[Film] Cyborg, de Albert Pyun (1989)

À l’aube du xxie siècle, l’Amérique vit un cauchemar. Une épidémie de peste décime la population. Profitant du désordre apocalyptique, des gangs de hors-la-loi font régner la terreur partout où ils passent. Pearl Prophet, une femme mi-humaine, mi-robot, possède des informations qui, amenées à Atlanta, permettraient de trouver un remède contre la peste. Mais cette dernière tombe entre les griffes de Fender Tremolo, chef d’une bande de pirates barbaresques, qui convoite le remède à son seul profit. Au cours de son périple vers Atlanta, le groupe est rejoint par Gibson Rickenbacker, homme au passé douloureux, dont le seul but est de débarrasser le monde de Fender, responsable de la perte de ceux qu’il aimait.


Avis de Rick :
En 1989, la Cannon va mal. Tellement mal qu’elle est obligée d’annuler les contrats pour deux films, dont les décors et les costumes sont pourtant prêts et leur auront coûtés pas moins de deux millions de dollars. Et oui, la suite de Les Maîtres de l’Univers et l’adaptation de Spider-Man, ce n’est plus à l’ordre du jour, mais pour ne pas gâcher les deux millions investis, Albert Pyun écrit en trois jours seulement le scénario de Cyborg, avec Chuck Norris en tête pour le rôle principal. La Cannon rajoute 500 000 dollars, et conseille plutôt Jean-Claude Van Damme, dont Bloodsport, sorti l’année précédente, aura eu un petit succès. 23 malheureux jours de tournage plus tard, et nous voilà devant Cyborg, film post apocalyptique mâtiné d’arts martiaux, qui a de la gueule, mais qui est très loin d’être parfait. Très très loin même. Etonnement, son principal souci n’est pas d’être une œuvre fauchée, car si en soit le film n’a coûté que la moitié d’un million, il bénéficie de solides décors, mais Cyborg souffre de sa condition d’œuvre malade. Je m’explique. Cyborg a été conçu et tourné comme un pur film d’exploitation. La mode des films post apocalyptique est toujours là depuis le premier Mad Max, et les petits produits venant des states ou surtout de l’Italie sont monnaie courante. Albert Pyun soigne l’emballage de son film avec les moyens de bord, et on peut le dire, ça a de la gueule. Décors en ruines, très jolie photographie souvent bleutée bien typée années 80 (et c’est pour ça qu’on les aime ces années là), costumes qui ont plus ou moins de la gueule, il fait un boulot très honnête.

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Non, le souci viendra plutôt de l’écriture du film. Alors oui je sais, on va me tomber dessus en me disant « mais Rick, c’est un petit budget post apo, tu en demandes beaucoup trop ». Oui et non ! Je suis parfaitement conscient que face à ce genre de spectacle, on met le cerveau en mode off, qu’il ne faut pas chercher des personnages trop développés ou une histoire qui va me mettre le cul par terre. Je n’attendais absolument pas ça de Cyborg d’ailleurs. Le souci, c’est que si en effet, le scénario est classique (en bref, Van Damme veut se venger, oulala), les personnages le sont tout autant (le méchant attention il est vraiment… très très méchant), là où Cyborg ne fonctionne pas, c’est qu’il est souvent assez chiant.

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Ça démarre bien, pour peu que l’on aime les excès, avec ce plan de New York ravagé, la voix off bien grave du méchant qui cri « j’aime la misère, j’aime la mort », puis Van Damme qui bute du méchant à gogo, gratuitement, au couteau et tout. Ça a de la gueule, c’est même bien filmé, mais entre deux bastons, ça a beau être bien filmé, non, c’est chiant ! Alors oui, on a Van Damme qui refuse les avances d’une femme à poil, on a cette même femme à poil qui va courir sur la plage (la classe), on a des discussions, des méchants très méchants au regard bleu, un cyborg pas trop mal fichu, des flashback, une bonne ambiance visuelle et musicale (même si le même thème revient un peu trop souvent), et puis le temps parait long.

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J’ai presque envie de dire qu’on aura quelques rapides bastons, mais que l’ensemble démarre au bout de 40 minutes, tout de même. Sur 1h26, ça fait tout de même… un peu… vous voyez quoi ! Quand ça se bouge enfin, avec la première vraie rencontre entre super méchant (Vincent Klyn, que l’on retrouvera dans Point Break en 1991) et super gentil (Van Damme donc) au bout de 40 minutes, même Albert Pyun semble plus motivé. Forcément, pour amener un final qui a de la gueule, Van Damme doit s’en prendre plein la gueule, le film ne surprend pas par sa structure, mais ça se fait beaucoup plus dynamique et plaisant. Bien entendu, il fera aussi son fameux grand écart, son coup de pied sauté retourné. Et Cyborg, c’est aussi un grand final, qui a clairement de la gueule, avec éclairage bleuté, pluie, coups de tatanes, et un méchant qui malheureusement va passer son temps à gueuler. Pour avancer, reculer, donner un coup, prendre un coup, regarder son ennemi, il criera. Jusque dans la mort il criera ! Cyborg vous avez compris, ce n’est pas du grand cinéma, ce n’est pas fameux tout court même si le métrage est bien emballé et comporte des bons moments. Mais son côté fauché se ressent par sa mauvaise gestion du rythme.

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LES PLUS LES MOINS
♥ Ça a de la gueule visuellement
♥ De l’action violente parfois
♥ Le méchant qui dit « aaaaaaaaaah »
⊗ Des méchants très très méchants
⊗ Le rythme, franchement en dents de scie
note65
Albert Pyun fait ce qu’il peut avec ce qu’il a. Dommage que ce soit parfois un peu chiant, puisqu’il a soigné son métrage.

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CyborgTitre : Cyborg

Année : 1989
Durée :
1h26
Origine :
U.S.A.
Genre :
Post Apo
Réalisation : 
Albert Pyun
Scénario : 
Albert Pyun
Avec :
Jean-Claude Van Damme, Vincent Klyn, Deborah Richter, Alex Daniels, Dayle Haddon et Ralf Moeller

 Cyborg (1989) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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