[Film] Creatures From The Abyss, de Alvaro Passeri (1994)

Mike, Margaret et leurs amis Bobby, Dorothy et Julie partent en croisière sur un zodiac. Malheureusement, Bobby oublie d’apporter de l’essence supplémentaire et le groupe d’amis se retrouvent échoué en pleine mer. Par chance, ils découvrent au milieu de nul part un yacht luxueux flottant, vide de toute présence humaine… Les jeunes gens décident d’embarquer dans ce yacht pour s’y mettre à l’abri…


Avis de John Roch :
Creatures From the Abyss, connu aussi sous le nom de Plankton, au départ ça ne faisait pas partie de mes plans. Je suis tombé sur une image de ce film complètement par hasard en cherchant des pépites Z obscures. Une vision de la bande annonce m’a mis l’eau à la bouche et Creatures from the Abyss est passé en tête sur ma liste de zederies pelliculées à voir. Puis après avoir chopé la bête et regardé quelques petits bouts, une évidence, que dis-je une illumination , m’a fait dire à voix haute (car parler tout seul est signe d’esprit sain) « putain John, t’en tiens un bon là ». Vous vous en doutez puisque vous êtes sur cette chronique, j’ai regardé la chose et je ne regrette pas d’avoir une nouvelle fois ruiné 1h25 de ma vie devant un film aussi peu recommandable, qui à l’air de sortir de l’âge d’or du Bis Rital fauché des années 80 mais qui est daté, aussi incroyable que ça en à l’air, à 1994. Creatures from the Abyss est réalisé par Alvaro Passeri, qui a bossé sur les effets spéciaux de 2072 les Mercenaires du Futur, Les Bêtes Féroces Attaquent, Alien : la Créature des Abysses ou encore Tentacules. Au casting, on retrouve que des inconnus qui n’ont que ce film à leur actif, mais aussi Deran Safarian, qui parlera aux amateurs de Bis Rital puisqu’il était dans le Zombie 3 de 30% Lucio Fulci et de Bruno Mattei pour le reste, mais qui est passé par la suite réalisateur sur tout un tas de séries mais aussi de Coup pour Coup avec Van Damme ou encore Terminal Velocity avec Charlie Sheen. Sa carrière de cinéaste étant lancée depuis un moment avant que Creature from the Abyss ne se tourne, la question est la suivante : qu’est ce qu’il fout là ? On ne le saura probablement jamais. Creature of the Abyss a pour héros cinq amis, cinq abrutis qui partent  faire une balade dans l’océan sur un petit bateau avec moteur sans rien, pas de sac, pas de papier, pas de crackers, même pas une petite bouteille d’eau alors que le cagnard à l’air de bien taper. Pire encore, en faisant les cons ils oublient la seule chose qu’ils avaient prévu : un bidon d’essence à moitié rempli. En 2 minutes chrono, toute crédibilité d’un script qui n’a même pas démarré est déjà flingué, et ça ne s’arrange pas après un générique sous forme de plans nocturnes de Miami bien que le film ne s’y passe pas, mais pourquoi pas après tout, puisque notre groupe d’abrutis de héros sont paumés au milieu de l’océan. Après avoir vu un cadavre dans la flotte, ils embarquent sur un bateau d’études océanographiques vide de tout équipage, mais rempli de poissons étranges, pendant que quelque chose les observe de si près que nos abrutis de héros ne semblent pas y prêter la moindre attention. Pas vraiment troublés de se retrouver sur un bateau sans vie dans lequel il y a un laboratoire rempli de poissons bizarres qui ont des petits bras, une pince de crabe à la place d’une nageoire ou encore une tête d’oiseau sur le corps, nos abrutis de héros préfèrent squatter l’étage inférieur du rafiot qui ressemble à un mix entre un loft de télé-réalité et un baisodrome (c’est un peu pareil en y réfléchissant), pour faire la fête avec la gnôle et la bouffe qui est sur place.

Bon et les créatures des abysses elle arrivent quand ? Il faudra encore patienter, le temps que nos abrutis de héros découvrent un scientifique qui ne sert à rien, qui s’exprime comme Taz des Looney Tunes et qui se planque derrière un escalier tout au long de ce qu’il reste du film car voyez vous, il ne se passe rien pendant une bonne heure. Une première heure rude, qui aura raison d’une bonne partie des curieux qui auront lancé Creatures From the Abyss, bien qu’elle réserve son lot de choses improbables sur lesquelles je reviendrai plus bas. Mais une fois que ça se décide à démarrer, ça ne s’arrête plus, et donc nos abrutis de héros vont se faire agresser par un poisson mutant qu’ils réussissent à tuer. Pas con, du moins c’est le moins con de tous, la preuve il fait avancer le scénario avec des monologues improbables, le moins abruti des abrutis de héros saccage le laboratoire pour que le film se finisse. Manque de bol, ou plutôt avec joie, ça ne s’arrête pas là, et la vérité éclate enfin. Attention, accrochez vous : les poissons mutants sont en fait des poissons péchés dans les abysses qui ont bouffé du plancton rendu radioactif par des déchets toxiques, ces planctons ont été transformés en cellules cancéreuses sous forme poudre blanche et font muter tout ce qui l’ingurgite, et encore mieux la croissance s’accélère quand l’hôte est excité sexuellement, bon une morsure de poisson mutant ça marche aussi, mais visiblement ça ne suffisait pas. Et nos abrutis de héros sont déjà presque tous contaminés ! À partir de la, Creatures From the Abyss va complètement partir en vrille, et enchaîner des scènes improbables et gores : celle qui a mangé du poisson contaminé va vomir des petites bête, flaque de vomi qui devient un élément du décor puisque personne ne la nettoie, avant qu’un poisson mutant géant ne lui sorte de la nuque comme un génie sort de sa lampe ; une autre va se suicider en se tirant un harpon direct dans les yeux, une autre va accoucher de bébés poissons mutants en se tartinant d’œufs de lump l’entre-jambe et le clou du spectacle, c’est ce gars qui se transforme en homme-poisson-pieuvre queutard en plein coït. Parler de gore permet d’entrer dans le vif du sujet, soit tout ce qui cloche dans Creatures From the Abyss, ce qui en fait un film jouissif et nanardesque, commençons donc par les effets spéciaux.

