[Film] Dragon Cop (1991)


John Travis était flic autrefois. Aujourd’hui, dans un monde livré à la barbarie d’une meute de mutants sanguinaires, il lutte pour survivre, une survie compromise lorsqu’il porte secours à une fugitive traquée, protectrice d’une tribu d’enfants sauvages. Dès lors, John Travis, seul, entre en guerre contre les Loups de l’Apocalypse commandés par un tyran organisateur de jeux macabres dans une arène.


Avis de Paganizer :
Le genre post-apocalyptique, initié principalement par l’incontournable Mad Max de George Miller, a connu son heure de gloire essentiellement dans les belles 80’s et s’illustre encore régulièrement dans les productions actuelles. Ce cinéma, sous-genre de la S.F, qui dépeint des univers ravagés et désolés suite à un cataclysme planétaire, où la vie est revenue à une forme d’état sauvage basique et où les hommes ont retrouvé une sorte d’état primitif les obligeant à lutter et à se battre pour survivre, dans un monde hostile et peuplé de barbares et d’assassins formant généralement des clans… Un monde où règne la loi du plus fort et où les ressources naturelles sont redevenues les plus grandes richesses. De nombreux réalisateurs se sont aventurés dans ce cinéma avec plus ou moins de bonheur et de réussite. Certains films du genre sont en effet des œuvres solides et sont devenus des références ou des classiques (la saga Mad Max, Apocalypse 2024, La Planète des Singes, La Route…) là où d’autres se sont contentés de suivre ou de copier leurs modèles, faisant souvent sombrer leurs films dans la catégorie navet. Mais une chose est sûre, le genre post-apo a aussi offert aux amateurs et connaisseurs (dont votre serviteur) un grand nombre de nanars particulièrement goûtus et savoureux pour certains (Les Guerriers du Bronx et Les Nouveaux Barbares de Castellari, Steel Frontier, Hardware, Barb Wire, Beowulf avec « Nanar » Lambert…) et qui sont autant de trésors pour l’amateur averti de mauvais films sympathiques ! Et ici chers amis cinéphiles, je vais vous parler de Dragon Cop, une œuvre que je considère justement comme une véritable perle du genre, un film particulièrement chatoyant, un pur nanar post-apo baignant dans son jus et fleurant bon le petit budget avec lequel on a cherché à faire le maximum pour envoyer du pâté !

Et John Travis (Ron Marchini) quand il envoie du pâté, il ne fait pas semblant ! Déjà, le monsieur est ici producteur, scénariste et vedette de ce film, entièrement dédié à sa propre gloire, et où il retrouve le rôle de flic solitaire qu’il occupait déjà dans « Omega Cop » de Paul Kyriazi (1990). Et il faut dire que comparé à d’autres, Ron Marchini bouffe littéralement l’écran, et ce dès les premières minutes du film ! Ah ben oui ! Ron, ce n’est pas le genre à attendre dans un coin, en fumant une clope, que la première demi-heure du film soit écoulée avant d’intervenir ! C’est son film après tout ! Et comme c’est lui le boss, il se comporte en boss !
Dernier flic sur Terre tentant de survivre tant bien que mal au milieu du bordel ambiant, John Travis est un warrior ! Et quand deux jeunes donzelles fugitives se retrouvent traquées par une horde de loqueteux dépenaillés façon « Jacquouille la Fripouille », son sang ne fait qu’un tour et il vole à leur secours ! Euh…enfin non…il ne pourra en secourir qu’une, l’autre ayant courageusement décidé de se livrer à la meute de pouilleux hystériques en guise d’appât ! (Ah, c’est beau le sens du sacrifice !). Et dès son entrée en scène, le John nous la joue grand seigneur ! Apparaissant dans des volutes de fumée, avec lumière bleutée en contre-jour, ne laissant voir que son athlétique silhouette sous le regard ébahi de la donzelle survivante, il va botter le cul des vilains-méchants-pas beaux à grands coups de mandales, high-kicks dans ta face et coups de pompes dans les valseuses, et les exploser à lui tout seul en deux temps trois mouvements ! Faut pas lui baver sur les rouleaux au père Travis !

