[Film] Gangs, de Lawrence Ah-Mon (1988)


Une bande de jeunes extorquent, volent, se battent contre d’autres gangs jusqu’au jour où une bagarre tourne au drame lorsque plusieurs personnes sont tuées. Recherchés par la police, les membres du gang survivant vont fuir chez la grand-mère d’un des membres. Sans ressource et plus aucun repaire, la situation va rapidement dégénérer.


Avis de Ryô Saeba :
Né en 1949 à Pretoria en Afrique du sud, Lawrence Ah Mon effectue ses études cinématographiques aux Etats Unis avant de revenir à Hong Kong. Il débute alors en tant qu’assistant réalisateur en 1979 sur le 1er long métrage de Tsui Hark : Butterfly Murders et poursuit sa carrière de réalisateur à la télévision où il travaille sur plusieurs série TV à succès tel que Islander. Ce n’est qu’en 1988 qu’il réalise Gangs, son 1er long métrage traitant de la jeunesse délinquante à Hong Kong. Mais le film est fortement censuré, en plus des coupes pures et simples au niveau visuel, les censeurs insistent également pour que certaines lignes de dialogues soient redoublées, clamant que le film encourage les adhérences aux gangs…

Et pourtant, c’est tout le contraire, on est ici devant le complet opposé d’un film de la série des Young and Dangerous. Filmé dans un style très réaliste proche du documentaire, Gangs est un film vraiment très noir et nihiliste qui ne fait aucune concession. Un an avant le School on Fire de Ringo Lam, Laurence Ah Mon nous plonge dans l’univers d’un groupe de jeunes désœuvrés et sans repaire, faisant partie indirectement des triades. Ce gang de jeunes qui rackettent les commerçants, volent et pillent les magasins, est dirigé par un homme un peu plus âgé en contact avec la triade Sun Hing, permettant d’avoir de la main d’œuvre jeune pour le futur sans pour autant avoir une quelconque relation avec eux en cas de dérapage.

Le casting est composé exclusivement d’inconnus qui sont pourtant convaincant dans leurs personnages d’adolescents perdus et sans avenir. Ces gamins sont complètement isolés : ils ont quitté l’école, n’ont plus de famille et sont souvent sans emploi. Ils sont livrés à eux même sans aucun autre adulte pour les guider qu’un jeune chef, ils ne font que penser et agir dans l’intérêt du groupe. C’est ainsi qu’un soir, lors d’une bagarre contre un autre gang où leur chef va perdre la vie, le gang va complètement exploser de l’intérieur et se retrouver sans repère ni canalisateur. A partir de ce moment on va assister à une véritable descente aux enfers de tous les protagonistes qui essaient de survivre tant bien que mal pour affronter seuls et sans jugements les difficultés de la vie. La violence est représentée de manière très crue et réaliste comme le reste du film. Les bagarres sont brutales et non chorégraphiés, dans le sens où on ne retrouve pas ici de kung fu ou héros de quelle sorte que ce soit. Pas de glorification mais juste un regard pessimiste sur une jeunesse à la dérive.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le style réaliste
♥ Casting convaincant
♥ Le regard sur la jeunesse
⊗ Déconseillé aux âmes sensibles
Au même titre que l’Enfer des Armes de Tsui Hark (version d’origine) mais sous un angle différent, Gangs est un film obscur et nihiliste nous montrant une jeunesse désespérée, sans avenir et terriblement efficace même s’il n’apporte pas véritablement de réponse aux problèmes. Tout simplement un film référence, aujourd’hui malheureusement oublié, qui a réussi l’exploit de tenir durant tout un mois dans les salles de Hong Kong lors de sa sortie. Douze ans plus tard en 2000, Laurence Ah Mon revisitera à nouveau le thème de la jeunesse Hongkongaise, mais cette fois du point de vue de 4 jeunes filles dans Spacked out.


Titre : Gangs / 童黨
Année : 1988
Durée : 1h28
Origine : Hong Kong
Genre : Triades / Gangs
Réalisateur : Lawrence Ah Mon
Scénario : Chan Man-Keung

Acteurs : Ricky Ho, Leung Sap-Yat, Ma Hin-Ting, Tse Wai-Kit, Tam San-San, Wong Chung-Chun, Tam Kin-Shing, Lau Chi-Daat, Yung Ngai, Lui Tat, Mantic Yiu

 Tung dong (1988) on IMDb


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Auteur : Ryo Saeba

C’est véritablement Shaolin Soccer qui déclencha un élan de passion à partir duquel il se lança dans la vision de films sous titrés anglais. Et là ce fut le bonheur, il avait devant lui tout un pan du cinéma à découvrir, des genres propres au cinéma de Hong Kong comme le kung fu old school, les girls with guns ou encore le Wu Xia Pian...
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