[Film] Fall, de Scott Mann (2022)


Deux meilleures amies, Becky et Hunter, dont la vie consiste à repousser les limites et leurs peurs, veulent relever un nouveau défi : escalader une tour de télécommunication désaffectée de plus de 600 mètres de haut. Mais lors de leur escalade, malgré leur expertise en la matière, les deux femmes se retrouvent coincées dans la tour et contraintes d’y survivre sans ressource, sous un soleil cuisant.


Avis de Cherycok :
Des personnages coincés quelque part (un labyrinthe, une barque, une cage au fond de l’eau, des souterrains, …), avec un élément extérieur bien tangible comme danger principal (animal, monstre, pièges, …), on a déjà vu ça des dizaines et dizaines de fois. Mais un film avec deux jeunes filles coincées au sommet d’une tour de plus de 600m de hauteur, avec pour seul danger le vide, le vent et la chaleur, ça n’a à ma connaissance jamais été fait. J’étais donc curieux et, pour tout vous avouer, je suis sorti de Fall avec un avis plutôt positif, avec cette sensation d’avoir vu une petite série B certes pas exceptionnelle mais néanmoins agréable. Mais plus j’ai repensé au film pour écrire ce texte, plus je me suis rendu compte des incohérences voire de la stupidité de certains moments, de certaines idées. Et pour être entièrement sincère avec vous, je me suis regardé la bande annonce trois fois d’affilée avant de me lancer dans l’écriture, et à chaque fois je voyais un nouvel élément venant perturber mon impression initiale.

Scott Mann n’est certes pas le réalisateur le plus connu du monde, mais il a néanmoins à son actif quelques films sympathiques à défaut d’être mémorables tels que Final Score (2018) avec Pierce Brosnan et Dave Bautista, Bus 657 (2015) avec Robert De Niro et Jeffrey Dean Morgan, ou encore The Tournement (2009) avec Robert Carlyle et Ving Rhames. Dans Fall, avec ses 3M$US de budget, il va entre autres mettre le doigt sur les réseaux sociaux et les courses aux followers et aux likes qui poussent les gens à faire des trucs de plus en plus dangereux, de plus en plus cons. Pour cela, il va entrainer deux personnages en haut d’une des plus hautes constructions des États-Unis, une ancienne tour radio de 625 mètres inspirée par la KXTV/KOVR Tower à Walnut Grove, en Californie. Le challenge que cela représente, la recherche du sensationnel pour faire plaisir à ses followers, l’envie de faire tourner la page à une amie avec un challenge hors du commun, … et voilà nos deux donzelles en train de grimper dans des hauteurs stratosphériques pour le plaisir du spectateur acrophobe. Pour reprendre la définition de Wikipédia, l’acrophobie désigne une phobie spécifique qui se caractérise par une peur panique du vide et des hauteurs, sans lien rationnel avec le danger en présence. Si le film réussit quelque chose haut la main, c’est cette peur du vide qui est très bien retranscrite. Même lorsqu’on n’a pas spécialement le vertige, on a le cœur qui palpite et on a vraiment l’impression d’être en l’air avec les personnages grâce à une mise en scène très maline. Scott Mann joue avec ses personnages mais aussi avec les spectateurs et toute l’ascension de cette tour et les premiers instants où elles arrivent au sommet sont très tendus. Bien entendu, personne n’a escaladé de tour de 625 mètres pour les besoins du film, mais les actrices ont été en partie choisies pour leur capacités sportives car une tour de 32 mètres aurait à priori été construite pour limiter au maximum les CGI et les actrices auraient elles-mêmes assuré toutes leurs cascades. C’est vrai que visuellement, ça a de la gueule, avec des plans sublimes où on voit à perte de vue, un soleil pesant renforçant le côté suffocant du film et accentuant encore plus la tension. Du moins la tension de la première moitié du film car on perd par la suite pas mal d’intérêt.

