[Film] Little Monsters, de Abe Forsythe (2019)


Dave, musicien raté, égoïste et irresponsable, tombe sous le charme de l’institutrice de son neveu, Miss Caroline. Il se porte volontaire pour accompagner la classe lors d’une sortie éducative dans une ferme voisine. Non loin de là, un virus s’échappe d’un camp militaire et une épidémie de Zombies prolifère. Face à l’invasion, Miss Caroline décide de présenter la terrible menace aux enfants comme un jeu éducatif, pour ne pas les effrayer et protéger leur innocence. Dave voit ses plans s’éloigner et va devoir faire face à ses responsabilités…


Avis de Cherycok :
Les comédies avec des zombies sont tellement nombreuses depuis que Shaun of the Dead a popularisé ce sous-genre que lorsqu’une se détache du lot, je me sens obligé d’en parler. Les mauvaises langues diront que j’en parle même lorsqu’elles n’ont rien de particulier. C’est vrai, j’avoue. Je n’y peux rien, j’aime les zombies. Mais là, avec Little Monsters, co-production australo-anglo-américaine sortie de nulle part, on en tient enfin une qui se démarque, une qui vaut le coup d’œil, une qui a compris qu’il ne suffit pas juste de surfer sur la vague mais qu’il fallait apporter un peu de nouveauté. Résultat des courses, Little Monsters est un film solaire, qui mêle humour et gore avec une légèreté déconcertante. Malgré des défauts, c’est un film décomplexé qui nous donne le smile, sorte de feel good movie avec des zombies.

Produit pour la plateforme Hulu, Little Monsters est arrivé chez nous directement en VOD après une sortie très limitée en salle puisqu’il n’était visible qu’un seul soir à 20h, dans quelques CGR. Il nous raconte l’histoire de Mlle Caroline, institutrice de son état, qui amène ses élèves de maternelle à une sortie scolaire dans une ferme aux animaux, accompagnée par l’oncle de l’un d’eux, Dave, un branleur fini. Mais lorsque des zombies viennent perturber le calme de leur trip retour aux sources, Mlle Caroline et Dave vont devoir redoubler d’effort pour faire croire que tout ceci n’est qu’un jeu et qu’il ne faut pas avoir peur.
La dynamique de Little Monsters est clairement ce qui fait sa force. Le film est construit un peu avec la même structure comique que La Vie Est Belle (1997) de Roberto Benigni, dans le sens où des enfants sont exposés à quelque chose d’horrible (la guerre dans le film de Benigi, les zombies ici) et où une adulte va tout mettre en œuvre pour qu’ils n’aient pas peur. Le rythme est posé mais pourtant particulièrement efficace si on exclut ce petit ventre mou au milieu du métrage, avant que le final ne se lance. En effet, le huis clos dans la boutique avec la remise en question du héros est quelque peu longuette. Mais elle est malgré tout nécessaire pour l’évolution du personnage de Dave, vrai branleur qui se fout de tout, égocentrique, antipathique, qui balance dix gros mots à la minute, au contact de ces enfants dont l’innocence est parfois touchante. Si on creusait un peu, Little Monsters pourrait s’apparenter à une métaphore de notre monde réel. D’un côté, nous avons le personnage de Miss Caroline qui représente la joie, le courage, aidée de Dave, qui lui incarne la capacité de l’humain à changer, en mieux, à évoluer. Face à eux, les zombies, menace omniprésente du monde qui nous entoure, et des vautours tels que le personnage de Teddy McGiggle, véritable connard égoïste prêt à marcher sur la gueule des autres pour s’en sortir. Et au milieu de tout ça, des enfants, l’innocence même, la sensibilité à l’état brut, qui arrivent encore à vivre dans un monde merveilleux avec leurs yeux de gamins alors que la violence (représentée ici par les zombies) leur est balancée au visage toute la journée, sans jamais juger.

