[Avis] Kaiji: The Ultimate Gambler, de Satô Tôya

Titre : Kaiji: The Ultimate Gambler / Kaiji: Jinsei Gyakuten Game – カイジ 人生逆転ゲーム
Année : 2009
Durée : 2h10
Origine : Japon
Genre : Adaptation de manga
Réalisateur : Satô Tôya

Acteurs : Fujiwara Tatsuya, Kagawa Teruyuki, Amami Yûki, Matsuyama Kenichi, Matsuo Suzuki et Mitsuishi Ken

Synopsis : Ito Kaiji est un jeune raté. Devant payer les dettes d’un ami à lui qui a disparu, Kaiji se retrouve embarqué sur un bateau nommé ‘Espoir’ afin d’y jouer un jeu dangereux organisé par une riche organisation. Auprès d’une centaine d’autres joueurs, Kaiji doit gagner. S’il perd, il se retrouve embarqué dans des souterrains  afin de travailler dans des conditions inhumaines en attendant que ses dettes soient payées. S’il gagne, il pourra recommencer sa vie, sans dette.


Avis de Rick :

C’est amusant, depuis les deux Death Note (cartons au box office, très critiqués par le public, mais d’honnêtes divertissements à mes yeux), les adaptations de manga en films sont nombreuses. On aura eu donc les deux Death Note, sympathiques, les deux Crows Zero (beaucoup moins sympathiques), les deux Gantz (sympathiques également). Et au milieu de tout ça, Kaiji, dont le second opus vient de débarquer en DVD (à l’import bien entendu). De toutes les adaptations récentes, c’est la seule toujours inédite en France. Ce qui est dans le fond assez paradoxal, car c’est sans aucun doute qui a la meilleure mise en scène, et également le meilleur rythme. D’ailleurs, le parallèle avec Death Note est ici évident, puisqu’en plus de nous flanquer Fujiwara Tatsuya (Battle Royale 1 et 2, Parade) dans le rôle principal après avoir joué Light, les producteurs nous ressortent également Matsuyama Kenichi, qui jouait L, dans un petit rôle secondaire peu utile. Nous l’avons récemment vu également dans les deux adaptations de Gantz.

Bref, Kaiji est donc l’adaptation d’un manga à succès, qui a connu deux saisons en anime, que je n’ai pas vu, mais je me doute que la saison 1 correspond au premier film et la seconde au suivant. On nous propose de suivre les aventures de… Oui Kaiji, un jeune raté, avec un emploi chiant, pas vraiment d’amis, bref rien ne lui réussi dans la vie. Pas de copine non plus. Fujiwara Tatsuya, malgré un surjeu évident dans de nombreuses scènes, comme il sait si bien le faire, vu qu’il nous la prouvé dans certains de ces précédents rôles, s’en sort à merveille. Dès le premier plan, on ne peut s’empêcher de s’attacher à son personnage et de ressentir une grande sympathie pour ce looser. Malgré sa belle gueule bien connue au Japon, il joue très bien son rôle et reste crédible, si bien que le voir sourire bêtement lors de certaines situations nous fait sourire également. Le scénario ne perdra pas de temps, quelques minutes de présentation, et Kaiji se retrouve, il faut bien le dire, dans la merde (une petite dette de 2 millions de yens dans les dents, ça fait toujours mal quand ça arrive sans prévenir), à bord d’un navire entouré de gens comme lui, pour jouer ce qu’il lui reste de sa vie. Le divertissement peut commencer.

Le film se déroule, la rapide présentation mise de côté, en trois temps, correspondant finalement chacune à une épreuve, et à un environnement bien particulier. Dans un premier temps, on se retrouve à bord du navire ‘Espoir’, classe et lumineux, dans lequel Kaiji et beaucoup d’autres personnes endettées vont se retrouver à jouer à un jeu tout simple (pierre feuille ciseaux) dans le simple but d’effacer leurs dettes. Enfin ça, c’est s’ils gagnent en se débarrassant de leurs 12 cartes et en gardant les trois étoiles qui leur sont prêtées (prêtées, enfin plutôt ‘vendues’ à un million de yens chacune) en début de jeu. Car s’ils perdent, l’envers du décor est beaucoup moins rose. Coups bas, triche, manipulation, tous les coups sont permis, et on se prend au jeu. La réalisation est simple et efficace, le scénario clair et simple également, sans aucun doute très proche et fidèle du manga, ce qui justifie certains passages un peu gros ou autres, et les acteurs font en général du bon travail. Arrive alors comme dit l’envers du décor, avec la seconde partie, beaucoup moins rose, beaucoup moins glamour : les travaux forcés en souterrains. Conditions inhumaines, paie minable, douche commune, pas de liberté, cette partie est sans aucun doute la plus intéressante du métrage, mais pourtant la moins palpitante dans un premier temps, puisque si la description de cet environnement est des plus réussis, elle ralentit le rythme du métrage et ne sert que de préparation pour la partie finale, qui heureusement, s’avèrera malgré quelques fausses notes, la plus réussie.

Pour la dernière partie, le film décide de mettre les bouchées doubles, en doublant les épreuves, en doublant les enjeux, et en mettant en avant le grand méchant de notre histoire, Tonegawa, organisant pour le compte de ‘L’Empereur’ les épreuves. Kaiji et ses compagnons, dont le nombre réduira de manière conséquente au fur et à mesure, vont devoir survivre à une épreuve de folie sur les toits des bâtiments de Tokyo avant d’espérer gagner leur liberté. Epreuve intéressante, très bien filmée, accrochant le spectateur, à l’exception de l’irruption de scènes dramatiques venant à la fois casser le rythme et le crédibilité d’un produit typé manga en voulant lui insuffler des notes dramatiques sérieuses, et pas franchement réussies. On se rappelle de mémoires des notes voulues dramatiques dans d’autres adaptations telles que Crows Zero ou Gantz, et dans la plupart des cas, ça ne fonctionne pas. Ce qui fonctionne en animation ne marche pas de la même manière dans un film réel avec de vrais acteurs.

Pour autant, Kaiji (le film, pas le perso, enfin quoi que si lui aussi) retrouve dans sa dernière  demi-heure une énergie folle, ce que je disais plus tôt, en nous livrant tout simplement sa meilleure scène lors d’une partie de carte endiablée ou encore une fois, tous les coups sont permis. C’est simple, pour quiconque ayant déjà joué au poker ou n’importe quel jeu de carte où le bluff et l’analyse du comportement de son adversaire sont des points importants, cette très longue scène est tout simplement ce qui se fait de mieux dans le domaine. Le suspense monte crescendo pour ne plus nous lâcher, et si les acteurs surjouent encore, ils s’en donnent à cœur joie et le font bien, et on pardonnera ces dérapages lors des scènes à suspense (bon, un peu moins lorsque Fujiwara surjouera la joie en dégustant une bière…). Kaiji, malgré un petit déséquilibre, est une adaptation sans aucun doute réussie, mais surtout un film qui rempli son contrat, et on n’en demandait pas plus. Il est divertissant, original, prenant et possède un bon suspense. Si on ajoute à cela un bon casting, une réalisation efficace et une composition musicale discrète mais qui sait faire monter la sauce au bon moment, on obtient un divertissement plus qu’honnête, et même de très haut niveau vu la qualité générale des films grands publics depuis quelques temps déjà.

Kaiji est un très bon divertissement, réalisé avec sérieux. L’aspect manga, l’originalité des épreuves et son suspense sont de très grands atouts qui nous font pardonner certains de ces défauts.

Note : 7,5/10

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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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