Votre fille sort avec un sale type ? Votre soeur s’est enlisée dans une relation passionnelle destructrice ? Aujourd’hui, il existe une solution radicale, elle s’appelle Alex. Son métier : briseur de couple professionnel. Sa méthode : la séduction. Sa mission : transformer n’importe quel petit ami en ex. Mais Alex a une éthique, il ne s’attaque qu’aux couples dont la femme est malheureuse. Alors pourquoi accepter de briser un couple épanoui de riches trentenaires qui se marie dans une semaine ?
Avis de Cherycok :
Assistant réalisateur ou réalisateur de seconde équipe sur des films tels que Léon, Le 5ème Élément, Jeanne d’Arc ou encore Les Visiteurs 2 dans les années 90, Pascal Chaumeil s’est tourné vers la télévision dès les années 2000. On lui doit notamment certains épisodes d’Avocats & Associés, Blague à Part, Engrenages ou encore bon nombre d’épisodes de la très chouette série Fais pas ci, Fais pas ça. C’est en 2010 qu’il revient sur le grand écran avec L’Arnacoeur. Ok, j’avoue que le titre ne fait pas forcément rêver et que se plonger 1h45 durant dans une énième comédie française, à tendance romantique qui plus est, ne donne pas forcément envie (sauf pour les amoureux du genre). Pourtant, lorsqu’elles sont bien faites, on peut passer un bon moment, la preuve avec des bobines telles que Ma Vie en l’Air, Libre et Assoupi, ou plus récemment Five. Nous pouvons désormais ajouter à cette liste non exhaustive L’Arnacoeur qui se démarque très rapidement de la concurrence en proposant des seconds rôles hilarants, des quiproquos savoureux et des moments hilarants.
L’idée de base du film est déjà des plus décalées : le métier de briseur de couple, afin que les femmes qui ne sont pas vraiment heureuses dans leur couple ouvrent les yeux et se rendent compte qu’elles ne sont pas avec l’homme qu’il leur faut. Cela peut paraître un peu stupide au départ tant on se dit que c’est improbable. Mais Pascal Chaumeil insuffle suffisamment d’énergie et de fun que L’Arnacoeur va rapidement devenir une bonne bouffée d’air frais. Et le casting y est pour beaucoup. Romain Duris, qu’on ne présente plus, a déjà montré toute l’étendue de son charisme dans, entre autres, les films de Klapish. Le jeune homme a une « gueule » et son pouvoir de séduction auprès de la gent féminine n’est plus à démontrer. Du coup, il est tout simplement parfait en tombeur de ses dames spécialisation « Briseur de couples ». Le choc des cultures entre son personnage, venant d’un milieu modeste, et celui de Vanessa Paradis, riche héritière, va dans un premier temps faire des étincelles, mais dans un second temps prendre une autre tournure. Mais ceux qui vont amener un très gros plus au film, c’est le duo François Damiens / Julie Ferrier. À l’origine de presque toutes les scènes comiques du film, leurs personnages deviennent rapidement indispensables au bon déroulement de l’histoire. Le couple qu’ils forment à l’écran est tout simplement hilarant et on se surprend à rire aux éclats tant le personnage de François Damiens, très maladroit, pas très discret et éternel ado jusque dans son accoutrement, se fait sans cesse recadrer par sa femme. Même les plus petits rôles valent leur pesant de cacahuètes : le papa qui aime sa fille mais qui cherche à détruire son mariage, l’homme de main mastodonte qui mange des noisettes avec la coquille, le futur mari, joué par Andrew Lincoln (Rick dans The Walking Dead), un peu trop parfait pour être vrai, ou encore la copine nympho un peu folle interprétée par une Héléna Noguera en totale roue libre.
Ce qui fait que L’Arnacoeur fonctionne à merveille, c’est qu’il navigue constamment entre comédie romantique, avec le duo Romain Duris / Vanessa Paradis et comédie pure et dure avec le couple François Damiens / Julie Ferrier. Les transitions entre l’un et l’autre des deux genres, même si au final assez proches l’un de l’autre, se fait sans aucun accroc. Pascal Chaumeil fait toujours attention à ne jamais tomber dans la lourdeur, et même si certaines situations peuvent sembler parfois un peu improbables, il y a assez de peps et de fun tout le long du film pour qu’on lui pardonne ces quelques écarts. Le rythme ne faiblit qu’à de très rares reprises, la mise en scène de Pascal Chaumeil est des plus efficaces et sert admirablement bien les péripéties de notre bande de joyeux lurons qui manquent de temps pour briser ce couple qui semble absolument parfait. Même ceux qui habituellement fuient les comédies françaises peuvent y trouver leur compte tant tout ce petit monde s’en donne à cœur joie et dégage une bonne humeur communicative. On se marre franchement. Que ce soit l’entrainement de romain Duris avec François pour apprendre par cœur la chorégraphie de Dirty Dancing, les 1001 rôles de Julie Ferrier à l’aise aussi bien en femme de ménage qu’un maitre-nageur, le faux plombier polonais sans papier et boiteux, l’assommage surprise à coup de théière, ou même les dialogues de manière générale, très bien écrits, il y a de quoi dérider les plus réfractaires. Le film a d’ailleurs été un succès en salles puisque ce sont pas moins de 3.7 millions de personnes qui se sont déplacées dans les salles obscures. Certes, ce n’est pas forcément un gage de qualité (souvenez-vous, Bienvenue chez les Ch’tis, 20 millions d’entrées). Mais lorsqu’une comédie française se targue de réunir un très bon casting et d’aligner de vraies scènes de comédies, bien moins franchouillardes qu’à l’accoutumée, il ne faut pas bouder son plaisir.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Très bon casting ♥ Bien rythmé et équilibré ♥ On rigole bien |
⊗ Le final un peu cul-cul ? |
A défaut d’être le film du siècle, L’Arnacoeur est une comédie française comme on aimerait en avoir plus souvent. Espérons qu’Un Petit Boulot, le nouveau film de Pascal Chaumeil avec également Romain Duris, soit au moins du même acabit. |
Titre : L’Arnacoeur
Année : 2010
Durée : 1h45
Origine : France / Monaco
Genre : Comédie
Réalisateur : Pascal Chaumeil
Scénario : Laurent Zeitoun, Jeremy Doner, Yoann Gromb
Acteurs : Romain Duris, Vanessa Paradis, François Damiens, Julie Ferrier, Héléna Noguerra, Andrew Lincoln, Jacques Franz, Amandine Dewasmes, Jean-Yves Lafesse, Jean-Marie Paris