[Avis] Barking dogs never bite, de Bong Joon-Ho

Titre : Flandersui gae / Barking Dogs never bite
Année : 2000
Durée : 1h48
Origine : Corée du Sud
Genre : Doggy style comédie
Réalisateur : Bong Joon-Ho

Acteurs : Lee Sung-Jae, Bae Doo-Na, Byeon Hie-Bong, Go Su-Hee, Kim Ho-Jung, Kim Roe-Ha, Seong Jeong-Seon

Synopsis : Un jeune chômeur diplômé à l’université (Yun-Ju) est fatigué et blasé d’entendre un chien aboyer toute la journée dans son immeuble, il décide de partir à sa recherche afin de le faire taire à jamais. En parallèle une jeune femme (Hyeon-Nam) se donne la mission  de retrouver des canidés portés disparus. Nos deux héros vont finir par se croiser et se lier d’amitié.

Avis de Drabaye :
Bong Joon-Ho a déjà plus que démontré son talent de metteur en scène, il est l’auteur de films aux genres totalement éclectiques avec le thriller (Memories of murder), le film de monstre (The Host) et le drame (Mother) en n’oubliant pas sa section dans «Tokyo» aux côtés de Michel Gondry et Leos Carax. «Memories of Murder» est l’œuvre qui propulsera son auteur hors des frontières Coréennes avec en prime un énorme succès aux multiples récompenses. Mais attardons nous plutôt sur Barking Dogs, son premier long métrage, où Bong Joon-Ho nous sert une petite comédie légère mais efficace qui en vaut largement le détour.

Dans Barking Dogs, Bong Joon-Ho nous dévoile à travers des personnages aux tendances marginales (comme à son habitude) une Corée du Sud en petite forme : une économie bancale, un taux de chômage élevé, une corruption de l’administration et des fonctionnaires, un peuple qui ne trouve pas ses marques, emporté dans une course effrénée vers le capitalisme. C’est dans ce décor bien terne que vont évoluer nos deux héros.  Yun-Ju, joué par Lee Sung-Jae (vu dans l’excellent « Public Ennemy »), est sans emploi et marié à une femme dominatrice avec laquelle il est sur le point d’avoir un enfant. Fatigué par un train-train envahissant et excédé par les aboiements d’un chien, il décide de mettre un terme à cet ennui mortel en partant à la chasse de ce perturbateur à 4 pattes. Il finit par croiser Hyeon-Nam (Bae Doo-Na, vue dans le cultissime The Host) , une jeune fille portée par l’espoir de devenir célèbre et dont la naïveté et la maladresse lui permettent d’échapper à un quotidien ennuyeux et déprimant. Elle se donne alors le rôle de détective pour chien en souhaitant révéler au monde entier ses gestes héroïques. Ce duo farfelu et très attachant  (interprété avec justesse) est accompagné de seconds rôles aussi disjonctés les uns que les autres. Un gardien d’immeuble qui raffole du ragoût de chien, chauffage Kim : une légende urbaine  (l’esprit d’un plombier redresseur de tort qui hante la cave de l’immeuble), une vieille dame éperdument amoureuse de son chien, un SDF tentant de se farcir une brochette canine en guise de barbecue improvisé, … Bref Bong Joon-Ho nous propose un bouquet de personnalités variées et des plus excentriques planté dans un décor grisonnant.

 

Le réalisateur dresse donc un portrait de la Corée du Sud et de son peuple (de l’an 2000) dans une comédie teintée de satire sociale. On ne tombe jamais dans l’humour gras, Bong a préféré user d’une fantaisie discrète et sincère. Seulement 2 ou 3 scènes nous offrent une bonne crise de rire, il y a entre autres cette course poursuite entre Yun-Ju et  Hyeon-Nam  qui se finit par un gag des plus percutant. Mis à part ces passages hilarants  (trop ?) peu fréquents, le film tend parfois (malheureusement ou pas?) à basculer dans le drame sociale. Mais la subtilité du metteur en scène permet à «Barking Dogs» de s’accaparer d’une certaine fraîcheur nous permettant d’esquisser un léger sourire à chaque instant. La direction artistique se veut très sobre, une banlieue tristounette en guise de décor, des lumières naturelles rendant l’image un peu fadasse mais plus vraie que nature, aucun artifice polluant la pellicule de filtres et compagnies. Une recette qui a au moins le mérite de nous plonger dans l’atmosphère où baigne ces personnages.
Une réalisation modeste donc, sans prétention qui peut finir par ennuyer son public par sa retenue, ses longueurs et ses plans parfois inertes. Au rendez-vous des faiblesses on peut aussi constater une photographie parfois peu inspirée au cadrage hasardeux.  Mais malgré ces petits défauts, nous nous retrouvons tout de même face à une agréable comédie au casting de choc, dégageant une folie certaine sans jamais tomber dans le « surjoué ». Le tout illustré par une bande son bien jazzy terriblement entraînante.

Dès son premier film, Bong Joon-Ho nous impose son style et les thématiques qui lui sont chères. Il nous démontre alors sa fascination pour les individus marginaux ainsi que le respect qu’il a pour les femmes en leur offrant des rôles qui les magnifient. Il se fera vite une place auprès de Park Chan-Wook et Kim Jee-Woon, appartenant tous les trois à la nouvelle vague du cinéma coréen qui se veut critique d’une société coréenne en pleine mutation.
Avec Barking Dogs, Bong Joon-ho nous livre une comédie à la fois douce et amère qui a du chien.

Note : 7/10

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Auteur : Drabaye

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