Tout de noir vêtu, avec sa belle casquette portant l’inscription « Special Police », il a fière allure notre John ! (Malgré, il faut le dire, une petite ressemblance assez troublante avec un certain F. Bayrou ! Si si, regardez bien !). La fugitive survivante, après avoir chaudement remercié son héros, l’emmène dans son squat où elle veille sur une bande de jeunes orphelins qui essaient de survivre malgré les habituelles hordes de margoulins et autres maraudeurs vénères et ultra-violents qui hantent tout bon post-apo. Et dans ce squatt se trouve une espèce d’engin futuriste, une machine de téléportation mystérieuse, mais inutilisable parce qu’il manque bien sûr une pièce essentielle au fonctionnement du bousin ! Une espèce de cristal de pouvoir machin-chose qui a été brisé ! (Ah ben c’est ballot ça ! Zut alors !) Mais le John, il lui en faut plus pour se décourager ! (Ben oui, je le répète, le John c’est un dur, un vrai, à qui on ne la fait pas ! Suivez un peu ! …). Et il décide donc de se mettre en quête d’un autre cristal bidule machin-chouette pour permettre d’utiliser la machine qui pourra sauver la petite communauté en la téléportant loin de la fange et de la lie, loin de ce monde de barbares qui font rien qu’à être méchants !
Mais c’est sans compter sur Lincoln, le puissant chef du plus odieux gang de la ville qui est au parfum du plan de John et des gentils, et qui va tout faire pour les empêcher de mener leur mission à bien et récupérer lui-même le fameux cristal-truc ! Alors, en parlant de Lincoln, on en vient à un gros morceau dans ce film ! En effet, le méchant chef de gang est à lui seul un des plus gros atouts nanars du métrage ! Sorte de croisement improbable entre Luc Besson, l’acteur porno Ron Jeremy et Grosquick (la bedonnante mascotte d’une célèbre poudre chocolatée instantanée), et arborant une moutonnante mulette blonde peroxydée du plus bel effet et un bouc de Biker poivre et sel, Lincoln est un véritable poème vivant ! Un teigneux qui adore chercher des noises (enfin surtout quand il peut se cacher derrière ses sbires décérébrés ou son « Champion », géant au visage brûlé et balafré, portant un casque de samouraï et évoquant autant Michael Berryman que « Cinoque » des Goonies !).

Bref, Lincoln est un bad guy bien sadique, adipeux et d’une vulgarité à toute épreuve qui fera couler des larmes de bonheur sur les joues de tout bon nanardeur ! Toujours accompagné de pouffes en chaleur aux allures de primates, il passe son temps à bramer et à s’esclaffer grassement en matant des bastons de gladiateurs dans son arène perso où son Champion (qui fera moins le malin quand il croisera Travis) cogne comme un sourd sur des moustachus gras-du-bide et sado-masos tout de cuir vêtus !
Le comédien D.W. Ladingham a visiblement pris un pied monstrueux (et communicatif) à interpréter ce grand méchant d’anthologie en n’hésitant pas à en faire des tonnes et en cabotinant comme un malade pour notre plus grand plaisir ! Et que dire de ses sbires bien demeurés ! (Car tout grand méchant qui se respecte se doit d’avoir sa bande de sbires débiles tous dévoués à la cause de leur vénéré maître !). Et bien sûr, tout grand méchant se doit d’avoir son bras droit, son second… Et le second de Lincoln, c’est Snaker, avec sa tronche de reptilien mal dégrossi qui envoie lui aussi du très lourd en matière de cabotinage, et fait donc monter la côte nanar de l’œuvre en flèche ! (Son maquillage low-cost vaut le coup d’œil !). Sadique et couard, c’est un spécialiste du léchage de pompes n’hésitant pas à ramper comme une larve aux pieds de son boss après chaque défaite ! (« Pardon boss, je vous jure que je ferai mieux la prochaine fois… je les tuerai tous ! ») Son potentiel nanar est d’ailleurs boosté par le doubleur français qui l’interprète avec une outrance hautement jouissive !
Sinon, au rayon joyeusetés nanardes, citons également la salo… euh… la copine du ventripotent Lincoln qui passe le plus clair de son temps à se contorsionner de manière vulgaire et outrancière, à minauder comme une drag-queen sous cocaïne et à s’agripper au bras de son mec comme un morpion à un poil pubien ! Un vrai festival qui fait encore monter le curseur nanar ! Oui vraiment, ce film nous offre une galerie de personnages particulièrement gratinés et hauts en couleurs qui resteront à jamais gravés dans la mémoire des nanardeurs !

Sinon, en termes visuels, « Dragon Cop » offre le strict minimum… Deux pâtés de maisons en ruines, quelques rues, trois hangars sombres et désaffectés… une apocalypse bien chiche quoi ! Pour ce qui est des acteurs secondaires et des figurants, c’est du basique et on a droit aux habituels costumes à base de fringues dégueulasses et bouffées par les mites, et aux maquillages bien kitch ! Bref du classique pour du post-apo low-budget..
En fait, si un jour le futur devait ressembler à ça, on se payerait de sacrées bonnes poilades ! Musicalement parlant, le film fait dans le simple… Musique d’ambiance au synthé qui s’énerve un peu par moment, mais ça reste classique. Niveau mise en scène, Alan Roberts (metteur en scène de petits films érotiques soft) propose du basique (mais suffisamment efficace pour ce genre de production) sans éclat particulier, en dehors de cadrages resserrés sur les personnages, ce qui cache un peu la pauvreté des décors alentours. Il shoote l’ensemble sans temps-mort et offre à son métrage un rythme plutôt soutenu… poursuites, guet-apens, bastons, cascades et distributions de mandales se succèdent et ça fait plaisir ! On ne s’ennuie pas ! Un très bon point donc !

Le film se suit avec un vrai plaisir pour le spectateur averti (ou bien disposé) et le mérite en revient en grande partie à Ron Marchini qui, sans être un grand acteur, se montre motivé, fort efficace et crédible dans les scènes d’action, avec son air désabusé en mode « Héros sans peur qui a tout vu et tout vécu ! » (Hé oui, on est le dernier flic sur Terre ou on ne l’est pas !). Ron tatane fort, Ron tatane sec, et il n’est pas là pour rigoler ou pour nous donner la recette de la tarte aux quetsches ! Il fait son boulot dans les règles, même lorsqu’il affronte des sbires parmi les plus improbables et hilarants du film, qui se promènent littéralement déguisés en joueurs de Football Américain ! (grosse poilade garantie lorsqu’ils apparaissent pour la première fois à l’écran !) En tout cas, quand Ron Marchini est dans la place, tout y passe, et tout trépasse !
Notons également l’apparition dans le film de David Carradine en patron désabusé d’une auberge crasseuse ! Un tout petit rôle, presque un clin d’œil, mais comme on dit, il faut bien payer ses impôts ! Et dans son auberge se trouve la strip-teaseuse la moins classe du monde ! (Il faut voir l’actrice essayer « d’avoir l’air », mais qui n’a pas l’air du tout, pour le croire !!) En bref, Dragon Cop/Karaté Cop nous offre du très lourd un peu à tous les niveaux : Décors succincts et limités, situations débiles ou hilarantes (ou les deux à la fois !), cabotinage d’acteurs à tous les étages (surtout les méchants, vraiment truculents !), doublages français aux petits oignons, scènes de tatane un peu foutraques mais efficaces et nerveuses… Une fort appétissante gourmandise pour les amateurs ! Ajoutons le héros sans peur, des maquillages grotesques, des sbires ridicules et accoutrés comme au carnaval, du rythme, des rebondissements, quelques explosions…la régalade quoi !

 

LES PLUS LES MOINS
♥ Ron Marchini !!
♥ Des méchants d’anthologie
♥ Les doublages français
♥ Qu’est-ce qu’on se marre !
⊗ Budget ultra limité
⊗ Une apocalypse un peu chiche !
Note :
Note nanar :
Action et science-fiction à la sauce post-apo, cocktail explosif offrant moult empoignades musclées… Bref il y a vraiment de quoi s’amuser sans complexe devant cette Madmaxerie sans-le-sou, mais rondement menée et diablement efficace ! Un pur nanar post-apo de haut vol à déguster al-dente !



Titre : Dragon Cop / Karaté Cop
Année : 1991
Durée : 1h30
Origine : U.S.A
Genre : Tatane post-apo
Réalisateur : Alan Roberts
Scénario : Ron Marchini

Acteurs : Ron Marchini, David Carradine, Carrie Chambers, Michael Bristow, D.W. Ladingham, Michael Foley, Dana Bentley, Dax Nicholas, David Carradine

 Karate Cop (1991) on IMDb


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Auteur : Paganizer

Cinéphage boulimique, fan de cinéma authentique avec une appétence particulière pour les pellicules différentes voire singulières. A tendance à fuir le cinéma fast-food grand public trop formaté. Également doté d'un penchant naturel pour les mauvais films sympathiques et les nanars décomplexés et fendards.
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