Mais Little Monsters reste avant tout une comédie avec des zombies. Des zombies lents comme c’est d’ailleurs évoqué dans le film et qui plairont bien plus aux adorateurs de ceux de Romero qu’à ceux de Boyle. Le travail qui a été fait en termes de maquillages est à saluer et les zombies ont une bonne tête. Oui, du maquillage, du vrai, avec de la vraie fausse hémoglobine, pas du CGI pourri. Et là on se dit que ça n’a pas dû être évident de tourner avec des enfants et des mecs maquillés en zombies dégueulasses sur un même plan. Et pourtant, ils sont tous très justes. C’est d’ailleurs tout le casting qui est assez très bon, plus particulièrement la charismatique Lupita Nyong’o (Black Panther, Star Wars Episode VII) qui offre une performance absolument géniale, à la fois physique, authentique, émotionnelle. Elle est la touche de douceur du film, avec ses chansons toutes mignonnes qu’elle ne cesse de chanter aux enfants afin de canaliser leur attention. Les personnages qu’ils interprètent amènent tous leurs lots de gags qui font mouche, avec un humour parfois trash et des scènes politiquement incorrectes. Sur ce dernier point, dommage que le film n’aille pas plus loin. On a certes des enfants zombies qui se font exploser la tête à coup de planche et même un zombie trisomique, mais pourtant le film reste un peu trop sage.
La dynamique comique utilisée est certes connue, le film dans son ensemble est attendu et un peu facile (on se doute très vite du sort de certains personnages), et on aurait aimé un meilleur développement du point de vue des jeunes enfants face à cette horreur qui les entoure, mais le réalisateur semble avoir eu envie de garder un côté « familial ». Et c’est difficile de résister à ce film de zombies tout mignon (le film hein, pas les zombies) qui en plus évite quasiment tous les tics et clichés inhérents au genre. D’autant plus que la mise en scène est dynamique, le film visuellement réussi et l’équilibre comédie / zombie parfait. Le final d’une naïveté pleine de poésie vient clôturer ce film qui aura eu sur moi l’effet d’une bien belle bouffée d’air frais.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le casting, excellent
♥ L’humour qui fonctionne
♥ Les personnages attachants
♥ Léger et frais
⊗ Ventre mou
⊗ Prévisible
Little Monsters est une bien jolie surprise qui apporte un peu de sang neuf au sous genre comédie avec des zombies qui, il faut l’avouer, commençait à être usé jusqu’à la moelle. La légèreté de l’ensemble et le message positif qu’il véhicule nous font sortir du film avec un gros smile sur le visage. Un très chouette feel good movie.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Au départ, les producteurs n’ont pas pu avoir les droits pour la chanson « Shake it Off » de Taylor Swift, très présente dans le film. C’est l’actrice principale Lupita Nyong’o, grande admiratrice de la chanteuse, qui a réussi à rentrer en contact avec elle et à la persuader en lui expliquant qu’elle était très importante pour l’histoire et le message qu’elle véhiculait. Lupita Nyong’o a pour le coup dû apprendre à la jouer du ukulélé.
• Le film est dédicacé au fils du réalisateur qui aurait inspiré certaines parties de l’histoire. Le petit garçon fait d’ailleurs une apparition dans le film, grimé en zombie.
• La scène où le personnage interprété par Josh Gad mord le nez d’un zombie a été proposée par l’acteur lui-même.
• Chris Bunton, Alexander England, Marshall Napier, Henry Nixon, Rahel Romahan et Josh Quong Tart jouaient déjà dans le film précédent d’Abe Forsythes, Downunder (2016).


Titre : Little Monsters
Année : 2019
Durée : 1h33
Origine : Australie / Angleterre / U.S.A
Genre : Feel Good Zombie
Réalisateur : Abe Forsythe
Scénario : Abe Forsythe

Acteurs : Alexander England, Lupita Nyong’o, Josh Gad, Kat Steward, Diesel La Torraca, Nadia Townsend, Marshall Napier, Glenn Hazeldine, Ava Caryofyllis

 Little Monsters (2019) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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