[Film] Leprechaun, de Mark Jones (1993)

Après avoir volé l’or d’un leprechaun en Irlande, Dan O’Grady retourne aux États-Unis. Cependant, la créature l’a suivi pour récupérer son bien, en vain. Dan l’a enterré près de sa maison. Plusieurs années plus tard, une famille composée d’un père et de sa fille emménage dans la maison. Lors de travaux, ils découvrent le trésor. Le leprechaun s’en prend alors à eux et a bien l’intention de récupérer ce qui lui appartient par tous les moyens


Avis de John Roch :
Après une carrière sur les plateaux de show télévisés, Mark Jones veut passer à la vitesse supérieur en passant à la réalisation. Tout d’abord à l‘écriture d’un script dans la veine de Critters, Mark Jones ne gardera seulement l’idée de la petite taille des antagonistes et va trouver l’inspiration ailleurs pour donner vie à Leprechaun. Ne pensez pas que le monsieur est partie fouiner dans les mythes et légendes pour y trouver une créature affreuse et méchante, car l’idée du farfadet démoniaque vient au futur metteur en scène en regardant des publicités pour les Lucky Charms, ces céréales au bon goût de chimique. Le scénario sous le bras, Il ne reste plus qu’à trouver un producteur et par chance Trimark, société de distribution et de production toute fraîche, cherche à mettre un peu d’argent dans un film d’horreur. Un peu moins d’un million de dollars vont être investis pour ce qui va devenir par la suite une saga qui comprend à ce jour huit films dans lesquels le Leprechaun va chercher son or, se dégoter une fiancée, aller à Las Vegas, dans l’espace, dans le ghetto, se faire rebooter puis requeler. Mais commençons par le commencement avec ce premier opus pas forcement désagréable, mais loin d’être transcendant.

Pour ceux qui l’ignorent, le Leprechaun est une créature de petite taille issue du Folklore Irlandais. Cordonnier de son état, il est surtout avide de pognon et passe son temps à compter ses pièces d’or qu’il garde dans son chaudron. Réputé insaisissable, si vous parvenez à l’attraper c’est le jackpot car il vous exhausse trois vœux en échange de sa libération. Sauf qu’ici, c’est son or qu’échange le Leprechaun au vieux O’Grady, et que le Leprechaun est un être maléfique et surtout cupide. Il suit donc celui qui l’a dépouillé jusqu’à sa ferme aux États-Unis mais échoue à récupérer son bien et finit enfermé dans une caisse en bois protégée par le pouvoir d’un trèfle à quatre feuilles. Avant d’en être libéré par inadvertance dix ans plus tard par les nouveaux habitants des lieux. Le scénario est classique et pose ses enjeux dès les premières minutes du métrage, pourtant Leprechaun va s’enliser dans plusieurs soucis d’ordre narratif et d’approche qui vont plomber le film. Les personnages tout d’abord, sont rapidement rendus intouchables : le beau gosse de héros, le gamin, le benêt trop attachant pour y passer, et cette héroïne certes campée par la mimi et débutante Jennifer Aniston, mais rapidement insupportable en femme de la ville qui critique la campagne, ce qui rend la première partie de Leprechaun aussi énervante que longue. De fait, Leprechaun en tant que film d’horreur ne procure aucun suspens et en devient fade, on n’est jamais inquiet du sort des protagonistes dont on devine qu’ils ne courent aucun danger et sont face à un Leprechaun plus farceur que tueur qui a plein de pouvoirs mais qui ne les utilise jamais au bon moment, le bodycount est par ailleurs du genre radin, en plus d’être des plus softs. De là à penser que le métrage a été pensé pour un public familial, il n’y a qu’un pas, d’autant plus qu’il est gorgé d’humour, tout du moins sur le papier.

