[Avis] Incubus: Yume ni okasareta onna de Kasagi Nozomu

Titre : Incubus: Yume ni okasareta onna / インキュバス 夢に犯された女
Année : 2010
Durée : 1h38
Origine : Japon
Genre : Paranormal voisin

Réalisateur : Kasagi Nozomu

Acteurs : Kishi Aino, Nomura Hikari, Shôdan Shûsei, Morita Tomoi et Hashimoto Mayu

Synopsis : Yumiko vient de rompre avec son petit ami et emmènage dans un petit appartement. Le lieu est sympathique, mais le soir, elle commence à entendre des bruits étranges venant de chez son voisin. Le lendemain matin, au réveil, Yumiko remarquera qu’elle a des marques étranges sur le poignet, et avec une sensation désagréable. L’événement se reproduit, et elle décide alors de se filmer, ainsi que l’entrée de son appartement, pour en savoir plus.

Avis de Rick :

Il y a des films comme ça, qui sortent dans l’indifférence totale. Pas beaucoup de pub, sortie uniquement au Japon (et donc aucun sous titres), sujet vu et revu des dizaines de fois, micro budget, ancienne AV idole dans le rôle principal, bref, beaucoup d’éléments qui n’attirent pas forcément les curieux. Et pourtant, quand on se penche vraiment dessus, Incubus est une des grandes surprises du V-Cinéma de l’année 2010, avec Man Hunting. Anecdote amusante, les deux films ont en commun le même scénariste. Voilà qui explique peut être déjà en parti le sérieux de l’entreprise. Car les deux métrages sont en effet deux films qui se veulent sérieux et pleins d’idées, malgré le peu de moyens à disposition. Là où Man Hunting se déroulait en forêt avec un tueur encapuchonné qui partait à la chasse à la lycéenne, Incubus se déroule pratiquement entièrement dans un appartement. Appartement où la jeune Yumiko vient d’emménager. Dès les premiers instants, on sent que l’on se retrouve devant un film sérieux, avec une équipe qui y croit derrière. C’est simple, la mise en scène est franchement de toute beauté. Les plans sont très jolis, les couleurs également, le réalisateur jouant beaucoup avec le blanc et le jaune, mais aussi avec la surexposition des couleurs, qui fonctionne à merveille et convient au sujet du métrage. Voilà la première grande force du métrage. Mais on ne peut que saluer également le talent de Kishi Aino, superbement dirigée, rendant son personnage crédible à tous les instants. On s’attache très rapidement à Yumiko, et ce dés la scène d’ouverture dans l’hôpital. Et pourtant, ce n’était pas gagné, pour rappel, on a déjà pu voir Aino Kishi, outre dans des films pour adultes, dans le film Samurai Princess, qui passé son ouverture devenait carrément pénible à regarder, et n’arrivait pas à mettre ces acteurs en valeur (il faut dire, vu les personnages et l’écriture du film, ce n’était pas facile). Mais on a pu également la voir, le même jour que Incubus, dans Domestic et Domestic Final, deux petits produits de V-Cinéma également, mais encore une fois d’un niveau très faible et à la vision parfois pénible. Dans Incubus, c’est l’opposé, et le réalisateur maîtrise son sujet, classique dans le fond et déjà vu des centaines de fois dans le cinéma de genre.

Une jeune femme se faisant violer et féconder par une entité surnaturelle, ce n’est franchement pas nouveau en effet. Et dans le genre, il y aura eu du bon, et du beaucoup moins bon. Incubus ne joue pas la carte de l’originalité, et d’ailleurs, son déroulement ainsi que certaines idées arrivant dans le récit nous rappelleront bon nombre de films récents. Ainsi, après s’être réveillée à plusieurs reprises avec des marques sur le corps et l’impression d’avoir été violée, Yumiko décide de placer diverses caméras chez elle pour filmer ce qu’il se passe. Un procédé de plus en plus utilisé de nos jours et qui continue de polluer nos écrans, pas seulement de télévision, mais aussi de cinéma (qui a dit Paranormal Activity ? Dont le troisième opus sort justement demain dans les salles françaises).  Et pourtant, même le spectateur blasé et un peu curieux tombant sur le film se prendra au jeu et sera passionné par cette histoire banale, mais terriblement bien orchestrée. Le scénario est suffisamment bien écrit pour faire monter le suspense et révéler des informations au bon moment, rendant ainsi l’ensemble très fluide et mystérieux. Même si quelques clés nous sont données, la première demi-heure sera inquiétante. La rencontre avec l’homme étrange dans l’ascenseur, les bruits que Yumiko entend le soir chez elle,  ses réveils toujours plus douloureux. Le réalisateur pose une ambiance vraiment mystérieuse et prenante, et lorsque Yumiko pose enfin les caméras chez elle sur le conseil d’une amie, on sait déjà à quoi s’attendre, et l’effet fonctionne pourtant. Preuve que lorsque l’on a un minimum de talent, on arrive à palier le manque de budget. La suite de l’histoire introduira de nombreux nouveaux personnages, avec l’ex petit ami de Yumiko, sa meilleure amie qui se fera plus présente, puis l’apparition d’un prêtre. Etonnement d’ailleurs, les scènes de sexe ne seront pas très nombreuses dans le métrage (juste deux) et plutôt courtes, mais elles fonctionneront, le réalisateur sait filmer, aucun doute.

Sans parvenir à mettre mal à l’aise tout de même, ces rares scènes sont inquiétantes, et font facilement monter la sauce. Le climat ne descendra que très rarement, et même lorsque Yumiko se retrouvera dans un endroit normalement sûr, l’hôpital par exemple, la tension reste. Parfois involontairement (quelle idée de mettre le psychopathe de Grotesque dans le rôle du docteur aussi) !  La dernière partie du métrage versera alors dans le fantastique pur et dur, sans que le contraste avec ce qui précédait soit flagrant, mais en s’inscrivant dans une continuité logique, permettant au réalisateur de tenter de poser d’autres ambiances, de se permettre quelques giclées (de sang bien entendu), et d’avoir recours à quelques effets de mise en scène pas franchement utiles il est vrai, mais qui font plaisir à voir, surtout quand ils sont maîtrisés (le triple écran splité par exemple). Le tout menant tout naturellement à un final assez glauque, sans espoir aucun, nous achevant lors d’une scène finale douloureuse semblant venir d’ailleurs, le tout sur le Canon en D Dur de Pachelbel. Incubus, c’est la très bonne surprise du V-Cinéma au milieu de pas mal de métrages qui versent allégrement dans la violence et le sexe gratuit (bon je n’ai rien contre), ou qui s’écroulent sous des lignes de dialogues interminables (là par contre ça coince un peu plus). Le genre de surprise que l’on aimerait trouver un peu plus souvent, et que l’on regrette de ne pas voir s’exporter en dehors de son pays d’origine, le Japon, pour pouvoir lui donner une chance de trouver un autre public.

Note : 8/10

Incubus est, pour du V-Cinéma, une très grande surprise. On ne s’y ennuie jamais et le produit est maîtrisé du début à la fin.

(Trailer prit depuis le compte Dailymotion d’Oli, dingue comment il n’y a aucun renseignement sur ce film sur internet)

0 0 votes
Article Rating

Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
S’abonner
Notifier de
guest

4 Commentaires
le plus ancien
le plus récent le plus populaire
Inline Feedbacks
View all comments