[Film] Garuda, de Monthon Arayangkoon (2004)


Bangkok 2005. Pendant la construction du futur métro, la foreuse est arrêtée par une sorte de mur très dur. Aux alentours, des crânes de dinosaures sont même retrouvés. La jeune scientifique Lena et son ami Tim sont appelés sur les lieux, et se retrouvent face à un commando surarmé qui fait exploser le mur. Derrière, une grotte millénaire, et surtout un monstre qui se réveille et attaque le groupe petit à petit.


Avis de Cherycok :
Garuda : animal véhicule de Vishnu. Garuda est un animal fabuleux doté d’un corps humain, d’une tête de vautour, et muni d’ailes et de serres puissantes. Malgré l’importante dimension bouddhiste de cet animal, il ne faut pas la chercher dans le film éponyme, celui-ci se cantonnant à la forme de l’animal comme seul point commun. Car là où le Garuda de la mythologie symbolise les enseignements des védas, celui du film n’est qu’une énorme machine à tuer dont les origines scénaristes sont à chercher du côté des USA, plus précisément des Aliens.

En effet la première chose qui saute aux yeux lors du visionnage de Garuda est l’étrange similitude de l’histoire générale et même de quelques scènes. Laissez-moi vous dressez le topo général : un groupe de commandos surentraînés et complètement cramés, accompagnés d’une jeune scientifique, vont se retrouver confrontés, dans des tunnels sombres, à un animal insaisissable, rapide, silencieux qui prend un malin plaisir à les éliminer un par un. Franchement, cela ne vous rappelle rien ? Monthon Arayangkoon s’inspire sans vergogne de tous les points qui lui ont plu dans la quadralogie Alien, allant même jusqu’à reprendre point par point la fameuse scène où Ripley se retrouve acculée d’un alien la fixant dans les yeux. Quand en plus on sait que Garuda est un animal extrêmement intelligent qui apprend et attaque après avoir analysé la situation, la comparaison ne fait plus aucun doute. Il ne manque malheureusement que le seul point important qui faisait véritablement d’Alien un film d’exception : la peur et la tension ressentie par le spectateur.

Et c’est bien sur ce point que Garuda est un échec. A aucun moment l’ambiance n’arrive à installer un climat oppressant, et finalement la destinée des divers protagonistes n’inquiète que peu, point fort dommageable à l’intérêt final du film. Pourtant au regard de la qualité générale de la réalisation, on se dit qu’il ne manque pas grand-chose pour Garuda soit un film à l’intérêt plus que raisonnable. En effet bien qu’il ne puisse imposer un climat de tension, Monthon Arayangkoon maîtrise plutôt bien sa réalisation, très inspirée une fois de plus des modèles US des actionners purs et durs. Les plans et les lumières sont travaillés, les ralentis plutôt bien placés et utilisés, et les scènes d’action rythmées comme il se doit, bien qu’extrêmement courtes et éludées (j’ai adoré le duel dans le couloir, très classique mais immensément efficace) : comme on sait tous que le militaire lambda ne résistera pas, on en voit que la scène d’action mais pas sa conclusion évidente, une méthode plutôt bien pensée qui permet surtout de ne pas trop montrer le monstre lui-même.

Ce dernier est en fait rarement montré dans son intégralité, autant pour préserver le suspens que pour des raisons techniques évidentes : il est entièrement fait en 3D et intégré tant bien que mal au film. Mais là où la bande annonce du film laissait présager une intégration catastrophique, le rendu final n’est pas si mauvais que cela. Bien sûr, le monstre ailé se démarque facilement par sa texture trop fausse, mais ce n’est pas non plus un tas de pixel se baladant dans un décor réel. Alors pour éviter que les problèmes d’intégration ne se voient trop souvent, le réalisateur préfère cadrer sur une silhouette sombre, les serres et le plus souvent sur l’œil (un bien bel œil jaune qui ne reflète rien, mais qui fronce souvent du sourcil !). Face à ce monstre surpuissant, une galerie d’acteurs qui font, à l’inverse de beaucoup de films thai que j’ai vu, dans la sobriété totale. Leur jeu n’est bien sûr pas extraordinaire, mais leurs personnages semblent un minimum crédible. De plus, ceux composant le commando ont de bonnes têtes de tueurs, même si bien sur tout dans leurs postures et gestes reflète comme il se doit la cool attitude. Ils vont se coltiner une machine de combat, mais ça ne les empêche pas de porter leur arme sur l’épaule de façon désinvolte, une clope à la bouche.

Malheureusement, car il y en a un, deux acteurs viennent gâcher de façon hallucinante le déroulement du film. Je parle de Tim, l’ami de l’héroïne, joué par un étranger au jeu poussif, à contretemps, et qui semble gober des mouches tout le long, avec sa bouche ouverte dans ce qui doit être une façon de simuler l’étonnement face à ce qui se déroule sous ses yeux sans vie. Le second est typiquement le personnage courant des prods thai actuelles : un petit gros bavard, gaffeur, qui n’a rien à faire dans l’histoire si ce n’est gâcher le moment et l’action. Pile le genre d’apparition qui détruit en un instant seulement tout ce qui précède, et qui était de bonne facture. Ça fait vraiment mal à voir !

LES PLUS LES MOINS
♥ Réalisation maitrisée
♥ Scènes d’action rythmées
♥ Un jeu d’acteur étonnamment sobre
⊗ Pas de peur ni de tension
⊗ Les CGI en demi-teinte
Malgré ses défauts, Garuda reste cependant une production thaïlandaise qui se démarque avec un certain talent du reste des films locaux. Le film rempli extrêmement bien son rôle de blockbuster, et n’a pas à en rougir de honte face aux multiples films made in US du genre. Bien évidemment, tout cela reste perfectible, mais l’effort et la qualité sont louables. Ce pseudo Alien thaïlandais se laisse finalement voir avec plaisir, et c’est bien là le plus important.



Titre : Garuda / ปักษาวายุ
Année : 2004
Durée : 1h45
Origine : Thaïlande
Genre : Volatile dans Bangkok
Réalisateur : Monthon Arayangkoon
Scénario : Monthon Arayangkoon

Acteurs : Dan Fraser, Sara Legge, Sornram Theppitak, Ken Streutker, Peeya Wantayon, Chalad Na Songkla, Yani Tramod, Phairote Sangwaribut

 Garuda, le retour du Dieu prédateur (2004) on IMDb


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Auteur : yume

Un bon film doit comporter : sailor fuku, frange, grosses joues, tentacules, latex, culotte humide, et dépression. A partir de là, il n'hésite pas à mettre un 10/10. Membre fondateurs de deux clubs majeurs de la blogosphere fandom cinema asitique : « Le cinema coréen c’est nul » World Wide Association Corp (loi 1901) et le CADY (Club Anti Donnie Yen).
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