[Film] Mutronics, de Screaming Mad George et Steve Wang (1991)


L’agent de la CIA Max Reed assiste au meurtre d’un scientifique. Un étudiant trouve un appareil extraterrestre ayant appartenu au scientifique, et fusionne avec, devenant un homme en armure. Le propriétaire de l’appareil envoie ses hommes, les Zoanoids, le récupérer coûte que coûte.


Avis de John Roch :
Guyver est un manga écrit et dessiné par Yoshiki Takaya, composé à ce jour de 32 volumes, mais aussi 12 OAV et un animé de 22 épisodes. En France, le manga se fait connaître via Manga Vidéo qui sort les OAV en VHS (hors de prix au vue de la durée, heureusement il y avait Manga Mania, le meilleur du manga en cassette vidéo, 99 Francs chez votre marchand de journaux), puis en dvd.

L’adaptation cinématographique s’est faite par pur hasard. Screaming Mad George, le maquilleur fou responsable de l’orgie surréaliste du Society de Brian Yuzna (par ailleurs producteur de Mutronics), se rend au Japon afin de réunir des capitaux pour un long métrage, son agent tente le coup chez Bandai. Ce dernier ressort sans convaincre, mais réussit à acquérir les droits de Guyver. Mad George accepte la proposition à une seule condition : réaliser le film en plus de s’occuper des effets spéciaux. Pour l’aider, il contacte Steve Wang, autre génie des sfx, qui a tourné The Adventures Of The Kung Fu Rascals, un mélange de fantastique et d’action. Tout en s’occupant ensemble des effets spéciaux, le premier tourne les scènes d’expositions tandis que le second assure la mise en scène des séquences d’action. Avec en tête une superproduction avec des centaines de monstres, des cascades automobiles et des transformations aux quatre coins de l’écran, le duo va vite déchanter face à une réduction du budget et du temps de tournage.

Si vous pensiez descendre du singe ou avoir été créé le sixième jour, vous avez tout faux. Ce sont les Aliens qui ont créé les humains avant de repartir dans l’espace, sauf qu’ils ont trop joué avec la génétique et ont aussi créé les Zoanoïds, des créatures camouflé sous une apparence humaine que seul le Guyver, une armure bio-mécanique, est capable d’éradiquer. Les Zoanoïds sont bien dans la merde le jour où le docteur Serizawa les trahit et vole le module Guyver, qu’ils ne savent pas activer. Ils le rattrapent mais le malin a planqué l’armure bio-mécanique avant de passer de vie à trépas. C’est Sean Barkerr, un (futur petit, on s’en doute bien) ami de Mizuki, la fille du doc (le monde est petit) qui va, avec autant de hasard que l’acquisition des droits du manga, devenir le Guyver. Avec l’aide de Max, un agent de la CIA, ils vont contrecarrer les plans des mutants.

Un héros en armure face a des mutants en latex, voila qui promet une bien bonne série B. Mais pour voir cela à l’écran, il faudra patienter. Car Mutronics met un temps fou à démarrer, les quarante premières minutes sont d’une mollesse que le peu d’action présente ne rehausse en aucun cas. En revanche une fois que le film passe la seconde, c’est tout le contraire. Moins de bla bla, plus d’action. Malheureusement, on ne peut pas dire que ces scènes soit réussies. La faute à des bastons qui consistent la plupart du temps à envoyer voler les personnages dans le décors, où les cascadeurs en costumes peinent à exécuter des mouvements corrects et n’arrivent pas à lever la jambe plus haut que le nombril. Tout ceci filmé de la pire manière qui soit quant il s’agit de filmer de la castagne : en gros plan.

Guyver est un manga dark, violent, dénué de tout humour. Transposé tel quel en film live, Mutronics perdait une cible visé : les plus jeunes. Le scénario est donc réadapté, tout gore est proscrit et une sacré dose d’humour a été injecté. Ce qui rapproche bien plus le métrage des tortues ninjas que du matériel de base. Un humour hors de propos ici, puisque les Zoanoïds passent de créatures sensées être sans foi ni loi à des abrutis finis, l’un d’eux, le black rappeur qui commence toutes ses phrases par yo!, étant un sidekick comique des plus irritables, qui de plus a un design enfantin au possible, une sorte de homme-Gremlins à l’air débile. En parlant de design, si le Guyver est réussi et fidèle au manga, on en dira pas autant des Zoanoïds, qui malgré des costumes réussis, ont une esthétique plus que discutable.

Coté casting, on est guerre mieux loti. Si le cabotinage excessif de David Gale en Zoalord, le leader des Zoanoïds et son bras droit campé par Michaël Berryman, est des plus amusants, on en dira pas autant de Jack Armstrong dans le rôle de Sean. Sorte de bellâtre à l’Américaine, Armstrong est inexpressif au possible, sauf quant il s’agit d’afficher un sourire benêt du plus bel effet. À noter une apparition de Jeffrey Combs, dans le rôle du docteur East, les fans de Ré-animator apprécieront le clin d’œil. Reste à évoquer THE guest, celui sur qui le film a été vendu (au point où des jaquettes de divers pays laissent penser que le Guyver, c’est lui), celui sans qui le film ne ce serait pas ouvert sur un texte déroulant sous fond étoilé à la Star Wars, Luke Skywalker himself dans le rôle de Max le flic : Mark Hamill ! Qui débute les années 90 avec une moustache ! Et ça lui va bien ! C’est toujours sympa d’avoir une star (à la carrière déjà flinguée certes, mais star quand même) à son générique, mais quand c’est pour la fringuer comme un clodo dans un rôle qui ne sert strictement à rien, c’est tout de suite moins cool.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le Guyver est réussi…
♥ Les costumes des Zoanoïds…
♥ Ça fait le job un jour de pluie
⊗ …mais est très impoli à toujours montrer son interlocuteur du doigt
⊗ … au design discutable
⊗ Les bastons, irregardable
⊗ L’humour hors sujet
Même s’il dispose d’un petit capital sympathie, ou que vous avez huit ans, Mutronics reste un film foiré, sûrement dû à la production chaotique de la chose. Cependant, quand on voit la qualité sa suite qui a connu bien plus de déboires, la faute est n’est peut être pas du coté que l’on croit.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film est passé de huit semaines de tournage à cinq.
• Dans le manga, il n’ y a pas un, mais trois modules Guyver.
• Toujours dans le manga, Lisker, le personnage joué par Michael Berryman dans le film, active le second module bio-mécanique et devient le Guyver 2. Cet élément du Manga est réadapté pour le second métrage.


Titre : Mutronics / Guyver
Année : 1991
Durée : 1h28
Origine : U.S.A
Genre : Manga Live
Réalisateur : Screaming Mad George, Steve Wang
Scénario : Jon Purdy

Acteurs : Jack Armstrong, Mark Hamill, Vivian Wu, david Gale, Michael Berryman, Linnea Quigley, Jeffrey Combs

 Mutronics (1991) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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