[Film] Le Sadique Baron Von Klaus, de Jess Franco (1962)


En Suisse, une malédiction ancestrale frappe la famille Von Klaus. Lorsque la baronne rend l’âme, elle laisse à son fils un terrible secret, et une clé menant à une cave secrète. En s’y rendant, le jeune baron découvre une salle de torture et un curieux livre. Dès lors, des jeunes femmes sont tuées dans la région…


Avis de Rick :
En 1962, alors qu’il a déjà presque 10 films derrière lui, Jess Franco livre deux films coup pour coup, deux films très importants au sein de sa carrière puisqu’ils vont en quelque sorte définir son style mais également ses obsessions. Il signe donc L’Horrible Docteur Orlof, film qu’il refera plus d’une fois, puis Le Sadique Baron Von Klaus. Une œuvre intéressante bien que parfois maladroite. Les deux métrages contiennent d’ailleurs Howard Vernon dans les rôles principaux, ceux du docteur Orlof et du baron Max Von Klaus. L’acteur deviendra par la suite l’acteur fétiche de Franco, et tournera plusieurs fois pour Jean Rollin, notamment donc son « fameux » Le Lac des Morts-Vivants. Le Sadique Baron Von Klaus est donc une œuvre importante dans l’œuvre de Franco, puisqu’elle dévoile plusieurs facettes du cinéaste, comme le côté sadique, avec cette cave transformée en salle de torture, faisant donc penser au Marquis de Sade, que Franco adaptera plus d’une fois. L’érotisme n’est pourtant pas présent ici (nous sommes en 1962) à l’exception d’une séquence. Oui, il y a un fossé entre ce film et les futurs films que Franco réalisera avec Lina Romay. Mais pourtant, oui, Le Sadique Baron Von Klaus, et en particulier une scène de ce film, sera la clé de toute l’œuvre de Jess Franco, le moment clé qu’il reproduira (ou cherchera à reproduire) plus d’une fois. À partir de là, Franco va d’ailleurs souvent délaisser ce que l’on pourrait appeler la narration classique dans certaines de ses œuvres pour laisser les sens parler et retrouver les sensations de cette scène en question.

Narratif ou pas, Le Sadique Baron Von Klaus ne comporte pourtant pas une histoire bien palpitante. De base du moins, puisque celle-ci est cousue de fil blanc, et qu’on en voit venir les grands éléments bien à l’avance. Mais pourtant, ça fonctionne, et ce dés cette ouverture étrange, où l’on verra quelqu’un jouer du piano, mais sans jamais apercevoir autre chose que ses bras, comme si Franco ne voulait en retenir à la fois que la mélodie et l’idée que celle-ci n’a besoin de personne pour exister. On ne rattache ses mains agiles à aucun personnage. Puis malgré quelques plans de la ville de Versailles, Franco place son intrigue en Suisse, dans un petit village, et multiplie les personnages comme pour préparer le terrain et multiplier les futurs suspects. Nous sommes dans un restaurant, nous faisons la connaissance du personnel (Lida, Margaret), des clients, d’un groupe de musicien, un journaliste. Franco pose les bases de son intrigue dés le début en révélant la légende du baron Von Klaus, non pas l’actuel, mais celui qui 500 ans auparavant fut maudit et disparut dans les marais entourant son château après avoir kidnappé une jeune femme de la région. Forcément, cette histoire n’est pas anodine, et le soir même, une femme est retrouvée, morte.

Le passé revient en quelque sorte hanter le présent, et à la manière de Mario Bava en Italie, Jess Franco stylise ses images et esthétise les scènes de meurtre. Il met en valeur ses décors, leur donne une allure pratiquement gothique, par moment presque expressionniste dans la manière de les filmer. Les influences semblent d’ailleurs nombreuses, puisqu’au bout d’une demi-heure, lorsqu’un personnage tentant de dormir sera réveillée par des sons étranges, le spectateur connaisseur pense immédiatement à La Maison du Diable de Robert Wise. Néanmoins loin de tous ces métrages, Franco ne parvient pas à surprendre dans son intrigue, relativement prévisible, et c’est dommage, car techniquement, il livre une belle copie. Les différentes influences, ainsi que ce qui deviendra la moelle du cinéma de Franco, semblent bien fusionner ensembles, et malgré un rythme lent, le spectateur se prend au jeu. De nombreux plans sont très travaillés et attirent l’œil, entre ambiance policière (l’enquête, les interrogatoires) et pur film d’horreur (les décors, les plans du tueur suivant ses victimes, les gros plans sur les armes blanches). Parmi les quelques erreurs du film, on pourra lui reprocher certains acteurs, qui ne semblent pas forcément à l’aise devant la caméra et n’aident pas à préserver le mystère trop longtemps. Mais le Sadique Baron Von Klaus contient suffisamment de scènes fortes et de plans magnifiques qu’on a envie de lui pardonner. Surtout, Franco malgré son scénario prévisible parvient à rendre sublime les 20 dernières minutes. Un bon cru donc !

LES PLUS LES MOINS
♥ Une jolie ambiance
♥ Le sérieux du métrage
♥ Des scènes réussies et importantes pour Franco
⊗ Très prévisible
⊗ Quelques acteurs peu à l’aise
Si Le Sadique Baron Von Klaus n’est pas parfait, il demeure une œuvre importante et un film réussi de la part de Franco.



Titre : Le Sadique Baron Von Klaus – La Mano de un Hombre Muerto
Année : 1962
Durée : 1h35
Origine : Espagne
Genre : Fantastique
Réalisateur : Jess Franco
Scénario : Jess Franco, Rene Sebille et Michel Luckin

Acteurs : Howard Vernon, Hugo Blanco, Gogo Rojo et Fernando Delgado

 Le sadique Baron Von Klaus (1962) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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