Chandu gravite les échelons au sein de la Company, groupe mafieux dirigé d’une main de fer par Mallick. Suite à un malentendu, les deux hommes se livrent une guerre par l’intermédiaires de leurs hommes de mains respectifs.
Avis de Laurent :
Après de longues années d’apprentissage dans le cinéma régional (telugu pour ne pas le citer), Ram Gopal Varma prend d’assaut la capitale cinématographique indienne. Bombay, qui a le monopole de la romance, des paillettes et du too much, voit alors débarquer un réalisateur en totale rupture. Il faudra attendre Satya en 1998 pour prendre la mesure du talent de Varma (son premier succès critique) et surtout Company en 2002 qui lui apporta enfin un succès commercial.
La recette est simple, après avoir minimisé les codes fondamentaux du cinéma indien (romance, chansons, mélange des genres), Varma se lance dans une série de polars (production et direction) tournés à l’hongkongaise. Son style est proche d’un Johnny To avec une maîtrise du cadre exceptionnelle, des seconds rôles aux petits oignons et une mise en scène alternant sans complexe poses frimeuses et action un peu plus instinctives. Dans sa filmographie impressionnante, Company fait partie des films qui se démarquent par leur qualité. Company est un polar référence dans l’industrie indienne et même mondiale. Chandu (Vivek Oberoi) intègre un groupe mafieux dirigé d’une main de fer par Mallick (Ajay Devgan). Gravissant petit à petit la hiérarchie, il devient son bras droit et se voit confier une bonne partie des affaires de ce qui est appelé par les journaux La Company. Mais les deux hommes vont avoir des points de vue divergents sur les méthodes. Effectivement Mallick est du genre impulsif et violent. Traqué comme une bête à la suite d’une tragique mésentente, Chandu se réfugie à Nairobi avec quelques hommes de main.
On suit donc avec un plaisir nostalgique de la belle époque hongkongaise la montée en puissance d’un gang mafieux avec tous les thèmes importants d’un bon polar hardboiled : trahisons, tortures, gunfights, femmes fatales … C’est violent, brut de décoffrage et très bien mis en scène malgré une réalisation un poil trop pompeuse. Les scènes d’anthologie s’enchaînent à un rythme effréné entrecoupées de temps en temps par des scènes de romance qui tiennent parfaitement la route. Effectivement, les rôles féminins sont consistants et accentuent le côté dramatique de l’ensemble. Bien que de courte durée pour un film indien, on regrettera une petite baisse de régime qui a tout de même le mérite de poser correctement les nombreux personnages ainsi que les enjeux qui les relient entre eux. Tantôt posé, tantôt énergique (la chasse à l’homme à Nairobi est d’une efficacité rare), Company tient tout de même le spectateur sous pression dans cette sanglante lutte d’influence tournée façon semi documentaire assumé. L’interprétation est de haute tenue avec un Ajay Devgan qui confirme et surtout un Vivek Oberoi qui se révèle. Cast d’ailleurs justement récompensé aux oscars indiens. Enfin, l’ambiance sonore orchestrée par Sandeep Chowta est rythmée par des sonorités électro qui renforcent un climax déjà largement immersif.
| LES PLUS | LES MOINS |
| ♥ Les personnages ♥ Maitrise du cadre ♥ Brut de décoffrage ♥ Des scènes d’anthologie |
⊗ … |
 |
|
| Vous l’aurez compris, Company fait partie des films qui vont marquer la décennie 2000, film auquel il faut impérativement jeter un œil pour ne pas avoir une vision trop restrictive du cinéma de Mumbai. Ram Gopal Varma est décidément un très grand ! | |
Titre : Company
Année : 2002
Durée : 2h35
Origine : Inde
Genre : Polar
Réalisateur : Ram Gopal Varma
Scénario : Jaideep Sahni
Acteurs : Ajay Devgan, Manisha Koirala, Vivek Oberoi, Seema Biswas, Antara Mali, Akash Khurana, Mohanlal, Isha Koppikar, Rajpal Yadav, Shabbir Masani