Leprechaun mise énormément sur l’humour, mais là aussi il y a à redire. Si le film arrache quelques sourires, Mark Jones arrose quelques répliques qui font mouche d’un humour cartoonesque qui ne fonctionne pas. Alors oui, de voir le Leprechaun à bord d’un kart customisé, sur un tricycle ou même dans une chaise roulante à la poursuite de Jennifer Aniston, dans l’idée pourquoi pas. Dans l’exécution, c’est autre chose, on se retrouve devant des images accélérées qui donnent cet aspect cartoon qui ne fonctionne pas, quand certaines scènes sorties de nulle part sont complémentent inutiles, sans doute issues de réécritures et de reshoots nécessaires pour injecter le coté comique qui est arrivé au dernier moment. En témoigne la scène où le Leprechaun se retrouve sur des rollers qui s’intègre mal au reste du métrage. Pourtant quelques idées sont à souligner, comme de se servir de l’obsession qu’a la créature pour les chaussures, mais elles sont à peine esquissées. Reste à évoquer la star du métrage : le rôle titre. Et c’est bien ce qui donne tout l’intérêt à Leprechaun. Warwick Davis, qui tombe le costume d’Ewok pour le maquillage du boogeyman, a clairement été séduit par le personnage et s’en donne à cœur joie. Tout le film repose sur ses épaules et là, difficile de reprocher à l’acteur de ne pas parvenir à rendre Leprechaun agréable, notamment dans une deuxième partie rythmée où les situations, réussies ou non, s’enchaînent sans aucun temps mort. Dans sa globalité, Leprechaun n’est donc pas à proprement parler un bon film, pas assez drôle pour être une bonne comédie horrifique, pas assez horrifique pour être un bon film d’horreur, il possède pourtant un petit capital sympathie, en grande partie dû à l’énergie que Warwick Davis déploie dans son rôle qui rend le tout digeste. Longtemps associé à l’ascension fulgurante de Jennifer Aniston dès lors que la série Friends est devenue instantanément un phénomène de société, il n’empêche que Leprechaun premier du nom n’a pas attendu le succès de son actrice principale pour être un petit carton à son échelle en profitant de la mort cérébrale des boogeyman des années 80 qui étaient mal en point : Freddy, Michael et Chucky ont vu leurs pires épisodes sortir les années précédentes, et Jason part pour l’enfer en cette année 1993. Le Leprechaun arrive donc au bon moment et amasse près de neuf millions de Dollars, neuf fois sa mise donc et vous vous en doutez bien, dans le royaume du film d’horreur, cela ne reste pas sans suite. Quant au rôle de Jennifer Aniston dans le succès de la saga, je ne l’oublie pas car il est réel, mais ce sera pour la suite des aventures du Leprechaun.

LES PLUS LES MOINS
♥ Warwick Davis en Leprechaun
♥ Jennifer Aniston, toute mimi
♥ Parfois on sourit, c’est déjà ça
♥ Une seconde partie plaisante
⊗ Le coté cartoonesque qui ne fonctionne pas
⊗ Un bodycount loin d’être glorieux
⊗ Très (trop!) soft
⊗ Ça met son temps avant de vraiment démarrer
⊗ Un film fade
⊗ Au final, on a du mal à déterminer le public ciblé par le film
Leprechaun loupe le coche sur les deux genres qu’il aborde. Pas assez drôle pour être une bonne comédie horrifique, pas assez horrifique pour être un bon film d’horreur, il n’empêche que si le métrage est fade, il n’est pas désagréable et s’avère plutôt plaisant à suivre dans sa seconde moitié, en grande partie grâce à Warwick Davis qui s’investit dans le rôle titre.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Warwick Davis a réalisé la quasi totalité de ses cascades.
• Georges Lucas est crédité dans les remerciements du générique de fin. Warwick Davis était à l’époque sous contrat avec le réalisateur qui l’a laissé jouer dans le film.
• Warwick Davis a longtemps reproché à Jennifer Aniston de renier Leprechaun depuis le carton de Friends. Cette dernière s’est exprimée à ce sujet en disant qu’elle ne reniait pas le film, mais était gênée de parler de ses débuts.



Titre : Leprechaun
Année : 1993
Durée : 1h32
Origine : U.S.A
Genre : Lucky fucking charms
Réalisateur : Mark Jones
Scénario : Mark Jones

Acteurs : Warxick Davis, jennifer Aniston, Ken Olandt, Mark Holton, Robert Hy Gorman, Shay Duffin, John Sanderford

 Leprechaun (1993) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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