Ancien gangster, Lam vit maintenant une vie simple, ordinaire, avec des petits boulots manuels, vivant avec sa femme Hanh et sa belle-fille Hien. Alors que Hien tente de trouver un travail, elle se fait kidnapper. Lam va partir à sa recherche.
Avis de Rick :
Jusque-là, le cinéma d’action made in Vietnam ne m’avait pas forcément convaincu. Furie et Furies sur Netflix, ce n’était pas grandiose par exemple. Loin de là. Mais bon, je suis comme ça moi, j’aime donner une seconde ou troisième chance, en espérant que cette fois-ci, ce soit la bonne. Après tout, techniquement, un bon film d’action, ça ne demande pas un scénario en béton (il suffit de voir The Raid), mais juste un bon chorégraphe, de bons artistes martiaux si ça se tape, et un réalisateur qui sait un minimum quoi faire avec sa caméra (ou un réalisateur de seconde équipe habitué à filmer l’action). Je me suis donc tourné sur ce Bad Blood, et scénaristiquement, on ne va pas se mentir, Dan Trong Tran, qui réalise également la bête, n’a pas été chercher bien loin. En gros, c’est Taken, mais au Vietnam. Un homme au passé trouble, qui essaye de mener une vie normale, mais tout dérape le jour où sa fille, enfin, belle-fille se fait kidnapper par des méchants très méchants qui comptent bien vendre la demoiselle. Et hop, ça réveille l’instinct du beau-père qui va aller péter des dents. 1h40 à peine au compteur, le réalisateur a juste intérêt à savoir gérer son rythme et sa mise en scène, et bien entendu ses scènes d’action pour rendre le tout intéressant, et même, allez savoir, surpasser son modèle. Chose tout à fait possible lorsque l’on repense à Taken 3, et Liam Neeson qui escalade un grillage pendant 5 secondes, le tout avec non pas un, ni deux, ni trois, ni dix, mais 17 plans différents. Et Bad Blood, en effet, grâce notamment à son action, bien qu’imparfaite, parvient à faire passer la pilule et à se montrer hyper divertissant. Déjà, ça commence d’entrée de jeu, pas de temps pour réfléchir, le métrage nous offre d’office une longue scène d’action en guise d’ouverture.
Avec plusieurs petits combats, de suite. Un contre dix, un contre trois, un contre un. Bref, le film veut montrer dès le départ qu’il en a sous le capot. Et il en a. Même s’il faudra assez rapidement se faire à l’idée que lors des combats, les giclées de sang seront numériques, et donc pas très naturelles à l’écran, ni très belles. Du coup, dès que ça s’empare d’une arme blanche, il faut être préparé à ça. Même si, grâce à un certain dynamisme dans la mise en scène, on finit par s’y faire. Car ce que le métrage nous montre bien dès son ouverture, c’est que niveau action, on va être à la fois très loin des meilleurs représentants du genre, que cela soit HK ou Indonésien, mais également très loin des pires représentants du genre, à coup de montage épileptique. En fait, à l’écran, on a l’impression de voir un réalisateur qui tenterait de se rapprocher d’un côté d’un The Raid (steadycam, plans souvent longs), et de l’autre du cinéma de Matthew Vaugh (une caméra fluide suivant les actions, donnant un côté ultra dynamique). Je ne sais pas si c’était l’intention, mais à l’écran, c’est le ressenti que j’en ai eu. Et ça fonctionne plutôt pas mal du tout. Car passé cette ouverture, si le film va bien évidemment alors prendre le temps développer un minimum ses personnages et son scénario, posant alors sa caméra, ce n’est jamais ennuyeux. Les acteurs sont convaincants pour la plupart, le tout ne traine pas en longueur, il y a ce côté dépaysant que l’on ressent toujours en explorant un cinéma que l’on n’a pas forcément l’habitude de voir. Et puis lorsque tout dérape, enfin, le film peut alors se lâcher. Premier bon point, il sait se diversifier. Non pas dans ses enjeux, simples au possible, mais dans sa représentation de l’action.
Aucun combat ne ressemblera aux autres, ils essayent tous de jouer sur quelque chose de différent. Celui ouvrant le film par exemple fait, dans un sens, plus penser à la belle époque du cinéma HK (un temple, de nuit, des sabres). Par la suite, on aura des combats plus classiques (un contre cinq, à mains nues), dans un sauna par exemple, ou dans des rues de nuit, du un contre un, et même quelques touches d’originalité, comme ce combat dans un musée, qui joue alors sur ses décors, la lumière, sur les éléments présents dans les différentes pièces, et cela apporte un plus indéniable. Même si tout n’est pas parfait, ce combat sera pourtant celui qui sortira du lot et celui dont on se souviendra après coup. Et il y a ce long final, attendu évidemment, où papa Lam doit sauver Hien, et où tout le monde va se foutre sur la gueule, sous la pluie, sur un bateau… nous faisant, l’espace de quelques minutes, penser à ce que The Expendables 4 aurait pu être si l’intégralité du budget n’était pas partie dans le salaire des acteurs. Car là aussi, ce n’est pas parfait, surtout avec autant de figurants à l’écran, mais ça reste généreux, ça tape plus que cela ne parle, et ça délivre du coup exactement ce que l’on attendait. En ce sens, Bad Blood est bien une bonne pioche dans le cinéma d’action. Et en évitant au maximum (sauf pour le sang hein…) les CGI, il évite aussi certains défauts que l’on trouvait la même année dans Furies (sa poursuite en moto m’aura traumatisé). C’est simple, direct, ça va à l’essentiel, et c’est tout ce qui compte.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ De l’action assez variée ♥ Court et allant à l’essentiel ♥ Mise en scène dynamique |
⊗ Juste Taken transposé au Vietnam ⊗ Le sang numérique |
Bad Blood n’invente rien, que ce soit dans son scénario déjà vu où sa mise en scène qui semble souvent s’inspirer de ce qui se fait ailleurs. Heureusement, Bad Blood est court, généreux, souvent bien fait, et évite du coup de tomber dans les gros pièges du genre (trop plein d’émotions ratées, montage au hachoir). Un bon petit moment. |
Titre : Bad Blood – Kẻ Ẩn Danh
Année : 2023
Durée : 1h39
Origine : Vietnam
Genre : Action
Réalisation : Dan Trong Tran
Scénario : Dan Trong Tran
Avec : Kiều Minh Tuấn, Mạc Văn Khoa, Quốc Trường et Nguyễn Mạnh Lân
Galerie d’images :