Passé un gore plutôt réussi, le reste est un mélange d’animatronique, de stop motion, de rajouts et d’animations graphiques par ordinateur, le film réussit vaguement sur le premier point, les deux autres étant complètement foirés, en particulier dans un final aux explosions qui font parties des plus mal incrustées vues sur un écran. Coté acteurs, on est dans du jeu de haute compétition, de l’inexpressivité dans les moments calmes jusqu’au surjeu complet lorsqu’il faut faire semblant d’avoir peur, ou de mourir dans d’atroces souffrances. Ça gueule dans tous les sens, ça fait des grimaces pas possibles, et le redoublage Anglais en rajoute une couche, car en plus d’avoir collé des voix qui ne correspondent pas aux personnages, la synchro labiale est à la rue, et par instant c’est quand les lèvres bougent que rien n’en sort, et que ça parle alors qu’ils ont la bouche fermée. Mais ce qui est incroyable dans Creatures From the Abyss, c’est son scénario dans son intégralité. Déjà bien atteint par une histoire tout sauf crédible, le réalisateur amène des idées qui, en plus d’être pour le moins farfelues, sont carrément inutiles. On retrouve donc une sorte d’horloge parlante d’une laideur sans nom qui donne l’heure à chaque fois que quelqu’un passe devant, et vu le nombre de décors limités, ça veut dire tout le temps, une IA défaillante dans la salle de bain qui explique qu’il faut se laver les mains après s’être torché le cul, ou encore une statue au phallus géant qui s’illumine dès qu’on l’astique, car en fait c’est une lampe. Le reste du script n’est pas plus glorieux, les personnages sont à peine esquissés, et encore ça ne concerne que les mecs, le premier est le pas si con sus-mentionné qui a fait un peu de biologie, l’autre est un fêtard queutard, quant au demoiselles, elles sont présentes uniquement pour livrer des plans nichons, bien que niveau bonnet on soit plus proche de la limande que de Daryl Hannah dans Splash. Et que dire de ces dialogues qui n’ont ni queue ni tête, des explications scientifiques incompréhensibles aux discussions qui passent du coq à l’âne sans raison (monsieur explique la menace qui se trouve sur le bateau, madame lui répond qu’elle espère qu’il lui a acheté un cadeau d’anniversaire de rencontre) en passant par des questions existentielles (les demoiselles qui se demandent si une paire de chaussure que l’une d’elles tient en mains appartenait au cadavre qu’elles ont vu dans la flotte). Au niveau de la mise en scène, c’est comme pour la déco du bateau, Alvaro Passeri tente des trucs et tant pis si ça marche ou pas. Des faux plans séquences où la caméra tourne autour d’un personnage qui se transforme au raccords improbables qu’il ne se donne même pas la peine de cacher, aux choix de plans étranges, en passant par un montage qui met à rude épreuve les yeux et le cerveau avec des enchaînements d’images quasi subliminales, parfois même dans une scène qui pourtant n’en a pas besoin, on hésite à qualifier la réalisation de ratée ou d’expérimentale, le plus beau étant la vue subjective ou un œil de poisson a été superposé à l’image en post prod, du grand art. Creatures From the Abyss est un film tellement raté qu’il en devient fascinant, les amateurs de zederie se réjouiront, les amateurs de nanars jubileront, les autres fuiront.

LES PLUS LES MOINS
♥ Une réalisation et un montage aux frontières de l’expérimental
♥ Un scénario qui part dans tout les sens
♥ Des idées rigolotes
♥ Des décors inspirés
♥ Des effets spéciaux de folie
♥ C’est court
♥ Des acteurs en roue libre, au redoublage hilarant
♥ C’est gore
⊗ Une réalisation et un montage qui mettent les yeux et le cerveau à rude épreuve
⊗ Un scénario qui ne veut absolument rien dire
⊗ Des idées bizarres et inutiles
⊗ Des décors qui hésitent entre un salon de l’ immobilier new age et un salon de l’ érotisme
⊗ Des effets spéciaux très spéciaux
⊗ Ça met du temps à démarrer
⊗ Des acteurs très mauvais

Note :

Note j’ai honte de rien :

Sorte de rejeton tardif du Bis Italien, Creature From the Abyss est une pépite trop méconnue, une découverte qui devrait sans problème avoir sa place dans la vidéothèque des amateurs de Z et de nanars.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Il a fallu 40 prises pour que la scène de transformation pendant le coït soit satisfaisante.



Titre : Creatures from the abyss / Plankton
Année : 1994
Durée : 1h26
Origine : Italie
Genre : Fish ‘n’ tits
Réalisateur : Alvaro Passeri
Scénario : Richard Bauman

Acteurs : Clay Rogers, Michael Bon, Laura di Palma, Ann Wolf, Darian Sarafian, Sharon Martino

 Plankton (1994) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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