[Film] Breaking Surface, de Joachim Hedén (2020)

Une plongée hivernale sur la côte norvégienne se transforme en cauchemar pour deux sœurs, lorsque l’une se retrouve bloquée au fond par un éboulement rocheux.


Avis de Rick :
L’Europe de l’Est est plutôt douée en ce qui concerne le cinéma d’ambiance, que ce soit dans la science fiction (Sputnik pour la Russie), l’horreur (Morse pour la Suède) ou le film catastrophe (The Wave et sa suite The Quake pour la Norvège). Alors quand un nouveau film catastrophe avec deux sœurs qui se retrouvent bloquées dans les fonds marins sort, et qu’il s’agît d’une co-production entre la Suède, la Norvège et la Belgique, le film avait le potentiel de me plaire. En tout cas, de m’intéresser au plus haut point. Et en quelques instants, on est en terrain connu. Des plans sur de splendides paysages, une photographie aussi sublime que glaciale, une musique douce comme le cinéma de ces pays là nous a habitué, et que n’aurait pas renié David Julyan (The Descent, Insomnia), un concept aussi simple qu’efficace, et une économie de moyens à l’écran pour viser l’efficacité avant tout. Pas besoin de cinquantaine de personnages, ou d’événements toujours plus gros pour faire monter le suspense. Deux sœurs et leur mère malade suffit, et un seul événement perturbateur auquel quelques autres petits viendront se greffer pour faire durer le suspense pendant 1h22, et c’est dans la poche. Dans les faits, Breaking Surface a donc tout pour plaire à l’amateur du genre, lui donner sa petite dose de suspense, surtout qu’avec sa courte durée, 1h22 au compteur, Breaking Surface a des atouts. Il n’a donc pas besoin de 50 retournements de situations pour maintenir le spectateur éveillé déjà, et donc, pas besoin de verser dans la surenchère qui lui ferait perdre son côté réaliste. Sauf que Breaking Surface se plante sur un élément très important de ce genre de films, à savoir, rendre ses deux protagonistes suffisamment intéressants pour que le spectateur puisse les apprécier, et donc, s’investir dans leurs malheurs.

Et pour ce genre de films, c’est très important, surtout quand le film veut rester réaliste et non jouer sur le spectaculaire. Ida et sa sœur Tuva ici sont malheureusement peu attachantes, l’une passant la première partie du métrage à crier sur sa sœur, et l’autre se faisant passer pour une victime car ayant toujours été mise à l’écart par leur mère. On a donc dans les faits un schémas plutôt classique, au niveau familial, et on se doute que ce qu’il va leur arriver va être là pour permettre aux sœurs de solidifier leurs liens. En soit, les deux actrices, Moa Gammel et Madeleine Martin jouent très bien. Mais les rôles ne sont pas hyper convaincants. Car une fois la situation initiale lancée, c’est à dire que les deux sœurs partent faire de la plongée (quelle idée de partir faire de la plongée en Suède, en plein hiver), et que Tuva se retrouve bloquée sous un rocher après un éboulement (qui menaçait depuis le début du film, mais rien n’arrête des sœurs déterminées), les personnages ne vont pas forcément s’améliorer. Tuva est bloquée tout le long du film ou presque et n’a donc pas grand-chose à faire techniquement si ce n’est tenir moralement et physiquement le coup. Ida par contre va devoir tout faire pour sauver sa sœur d’une mort certaine. Et on ne peut pas dire qu’elle soit la plus douée du monde. Car forcément, si rien ne doit se passer comme prévu sinon le film s’arrêterait au bout de seulement une demi-heure, elle fait parfois des choix qui pourraient en faire crier plus d’un. Le moment où elle doit récupérer un cric dans le coffre de la voiture, arrivant assez tôt dans le métrage, m’aura par exemple exaspéré. On se doute certes que rien ne se passera comme prévu, mais par moment, Ida semble avoir deux mains gauches, et du coup les situations semblent s’étirer, en plus d’être finalement prévisibles.

Et c’est dommage, car Breaking Surface a sans doute été fait avec le plus grand des sérieux. La mise en scène est solide, tout comme la photographie, qui nous gratifie par exemple de très beaux plans sous l’eau. Visuellement c’est très beau, et le montage n’en fait jamais des tonnes, privilégiant ce qu’il se passe dans les plans plutôt que de créer l’urgence par un découpage artificiel, et c’est tout à l’honneur du film également. C’est surtout au niveau du scénario, mince comme toujours dans le genre mais qui a beaucoup de défauts qui nous empêchent de nous investir dans l’aventure proposée. Tout était là. Les fonds marins, un suspense entretenu sur la durée, des situations réalistes, mais l’écriture des personnages et des situations laisse trop souvent à désirer. Tuva doit absolument tout expliquer à sa sœur, comme pour être certain que le spectateur comprenne lui aussi Du coup, ça se regarde clairement, notamment pour ses qualités techniques, sa courte durée et donc son rythme, mais on a vu bien plus palpitant dans le genre encore récemment, avec requin (47 Meters Down) ou sans (le petit film passé inaperçu Pressure). Breaking Surface prouve bien que maitriser son suspense et sa mise en scène, c’est important, mais que rendre ces personnages attachants dans un film à suspense, encore plus dans un lieu unique, même si extérieur, c’est encore plus important.

LES PLUS LES MOINS
♥ Soigné visuellement
♥ Les décors de la Suède
♥ Court et rythmé
⊗ Des personnages peu sympathiques
⊗ Des situations parfois laborieuses
⊗ Rien de nouveau
note2
Breaking Surface est un énième film à suspense se déroulant sous l’eau. Il a des atouts, mais souffre de défauts dans son écriture qui en font finalement un film tout juste regardable.



Titre : Breaking Surface

Année : 2020
Durée :
1h22
Origine :
Suède / Norvège / Belgique
Genre :
Suspense
Réalisation : 
Joachim Hedén
Scénario : 
Joachim Hedén
Avec :
Moa Gammel, Madeleine Martin, Trine Wiggen et Jitse Jonathan Buitnik

 Breaking Surface (2020) on IMDb


Galerie d’images :

0 0 votes
Article Rating

Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments