[RIP] SHINDO Kaneto

L’immense Shindo Kaneto est décédé le 29 mai 2012.

Affaibli par la maladie depuis des années, il avait quand même trouvé la force de réaliser son 45eme film en 2010 à l’age de 98 ans. Ce film, Postcard, avait d’ailleurs tout d’un testament, le vénérable réalisateur reprenant tout autant ses thèmes fétiches qu’il y accolait pour la première fois une énorme part autobiographique. 45 films, donc, entre 1951 et 2011, et surtout quasiment 220 scénarios, depuis son entrée dans le système des Studios dans le milieu des années 30. A partir de cette date, Shindo a côtoyé et travaillé avec les plus grands cinéastes et scénaristes. Mizoguchi, Uchida, Kinoshita, Imai…… Il continuera de fournir scénarios et scripts pour nombre d’entre eux et pour certains studios, même quand il décidera de quitter le système qu’il juge trop contraignant dès 1950. Il crée ainsi la Kindai Eiga Kyokai, pour produire ses propres films et se lance ainsi dans les premiers de l’apres guerre dans la production indépendante.

Et c’est donc en 1951 que Shindo réalise son premier long métrage. Et très rapidement, ses films contiendront tous les éléments qui font du cinéma de Shindo, un cinéma aisément reconnaissable. Il y a bien sur la bombe, et la ville d’Hiroshima (sa ville natale). Shindo va d’abord traiter l’évènement de façon frontale, puis prendre de multiples petites histoires, réelles ou non, comme une troupe de théâtre, un bateau de pécheur. A côté de ce thème, Shindo va aussi s’attarder sur le mode de vie des classes modestes avec souvent un fort message politisé – très de gauche – qui le pousse aussi à aborder des thèmes de société dont la teneur changera bien sûr avec l’âge du réalisateur. De la violence meurtrière des opprimés sociaux dans les 70’s au 3ème âge dans les 90’s . Et bien sûr, parler de Shindo sans aborder la sexualité et les instincts primaires serait passer à côté d’une part importante de sa filmographie tant le réalisateur aimait à montrer des personnages dénués de toute convention sociale de façade. Et loin de favoriser les bons côtés, cette approche était surtout une méthode pour laisser éclater les instincts refoulés et ironiser sur l’humain en général (les femmes mantes religieuses d’Onibaba, les hommes animaux de Fukurou…).

Shindo Kaneto est donc mort. C’est le dernier vétéran de +70 ans de cinéma japonais qui nous a quitté. Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi il avait été ainsi relégué comme réalisateur de quelques chefs d’œuvre alors que finalement c’est son œuvre entière qui mérite, largement, la reconnaissance et la postérité. Je ne suis pas certain que l’avenir change quoi que ce soit à cet état de fait, et ce n’est peut-être pas grave. Là tout de suite je suis juste triste. Un peu comme quand en 1998 j’apprenais le décès de Kurosawa.

RIP
SHINDO Kaneto (新藤 兼人)
1912 – 2012

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Auteur : yume

Un bon film doit comporter : sailor fuku, frange, grosses joues, tentacules, latex, culotte humide, et dépression. A partir de là, il n'hésite pas à mettre un 10/10. Membre fondateurs de deux clubs majeurs de la blogosphere fandom cinema asitique : « Le cinema coréen c’est nul » World Wide Association Corp (loi 1901) et le CADY (Club Anti Donnie Yen).
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