[Film] Moscow Mission, de Herman Yau (2023)


En 1993, après la violente attaque d’un train en direction de Moscou où plusieurs riches chinois sont détroussés, le gouvernement chinois envoie une équipe de policiers traquer les coupables dans la capitale Russe.


Avis de Nasserjones :
Comme beaucoup de monde, je me lève à quatre heures du matin pour aller bosser, je sors du boulot, fonce récupérer les enfants à l’école, je les aide à faire les devoirs, je prépare le dîner et le jour suivant rebelote. Alors pour me changer les idées, une fois tous les deux mois, je sors avec les copains boire un verre ou on se fait un petit resto pour se changer les idées, sans nos femmes et sans nos enfants. Et bah Herman Yau, lui, pour se changer les idées, il réalise un film tous les deux mois avec les copains et donc ça fait juste le quatrième film de Herman sorti en six mois après le spectaculaire The White Storm 3, le mauvais Death Notice et le très fun Raid on the Lethal Zone. Et comme en plus ses films ont l’air de marcher plutôt bien, on lui donne de plus en plus d’argent pour les réaliser. J’imagine donc les dialogues entre Yau et ses potes : « Herman qu’est-ce qu’on va faire cette fois-ci ? La dernière fois on a filmé une poursuite en voiture au milieu d’une avalanche de boue, on a filmé une scène de guerre géante entre l’armée Thaï et des trafiquants, une poursuite en voiture dans le métro et une fusillade dans un tunnel entre la police et une armée de terroriste. Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire maintenant ? ». Et Herman qui répond : « J’ai une idée on va filmer une course poursuite en moto dans les égouts et une poursuite sur une piste de décollage avec un avion de chasse et aussi une fusillade avec plein de lance-roquettes… ». Oui Herman Yau est fou, on lui donne des gros budgets, il se fait plaisir et en même temps il nous fait plaisir.

Herman Yau a visiblement trouvé une formule qui fonctionne très bien et comme ça fonctionne il continue. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple. Les films de Yau se succèdent donc ces dernières années avec toujours les mêmes défauts et les mêmes qualités. Je pourrais reprendre ma critique de The White Storm 3, changer quelques phrases et ça donnerait une critique de Moscow Mission. On a encore une fois un scénario prétexte, des personnages pas du tout travaillés qui ne sont que des archétypes (des supers flics et des gangsters diaboliques), des très bons acteurs mais livrant le minimum syndical, une absence totale d’émotion et des CGI pas toujours top. Herman Yau n’est pas Tsui Hark ou John Woo. Il sait faire des films avec de l’émotion et il sait faire des films d’action mais c’est soit l’un soit l’autre, il ne faut pas lui demander les deux choses dans un même film. Et d’ailleurs, ses producteurs n’ont pas l’air de lui en demander autant et moi non plus d’ailleurs, mais il faut reconnaître que parfois entre deux scènes d’action, même si le rythme est assez bien géré, eh bien on s’ennuie quand même un peu. La première heure du film, malgré l’attaque sauvage du train en scène d’ouverture et une ou deux poursuites en voitures assez efficaces, n’est pas trépidante, il faut l’avouer. Elle se résume principalement à des scènes de filatures assez molles mais on est très loin de French Connection.

Une fois tout ça dit, passons à ce qui nous intéresse : l’action. Dans ce domaine, Yau continue de régaler. Toujours la même efficacité, toujours plein d’idées assez originales, toujours beaucoup de bruits, d’explosions, de coups de feu, on sent même une volonté d’aller toujours plus loin, de faire toujours plus spectaculaire à chaque nouveau film. Outre les scènes dont j’ai déjà parlé comme la poursuite en moto dans les égouts ou la poursuite avec l’avion de chasse, on a même droit à une prise d’otage finale qui nous rappelle un peu Hard Boiled avec des tas de moto qui sortent de partout. La présence du chorégraphe Nicky Li comme « action director » (Invisible Target, New Police Story, Shaolin) est la bienvenue. On sent son apport dans les quelques combats à mains nues qui sont beaucoup plus recherchés que les films habituels de Herman Yau. Un des gros points fort du film aussi est son travail de reconstitution puisque le film se passe à Moscou en 1993 (il est vaguement inspiré d’un fait divers de l’époque) et notamment au niveau des véhicules, un sacré travail a été fait, ce qui contribue encore plus au sentiment de gros spectacle. Oui Moscow Mission est un gros blockbuster à l’américaine qui peut même jouer dans la même cour qu’un Mission Impossible ou qu’un Marvel. Certains trouveront sans doute qu’il manque d’âme ou de charme mais on y retrouve quand même un peu de la folie Hongkongaise d’antan distillée à droite à gauche. J’ai adoré Moscow Mission pour les mêmes raisons que j’avais déjà beaucoup aimé Shock Wave 1, The White Storm 2 et 3 et Raid on the Lethal Zone : c’est spectaculaire, généreux, ça ne pète pas plus haut que son derrière et ça ne ment pas sur la marchandise dans les trailers. Vivement le prochain Customs Frontline avec Nicholas Tse et Jacky Cheung.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le gros travail de reconstitution
♥ Les scènes d’action efficaces et spectaculaires
⊗ Quelques CGI très peu convaincants
⊗ Personnages transparents
⊗ Acteurs livrant le minimum syndical
⊗ Un peu ennuyeux entre chaque scène d’action

L’infatigable Herman Yau continue d’enchainer les blockbusters spectaculaires et signe avec Moscow Mission un nouveau bourrinage pyrotechnique généreux et décomplexé. Assurément l’un des gros morceaux de cinéma d’action 2023.



Titre : Moscow Mission / 93國際列車大劫案:莫斯科行動
Année : 2023
Durée : 2h08
Origine : Chine / Hong Kong
Genre : Action
Réalisateur : Herman Yau
Scénario : Chen Da-Ming

Acteurs : Zhang Han-Yu, Andy Lau, Huang Xuan, Janice Man, Jason Gu, Ray Zhao, Bai Narisu, Zhang Ben-Yu, Shang Yu-Xian, Xu Xiao-Sa, Mark Han, Mickey He

Moscow Mission (2023) on IMDb


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Auteur : Nasserjones

Fan névrosé de cinéma HK, élevé aux girls with guns et heroic bloodsheed, j'essaye depuis quelques années de me soigner comme je peux en m'ouvrant un peu plus à des films plus intimistes et différents. Des Philippines au Kazakhstan, de la Corée à l'Indonésie, je poursuis tant bien que mal mon auto-thérapie.
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