Les échanges que les deux personnages ont une fois qu’elles sont au sommet perdent très vite en intérêt. Les dialogues ne sont pas très intéressants, parfois puériles, pas très bien écrits, et font perdre pas mal de crédibilité aux personnages tant on se rend vite compte qu’ils accumulent pas mal de clichés, devenant même insupportables lorsque leur relation vire au drama de bas étage. Ce n’était ni naturel, ni utile. Dommage car Grace Caroline Currey et Virginia Gardner s’en sortent plutôt bien en termes de jeu. Mais alors que, de prime abord, on se dit qu’elles ont des réactions plutôt logiques, alléluia, on se rend compte après réflexion que c’est un peu n’importe quoi ce qu’il se passe dans Fall. A quel moment tu te dis, surtout en tant que pratiquant confirmé de ce genre de pratique, que tu vas escalader une tour de 625m de haut, fragilisée par la rouille, en converse, sans gant, et sans trousse de secours pour soigner d’éventuels bobos ? Toute personne normalement constituée devant ce genre de défi aurait au moins prévenu quelqu’un, au cas où il y ait un problème non ? Ça ne leur a même pas traversé l’esprit. Pourquoi, au lieu de laisser tomber le téléphone pour essayer d’envoyer un message, en espérant qu’il y ait plus de réseau au niveau du sol, ne l’ont-elles pas attaché au drone qu’elles avaient amené ? Pourquoi ne pas s’attacher au pilier central avec la corde afin de dormir tranquille plutôt que de galérer comme des couilles ? Ah, et pour information, les vautours sont des charognards, et comme ce mot l’indique, ils attaquent des charognes, mortes, pourrissantes, ils ne se jettent pas sur des êtres vivants ou en tout cas très rarement. Et on pourrait continuer un moment comme ça et les puristes de l’escalade risquent de pester comme pas possible devant la mauvaise utilisation du matériel. C’est fort dommage car le réalisateur arrive, avec un seul décor, à ne pas être redondant, en essayant de changer les points de vue afin de ne pas donner cette impression d’immobilisme. De nombreux plans nous donnent des sueurs froides et il y a des chances que plus l’écran sur lequel vous regarderez le film sera grand, plus cette peur du vide vous agrippera.

LES PLUS LES MOINS
♥ La tension de l’ascension
♥ Visuellement réussi
♥ Bien mis en scène
⊗ Des personnages au final énervants
⊗ Beaucoup d’incohérences
⊗ Un peu trop long

Fall souffle le chaud et le froid. La tension qu’arrive à instaurer le film et qui fera frémir les spectateurs les plus sujets au vertige se retrouve parasitée par des incohérences à la pelle qui gâchent un peu l’ensemble. Néanmoins, Fall se regarde sans déplaisir.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Les dialogues originaux du film, qui comprenaient plus de 30 « fuck », ont été doublés pour en faire un film PG-13 une fois que Lionsgate a acquis les droits du film. Cette opération a été réalisée à l’aide d’un système de doublage automatique qui modifie les mouvements de la bouche à l’écran.

• À 00:37:19 dans le film, Becky tombe dans le vide après que l’échelle rouillée et sans boulons se soit effondrée. C’est cette scène qui a été utilisée pour la création de l’affiche officielle du film. Pourtant, l’affiche montre que c’est Hunter qui tombe dans le vide lorsque l’échelle s’effondre.

• Une fois la production terminée, Lionsgate Films a acquis les droits de distribution du film sans garantie minimale pour les producteurs. Après avoir obtenu de bons résultats lors des projections tests, Lionsgate a décidé de le sortir en salles.



Titre : Fall
Année : 2022
Durée : 1h42
Origine : U.S.A
Genre : Acrophobia
Réalisateur : Scott Mann
Scénario : Scott Mann, Jonathan Frank

Acteurs : Grace Caroline Currey, Virginia Gardner, Mason Gooding, Jeffrey Dean Morgan, Jasper Cole, Darrell Dennis, Bamm Ericsen, Julia Pace Mitchell, Envie Mann

 Fall (2022) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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