[Film] Hocus Pocus, de Chin Yuet-Sang (1984)


Une troupe itinérante de l’opéra chinois voudrait voir partir l’un de ses acteurs impopulaires. Ses collègues décident de se déguiser en fantômes pour hanter sa maison et l’effrayer. Mais leur remue-ménage attire un spectre bien réel celui-là. Pour s’en débarrasser, il faudrait disposer les cendres du défunt dans un endroit adéquat pour qu’il puisse obtenir le repos éternel. Dans leur entreprise, ils se trompent de tombe et l’un d’entre-deux finira même par pisser sur une autre, libérant de ce fait un esprit cherchant à tout prix à se venger.


Avis de Postscriptom :
La kung fu ghost comedy est en genre qui doit tout ou presque à un seul homme : Sammo Hung, ce n’est donc pas une surprise si on le retrouve ici en tant que producteur et chorégraphe. Hocus Pocus, s’inscrit sans surprise dans le genre crée par ce bon vieux Sammo. Un peu trop même serais-je tenté de dire tant Chin Yuet-Sang reprend tous les ingrédients à la lettre sans ajouter sa petite touche personnelle. Casting martial dominé par un Lam Ching-Ying que l’on ne présente plus, fantômes farceurs, ambiance nocturne et personnages secondaires bêtes et méchants. La base.

Sur ce Chin Yuet-Sang greffe l’histoire d’une troupe de théâtre qui aime jouer à se faire peur le soir en racontant et en mettant en scène des histoires de fantômes plus folles et rocambolesques les unes que les autres. La troupe de théâtre permet au réalisateur de dépeindre toutes les coutumes propres au monde du spectacle chinois, les prières, offrandes, bénédictions monnaies courantes lors du début de chaque représentation ou de chaque tournage. Une bonne manière, pour ceux qui découvre ce cinéma, d’en apprendre un peu plus sur ces spécificités chinoises tout en s’amusant. Une fois de plus, on marche sur les traces du diptyque de l’Exorciste Chinois de Sammo Hung. Même si l’originalité n’est pas de mise, en même temps dans un genre aussi codifié que celui-ci il n’est pas évident d’innover, le film se laisse malgré tout suivre sans ennui, à condition de ne pas être réfractaire à la comédie grasse hongkongaise. C’est cette dernière qui va occuper la première partie du film qui se concentre sur les blagues potaches que la vedette de la pièce va faire subir à ses camarades de jeux, avec une prédilection pour le « fatsui » de la bande car, dans ce genre de film, on aime bien se moquer des plus faibles. D’ailleurs dans une autre scène, notre bande d’imbéciles ne trouvera rien de mieux à faire que de se moquer d’un handicapé avant que leurs blagues ne se retournent contre eux.

Alors pour la comédie c’est fait, passons maintenant au ghost. Le fantôme principal du film est un « gentil fantôme » un peu farceur et coquin mais foncièrement gentil spécialisé en poltergeist. Une fois de plus, ce personnage permet d’en apprendre un peu plus sur les coutumes chinoises liées à la mort et à la vie après celle-ci. Un homme mort se change en fantôme. Un homme bon deviendra un fantôme bon alors qu’un homme mauvais deviendra un mauvais fantôme, tout cela est somme toute assez logique. Un fantôme, s’il peut se rendre invisible aux yeux des vivants, peut aussi interagir avec eux, ce qui est utile pour préparer des mauvais coups. Notre gentil fantôme va venir semer la zizanie au sein du théâtre. Le look du fantôme est plutôt réussi et possède bien cet aspect sympathique qui le rend immédiatement attachant et rigolo. Il est assez présent et assure son quota de passages obligés du genre : possession, maison hantée, blagues et tout le toutim. A ce propos, les effets spéciaux sont eux aussi représentatifs de leur époque, comprenez masque en papier mâché et rayons lasers fluorescents, ce qui donne un certain cachet nostalgique au film. La déception de ce Hocus Pocus vient des combats. Au vu des talents engagés sur le film, Sammo à la chorégraphie et Lam Ching-Ying à l’exécution, on est en droit d’attendre plus d’affrontements et surtout plus de folie dans ceux-ci. Déjà qu’ils sont assez chiches alors si en plus ils ne sont pas délirants, ce n’est vraiment pas la panacée et c’est ce qui est dommage ici. Le réalisateur se concentrant plus sur la comédie et le fantastique, passant sans transition d’une scène de pantalonnade à une scène d’horreur pure que sur le kung fu et c’est bien dommage.

LES PLUS LES MOINS
♥ Les codes du genre sont là
♥ Le charme du kitch de l’époque
♥ L’humour qui fonctionne
⊗ Manque d’originalité
⊗ Des combats moyens
Avec plus de fights et de cascades mêlés aux scènes de comédie, Hocus Pocus aurait largement pu entrer au panthéon du genre. En l’état actuel, il se contentera du statut de sympathique série B artisanale et respectueuse, ce qui est malgré tout très honorable.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le réalisateur Chin Yuet-Sang, également acteur sur plus de 100 films et chorégraphe sur 18, semble apprécier la ghost kung fu comedy puisque sur les 5 films qu’il a réalisés, 4 font partie de ce sous-genre : Hocus Pocus, Crazy Spirit, The Spooky Family et Ghost Lover.



Titre : Hocus Pocus / 人嚇鬼
Année : 1984
Durée : 1h30
Origine : Hong Kong
Genre : Ghost Kung Fu Comedy
Réalisateur : Chin Yuet-Sang
Scénario : Au Bing-Naam

Acteurs : Stephen Tung, Law Ho-Kai, Lam Ching-Ying, Peter Chan Lung, Chin Yuet-Sang, Tai San, Lau Nga-Lai, Ka Lee, Chang Ching-Po, Ng Min-Kan, Yuen Miu

 Ren xia gui (1984) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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