne sont pas joués par des acteurs, mais sont des créations de toute pièce qui raviront les fans des effets spéciaux made in 80’s, bien qu’ils aient pris un léger coup de vieux. Pas de quoi faire pencher One Dark Night du bon coté de la balance, car si la dernière demi-heure est en somme toute sympathique et montre un potentiel certain, il n’en est pas de même pour la première heure soit inintéressante, soit aux idées inexploitées.

LES PLUS LES MOINS
♥ La dernière demi heure
♥ Techniquement ça fait le job
♥ Les effets spéciaux so 80’s
♥ De bonnes idées
⊗ Ça met vraiment trop de temps à démarrer
⊗ Des idées inexploitées
⊗ Parfois inintéressant

One Dark Night est un film avec du potentiel. Il est dommage que le métrage ne démarre vraiment qu’à une demi heure du générique de fin, et que la première heure soit au mieux aux idées inexploitées, au pire inintéressante. A réserver avant tout aux amateurs des peloches horrifiques méconnues des années 80.


One Dark Night est disponible en Combo Blu-ray DVD chez Rimini Editions. En plus du film, on y trouve un livret de 13 pages écrit par Marc Toullec.



Titre : One dark night / Nuit noire / Une nuit trop noire
Année : 1981
Durée : 1h28
Origine : U.S.A
Genre : Une nuit trop longue
Réalisateur : Tom McLoughlin
Scénario : Tom McLoughlin et Michael Hawes

Acteurs : Meg Tilly, Melissa Nexman, Robin Evans, Leslie Speights, Adam West, Elizabeth Daily, Donald Hotton, Leo Gorcey Jr.

One Dark Night (1981) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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