[Film] Alpha, de Albert Hughes (2018)


En Europe, il y a 20 000 ans, durant le Paléolithique supérieur, un jeune homme part braver une nature dangereuse et inhospitalière afin de retrouver le chemin de son village après que sa tribu l’ait abandonné, le croyant mort, au cours d’une chasse au bisons ayant mal tourné.


Avis de Cherycok :
Ah les fêtes de fin d’année, les décorations, les repas à répétition, et les soirées en famille, avec les enfants, devant un film susceptible de plaire à tout le monde. De plaire surtout aux petits, car il serait mal placé de leur montrer le dernier film d’horreur à la mode ou le dernier nanar avec un requin à 6 têtes. Nous avions expérimenté l’an dernier les trois premiers volets de la saga Spy Kids de Robert Rodriguez. Le succès auprès de nos chères têtes blondes avait été au rendez-vous, plus particulièrement le 3ème épisode (le plus immonde de tous pour nos yeux d’adultes). Nous avons donc retenté l’expérience cette année, en essayant de trouver un film qui abimera moins que le troisième opus dégueulasse des enfants espions de Bebert. J’ai donc proposé Alpha, dont nous avions vu la bande annonce quelques mois avant dans une salle de cinéma alors que nous allions nous infliger le 3ème Hotel Transylvania (oui, les enfants, c’est plein de choses à voir que tu n’as pas forcément envie de voir). L’histoire d’un homme et d’un loup, en l’an -20000. Et comme ils aiment bien cette période de l’histoire, voilà qui pouvait coller parfaitement !

Réalisé par un des frères à l’origine des films Menace II Society (1993), From Hell (2001) ou encore le Livre d’Eli (2010), à savoir Albert Hughes, Alpha va nous compter en gros l’histoire de la première domestication du loup, ancêtre de nos chiens domestiques d’aujourd’hui. On va suivre Keda, jeune homme d’une tribu qui vient d’être fait chasseur par ses pairs. Alors qu’il accompagne pour la première fois les chasseurs de sa tribu qui partent chasser le bison afin de faire le plein de nourriture pour passer l’hiver tranquille, la partie de chasse tourne mal. Il se fait renverser par un bison et tombe d’une falaise. Sa tribu le croit mort et le laisse là après avoir érigé une sépulture de fortune en son honneur. Lorsque ce dernier se réveille, blessé à la jambe, il s’aperçoit qu’il est désormais seul, au milieu de nulle part, au milieu de la nature hostile. Alors qu’il cherche un abri, il se fait attaquer par une meute de loups. Il arrive à s’en dépêtrer après avoir blessé l’un d’eux. Il n’arrive pas à l’achever, pris de remord pour la pauvre bête qui ne cherchait au départ qu’à se nourrir, et décide de le mettre à l’abri avec lui afin de le soigner. Perdus au fond de leur grotte, leur rétablissement commun va les rapprocher, tout en essayant de garder ce rapport de force afin de prouver au loup que c’est Keda qui commande. Que c’est lui le mâle alpha. Il va leur falloir s’apprivoiser, mais aussi survivre, jusqu’au moment où il faudra essayer de retrouver son village et braver le froid de l’hiver.
Un peu à la manière de Croc-Blanc, Alpha est une histoire d’amitié entre un homme et un loup. Une histoire d’amitié couplé à une histoire de survie. Mais n’y voyez en rien ici de la survie façon The Revenant avec Di Caprio, nous sommes presque dans l’exact opposé. Je rappelle que nous sommes dans un film familial, qui aurait (presque) pu sortir des Studios Disney, un film donc très axé pour un jeune public.

Alpha est donc un film sympathique qui peut se voir en famille. Évitez malgré tous les enfants trop jeunes (déconseillé au moins de 7/8 ans) car certaines scènes pourraient s’avérer un peu dures pour eux puisque le film traite de sujets tels que l’abandon d’un proche, la chasse d’animaux pour se nourrir, et donc la survie et ce que cela peut impliquer de blessures. Oui, cette période de l’histoire de l’homme a un côté assez cruel. Peu d’hémoglobine à signaler si ce n’est quelques gouttes au coin d’une bouche par moments. Le film porte quelques thèmes forts comme l’amitié, où le fait de compter sur les autres (là en l’occurrence un loup) mais qui dit film pour enfants dit film extrêmement prévisible et rempli de scène faisant preuve d’une grande niaiserie. Les scènes de complicité entre le jeune héros et le loup tombent souvent dans le gnangnan et n’importe quel adulte normalement constitué saura prédire ce qu’il va se passer dans la scène suivante. Les enfants eux resteront plutôt scotchés à l’écran, passionnés par l’histoire qui leur est racontée. C’est sans doute aussi pour ça que les scénaristes n’ont pas dû s’embêter avec certains détails. Il n’y avait pas d’arcs en -20000 puisque les arcs les plus anciens retrouvés datent d’environ -15000. Les vêtements que les protagonistes arborent sont également beaucoup trop évolués pour l’époque (il n’y a qu’à voir les coutures ou leurs chaussures). Passons les dentitions parfaites car ça c’est un problème pour bon nombre de films ne se déroulant pas à notre époque. Les incohérences sont nombreuses mais, une fois de plus, pas pour les enfants qui ne s’attardent pas sur ce genre de détail. Les adultes eux risquent parfois de tiquer.

En termes de réalisation, Alpha est visuellement joli. Même si tous les SFX ne sont pas réussis (les bisons de la première scène par exemple, certains décors), le rendu à l’image est des plus corrects grâce à une superbe photographie. On passe des montagnes aux plaines escarpées en passant par des steppes enneigées et des forêts, le dépaysement est réussi grâce à des paysages naturels de toute beauté. C’est beau, oui, mais au final le film n’a pas grand-chose à raconter. L’enfant y trouvera certainement son compte, mais l’adulte lui restera sur sa faim. L’aspect survie est bien trop bon-enfant (c’est le but me direz-vous), le rythme est souvent en dents de scie, et donc le côté ultra prévisible va directement écarter toute notion de surprise ou de rebondissement dans le scénario. Nous sommes dans un film pour toute la famille, dont le scénario aurait pu être celui d’un dessin animé Disney, et donc on sait pertinemment qu’il n’arrivera rien au héros, on sait pertinemment qu’il arrivera à ramener le loup, on sait pertinemment que tout est bien qui finit bien. Alors le mieux est certainement de débrancher son cerveau et de se laisser porter sans trop se poser de questions par cette histoire d’amitié entre un homme et un loup même si, on reste loin d’un La Guerre du Feu (pour l’époque) ou même de L’Ours (pour la relation homme / animal).

LES PLUS LES MOINS
♥ Visuellement joli
♥ Ravira les enfants
♥ Se laisse suivre
⊗ Certains SFX en deçà
⊗ Trop light pour les adultes
⊗ Trop prévisible
Alpha est un film familial qui ravira à coup sûr les enfants les plus jeunes (à partir de 8 ans) qui s’immergeront à fond dedans, mais qui se montre bien trop léger, voire même niais, pour les adultes avec son aspect survie trop limité et une prévisibilité de tous les instants.



Titre : Alpha
Année : 2018
Durée : 1h36
Origine : U.S.A
Genre : Un homme et son loup
Réalisateur : Albert Hughes
Scénario : Daniele Sebastian Wiedenhaupt, Albert Hughes

Acteurs : Kodi Smit-PcPhee, Johannes Haukur Johanesson, Marcin Kowalczyk, Jens Hulten, Natassia Malthe, Spencer Bogaert, Mercedes de la Zerda

 Alpha (2018) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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