Titre : Live in Bangkok
Année : 2011
Durée : 1h25
Origine : Thaïlande / France
Genre : Docu fiction
Réalisateur : Santi Taepanich
Synopsis : Abandonnant ville natale, famille et enfance, ils sont des millions à avoir migré vers la capitale pour suivre leur rêve. L’histoire de Bangkok, c’est leur histoire. La caméra nous dévoile une ville et des destins peu communs.
Avis de Laurent : Produit par un système communautaire de donation via l’association lyonnaise Asiexpo, Live in Bangkok est une docu fiction originale qui transpire l’essence même du cinéma thaïlandais. Sous un format DV des plus minimalistes, Santi Taepanich a sillonné durant quelques mois divers quartiers de Bangkok à la recherche de témoignages des déracinés de la Thaïlande rurale perdus dans la mégalopole. Les images de vie vont alors se juxtaposer aux témoignages de ces gueules cassées qui se termineront sous la forme de chansons tristes et mélancoliques.
Avec une mise en confiance totale, Santi Taepanich réussit à tirer le maximum d’émotions à ses rencontres plus ou moins hasardeuses et répétées. Comme une récurrence dans le cinéma thaïlandais, Santi Taepanich va tour à tour rencontrer des femmes et des hommes plus ou moins excentriques et aux dessins à la fois communs et originaux : la chanteuse ratée, le SDF à la fibre artistique, la danseur travesti, le marchand punk et aveugle, le policier qui harangue à la beatbox, le fier combattant de muay thaï, et autre pseudo soldat désabusé … Bangkok, à l’image de ces personnages, est une ville folle, insaisissable et intrinsèquement fascinante. La mise en scène inventive de Santi Taepanich fait largement écho au magnétisme de la ville même si on peut regretter par moment quelques effets de style quelque peu superflus. En effet, Live in Bangkok tient sa force de la simplicité dans laquelle ces destins tragicomiques s’entrecroisent.
Ceux qui connaissent Bangkok pourront revivre des moments forts. Avec des moyens limités, Santi Taepanich réussit à transcrire via le prisme de sa caméra l’ensemble des sensations que procure la mégalopole avec cette dualité entre la haine et l’attirance. Malgré la dureté permanente du quotidien de ces femmes et de ces hommes, le retour dans la région originale n’est jamais d’actualité. Peur de l’échec. Peur de ce que l’on est devenu. Peur du regard des autres et de la famille. Bangkok transforme les êtres humains, les broie et ne les digère qu’à moitié. Et comme réaction, ces personnages en perdition luttent avec le sourire en traduisant leur saudade en chanson. La chanson populaire thaïlandaise et le Lung Tung accompagnent admirablement l’ensemble et aident à colmater les blessures de la vie.
Avec Live in Bangkok, Santi Taepanich propose une autre façon de faire du cinéma indépendant en Thaïlande avec un système de financement intéressant et pour le moins original. Malgré le choix de la docu fiction, Santi Taepanich n’en oublie pas moins les valeurs du cinéma thaïlandais et offre un véritable condensé des codes cinématographiques récurrents des productions du pays. Ceux qui connaissent parfaitement Bangkok apprécieront. Les autres n’auront qu’une envie : découvrir la ville et l’atmosphère si particulière qui s’en dégage.
Note : 6/10
Pour participer au financement d’un film : asian connection
Le Trailer :