[Film] Tai-Chi Master, de Yuen Woo-Ping (1993)

Titre : Tai-Chi Master
Réalisateur :
Yuen Woo-Ping
Année : 1993
Durée
: 1h31
Origine
: Hong Kong
Genre
: Action / Art-Martiaux
Acteurs
: Jet Li, Michelle Yeoh, Chin Siu Ho

Tai Chi Master.
Il est toujours bon de revoir de temps en temps les classiques. On découvre toujours des petits détails qui avaient échappés. Et là, la vraie essence du Tai Chi peut apparaître !

Le film est de Yuen Woo Ping, excellent réalisateur de films d’Arts Martiaux incontournables à HK, et non moins excellent chorégraphe de ce même film (et de pleins d’autres films incontournables à HK). Bref, si vous ne connaissez pas le maître, allez jeter un coup d’œil dans sa filmographie, y a vraiment des perles. Pour le cast, y a du lourd : Jet Li, Michelle Yeoh, et le moins connu Chin Siu Ho (Fist Of Legend, Mr Vampire). Bref, ça envoie de la tatane, ça kick, ça vole dans tous les sens, dans des chorégraphies très maîtrisées et un scénario pas si con que ça.

L’histoire. Tianbiao et Jianbao entrent très jeunes dans un monastère. Plus que des amis, les deux jeunes gens sont inséparables. Leur indiscipline et le non respect des règles va pourtant finir par les faire renvoyer. Les deux moines s’en vont à la découverte du monde en emportant avec eux les techniques de combat qu’ils ont acquis dans le monastère au cours des années… La vie et les ambitions personnelles de Tianbao vont finir par les séparer…

Tianbiao, Jianbao. Jianbao, Tianbiao. Deux noms différents, mais également très proches… En fait, Tai Chi Master, c’est un film sur le Tai Chi et le Tao, grande découverte de cette récente séance.

Petit récapitulatif : comment devenir un grand maître de Tai Chi ? C’est d’abord savoir qu’en chaque personne, il y a une part de bien (Jianbao) et de mal (Tianbiao), que les deux forces sont nécessaires pour atteindre l’équilibre et avoir une vie saine. Quand ils sont encore dans leur monastère, encore dans leur enfance, les deux jeunes moines sont dans un cocon qui les protège. Aussi, ils ne font qu’une seule et même personne. Le bon et le mal peuvent se côtoyer avec bonheur, ils ne feront jamais de choses bien graves. Ainsi la ligne à franchir pour basculer du mauvais côté est très fine, transparente, voire n’existe pas. Devenu un jeune adulte, Tianbiao dépassera les bornes lors d’un tournoi, et une fois les bornes passées, il n’y a plus de limites. Les deux jeunes moines seront expulsés du monastère et confrontés à la découverte de la vraie vie et du monde adulte : la cruauté, l’argent, les femmes, le pouvoir, le malheur.

Et finalement, ce que nous enseigne sifu Yuen Woo-Ping, c’est que les arts martiaux, le Tai-Chi en particulier, ne prend toute son ampleur et son sens que dans le monde extérieur de tous les jours. Dans ce contexte nouveau, il peut être difficile de conserver l’équilibre. L’équilibre, c’est finalement le thème principal du film. Qu’est ce que l’équilibre ? C’est le mélange du yin et du yang, une relation d’opposition, d’interdépendance, d’engendrement et de transformation. L’un existe en l’autre, l’un connaît sa fin là où débute l’autre, l’excès d’un des deux entraîne la naissance de l’autre, etc. Bref, c’est l’équilibre. Cela pourrait se rapprocher de la notion d’être « aware » comme dirait Jean-Claude. Et lorsque les deux frères s’affrontent réellement, l’équilibre se rompt. Le premier combat entre Tianbiao et Jianbao est vraiment exemplaire. Un plan annonce le reste : Tianbiao et Jianbao, sur le terrain de combat, avec une sorte de rideau qui les sépare, forment le yin et le yang. Le plan est superbe. Le reste du combat portera sur le sauvetage de Michelle Yeoh, où Tianbiao essaye de déséquilibrer le bucher sur lequel elle est attachée, Jianbao faisant tout ce qu’il peut pour conserver l’équilibre de l’édifice. Ce sera en vain. Le personnage perd temporairement la raison. S’ensuit une succession de scénettes vraiment sympathiques avec Jet Li qui s’amuse à cabotiner en jouant le fou.

« eureka j’ai trouvé »

Il retrouvera l’équilibre dans l’étude de la voie, dans l’observation de la nature et des forces qui la régissent : si quelque chose dans la nature existe, c’est que sa contraposée existe, et donc que cette chose est en équilibre. Ainsi, en observant la structure de l’eau, Jet Li comprend qu’en rompant l’équilibre de l’eau de façon momentanée, il crée une énergie temporaire qui peut être très puissante qui vient contrebalancer la rupture d’équilibre. La voie vers la sagesse n’est pas sans embûche et prend du temps (très belle scène où Jet Li marche sur le toit tout en étudiant, il glisse et manque à tomber : l’étude est essentielle mais il faut aussi avoir conscience du monde environnant). Jet Li trouvera la voie et pourra alors s’insérer dans l’équilibre de la nature. Dès lors, il lui reste une ultime mission : détruire le côté yin dominant dans un superbe combat basé sur la notion de circularité et l’utilisation de la force de l’autre, pour pouvoir retrouver l’équilibre et l’harmonie. Il est devenu un grand maître. Les arts martiaux sont faits pour défendre les autres, on connaît la chanson.

Bref, Tai Chi Master, c’est un putain de film sur les arts martiaux, et sur un art martial tout particulièrement : le Tai Chi, et la philosophie attenante : le taoisme. Si on n’a pas envie de se prendre la tête sur les notions que cherche à développer Yuen Woo Ping, c’est pas un problème, les combats sont superbes, les acteurs s’amusent beaucoup, et les parties comiques sont assez marrantes. Si on a envie d’écouter la leçon du sifu Yuen, alors on prend un autre plaisir, tout aussi agréable, celui de la découverte d’une excellente introduction sur les préceptes du Tai Chi, et d’un excellent film d’arts martiaux !

Tai Chi Master, c’est un grand classique qu’on trouve facilement dans une belle édition DVD chez HKVidéo (publicité inside).

Tout le monde se met au Tai Chi !

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Auteur : Nomad Soul

Elevé au grain en plein air avec les grands écarts et la rhétorique de Jean Claude Van Damme, initié au salto arrière tout en tenant une jarre remplie d’eau par Jackie Chan, The Killer sera sa première grande baffe, suivie par pleins autres baffes : Tsui Hark, Ringo Lam, Johnnie To… puis la découverte des films de la Shaw Brothers. Hong Kong est son pays de prédilection.
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