[Film] Edge of Darkness, de Fung Hak-On (1988)


Ah Kai est un flic infiltré au sein de la mafia. Son supérieur, l’inspecteur Wong est un joueur invétéré et doit une grosse somme d’argent à des gangsters. Pour rembourser, il n’aura d’autres choix, que de vendre son âme au diable…


Avis de Eric Draven :
Voici encore un de ces polars secs et violents produits à la pelle après le triomphe du « Syndicat du Crime » à la fin des années 80. Je dois dire une chose : je ne m’en lasserai jamais, surtout lorsqu’ils sont de la qualité de ce « Edge of Darkness ». Ce genre de films est vraiment à part dans la production cinématographique mondiale car ils sont U.N.I.Q.U.E.S. Cette ambiance lourde et pesante, ce côté noir et pessimiste, ces cascades de fous furieux, toute cette alchimie constitue les bases de ce qu’était le polar de Hong-Kong durant l’Age d’or.

Le sujet est une nouvelle fois sur les flics infiltrés, un thème déjà mille fois vu dans les polars HK. Dans cette catégorie de films, pour vous faire une idée, « Edge of Darkness » se situe malheureusement en dessous du chef d’œuvre du genre, « City on Fire », mais largement en dessus de films plus obscurs comme « No Way Back » (polar passable avec Max Mok et Danny Lee). A noter que le scénario, très réaliste, est écrit par Philip Chan, une des figures emblématiques du polar de Hong-Kong. Même s’il n’est pas d’une originalité renversante, il s’attache néanmoins à décrire avec minutie et précision les personnages ainsi que leurs motivations : Chin Siu-Ho est tiraillé entre sa loyauté pour son patron et la mission qui consiste à l’arrêter, Alex Man n’aura d’autre choix que de vendre sa source en échange d’une somme argent pour rembourser sa dette. Encore cette idée que l’on retrouve dans beaucoup de polars de l’ex-colonie britannique : le destin que l’on ne peut contrôler, que la vie ne tient qu’à un fil et que l’argent dirige tout. Le côté noir et pessimiste développé par Philip Chan est en outre assez réussi.

Les acteurs sont excellents et participent grandement à la réussite du film. Alex Man hérite du rôle le plus intéressant, un flic pris entre deux feux, tiraillé entre le bien et le mal. Les diverses émotions par lequel passe le personnage sont très bien retranscrites. La scène de la tentative de suicide dans la chambre des enfants est assez impressionnante. Pour une fois, nous pouvons relever un jeu sobre de sa part (il n’est jamais meilleur que dans ces moments-là, regardez par exemple « Hong-Kong 1941 » ou encore « Rouge » pour vous en convaincre) jusqu’au pétage de plomb final. Chin Siu-Ho est également très bon dans son rôle de flic infiltré. Ses problèmes de famille, sa souffrance, ses angoisses d’être découvert comme taupe par les gangsters, sont parfaitement assimilés par le spectateur qui est intéressé et passionné par le sort des personnages de bout en bout. Il faut également relever la galerie de « gueules » reconnaissables qui apporte un plus indéniable au film. En vrac, on a : William Ho, Lo Lieh, Fung Hak-Hon, Wilson Tong, John Shing, Mai Kei, Ronald Wong, Chan Ging, Lau Fong-Sai, Chan Chuen, Chu To, Huang Ha, Tanny Tien, Lee Chiu … A noter que Kenny Ho fait une apparition dans le rôle d’un flic et que le parrain de la mafia est joué par Lo Wei, réalisateur et producteur des premiers Jackie Chan et qui a eu son heure de gloire dans les années 70, avec Bruce Lee notamment. Il est dommage que le personnage de John Shum ne serve pas à grand-chose dans le récit. De plus, il n’est pas très crédible dans le rôle d’un flic (surtout lorsqu’il tient un flingue). Il amène un côté comique pas très bien venu dans le film. Si le réalisateur l’avait enlevé du film, ça n’aurait sûrement pas été un mal…

Parlons maintenant des scènes d’action. Même si elles ne sont pas très nombreuses, elles sont ultra efficaces. Rappelez-vous le final de « Godfather’s Daughter Mafia Blues », vous aurez une excellente idée de ce que donne ce film. Funk Hak-On à la réalisation ou à la chorégraphie, en général, ça donne quelque chose de bourrin et efficace (on peut le comparer à Johnny Wang pour vous faire une idée). Fusillades ultra violentes et réalistes, réalisation sèche, cascades très dangereuses, voir mortelles certaines fois (on voit tout de même qu’ils utilisent parfois des mannequins, ça rassure sur l’état mental des gars quand même…), montage très rapide sont tous les ingrédients de ces scènes qui sont des modèles du genre. J’irai même jusqu’à dire que le final est filmé comme une véritable guérilla urbaine. Je le redis une nouvelle fois, ces scènes d’action sont réellement impressionnantes !!! Un petit mot sur l’aspect technique du film qui est encore supérieur aux standards du genre. La photographie du film est signée Michael Ma. Ce dernier arrive à donner au film une ambiance très intéressante (je pense beaucoup à « Jugatsu » pour le début dans les herbes hautes, ou encore cette manière de filmer Hong Kong comme une ville sale et glauque). L’esthétique est très travaillée et soignée. La musique participe également beaucoup à cette ambiance propre au film et transcende parfois les émotions des personnages. Certains thèmes à la flûte et à la guitare sont en outre très beaux… De ce côté-là, du tout bon !

LES PLUS LES MOINS
♥ Des scènes d’action dantesques
♥ Alex Man tout en sobriété
♥ Bonne mise en scène
♥ Très bon score
⊗ John Shum…
Note :
Une nouvelle fois encore, un polar immanquable à découvrir. Dommage que le sujet ait déjà été traité un nombre incalculable de fois, mais toutes les qualités que je vous ai énoncé font de ce Edge of Darkness un incontournable à découvrir (et à trouver). Bonne chasse aux trésors en tout cas !!!



Titre : Edge of Darkness
Année : 1988
Durée : 1h40
Origine : Hong Kong
Genre : Polar
Réalisateur : Fung Hak-On
Scénario : Phillip Chan

Acteurs : Alex Man, John Shum, Chin Siu-Ho, Ida Chan, Lo Lieh, William Ho, Fung Hak-On, Lam Hak-Ming, Mai Kei, John Ching Tung, Wilson Tong, Chan Ging

 Haam ging bin yuen (1988) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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