[JV] The Hong Kong Massacre (2019, Playstation 4)

Hong Kong, 1992. Un détective cherche à venger son partenaire, brutalement tué par la Triade.


Avis de Rick :
En 2012, un petit jeu vint bouleverser le monde du jeu indépendant, je veux bien entendu parler de Hotline Miami. Développé par Dennaton Games, gigantesque studio de deux développeurs seulement situé en Suède, le jeu nous proposait de parcourir des niveaux en tuant tout ce qui bougeait, le tout en vue isométrique, dans un style graphique rétro. C’était dur, ça ne pardonnait pas, et pourtant, on s’accrochait, face à un level design inspiré et une bande son étonnante (avec du Perturbator par exemple). Le succès fut tel qu’une suite débarqua en 2015, Hotline Miami 2. Encore plus dur, encore plus impitoyable, mais pour une raison que j’ignore, j’y aurais encore plus pris mon pieds (à un ou deux niveaux près). Hotline Miami a lancé une foule de clone reprenant le style rétro du jeu, mais étonnement, le concept même du jeu lui ne fut pas tant copié que ça. On en arrive début 2019 avec The Kong Kong Massacre, un jeu reprenant lui le concept de Hotline Miami donc, mais pas son style rétro. Développé par le petit studio Vreski (tiens, Suédois également), The Hong Kong Massacre nous propose donc de parcourir des niveaux en vue isométrique, mais sans gros pixels à l’ancienne, en tuant tout ce qui bouge, en jouant un flic voulant venger son partenaire. The Hong Kong Massacre se différencie clairement de Hotline Miami de par quelques choix de gameplay, mais surtout son graphisme, se voulant bien plus réaliste. On peut même dire que c’est beau au premier coup d’œil.

Les lieux sont fouillés, réalistes, et tirer au flingue, à la mitrailleuse ou au fusil à pompe un peu partout détruit le décor, les fenêtres, les bureaux, les portes. Les particules volent en éclats dans tous les sens, et c’est un petit plaisir pour les yeux il est vrai. Le jeu parvient, un peu à la manière de Sleeping Dogs dans un genre différent, à plutôt bien retranscrire l’idée que l’on se fait de Hong Kong la nuit, avec ses ruelles sous la pluie, ses toits colorés éclairés aux néons (ah les néons, une grande histoire d’amour entre eux et moi), ses bars aux murs en carton. Pour une équipe que l’on imagine très petite (d’après quelques sources, également deux développeurs), c’est du bon boulot, et l’on pourrait clairement se croire dans un film de John Woo. Surtout que le gameplay va dans ce sens également, reprenant les tics du cinéma de Woo et les incorporant tout naturellement dans le gameplay, à la manière de Stranglehold, le jeu faisant suite au génial À Toute Épreuve datant de la Playstation 3. Ou du jeu qui s’était inspiré de tous ces tics le premier, à savoir Max Payne (ça, ça ne nous rajeunit pas). Ainsi, si l’on n’aura au final pas des masses de commandes à retenir dans The Hong Kong Massacre, l’ensemble semble fonctionner. On avance avec le stick, on dirige notre visée avec le second stick (à la façon de Hotline Miami oui). R2 sert à tirer, R1 nous permet d’éviter les tirs en faisant des glissades ou autres roulades, et L2 permet de ralentir le temps pour éviter également les tirs et passer entre.

Simple et efficace dans les faits, car comme dans Hotline Miami, chaque ennemi mourra en un tir (ou presque), mais notre avatar va également mourir à la première balle qui va l’effleurer. Il faudra donc parcourir 4 mondes, eux-mêmes découpés en plusieurs niveaux (en général, 6 niveaux plus un boss), tirant sur tout ce qui bouge, sautant partout, ralentissant le temps dés que possible. Seulement si The Hong Kong Massacre parvient dans certains domaines à être une réussite et même à être plutôt jouissif, il faut également avouer que le jeu possède quelques défauts bien gênants. Défauts que certains pardonneront, et d’autres pas du tout. Du bon côté de la balance, oui, le jeu est beau, les effets de destructions, la sensation de tirs, tout est parfait et réaliste. En terme de gameplay, sauter dans tous les sens en ralentissant le temps tout en sautant à travers une fenêtre pour rentrer dans une pièce et annihiler toute présence humaine à l’intérieur à quelque chose de grisant. Surtout si l’on s’investie dans le jeu et que l’on décide de parcourir les niveaux sans s’arrêter, sans forcément passer son temps à se cacher derrière le décor mais plutôt en profitant du gameplay offert. Musicalement, l’on ressent également l’influence de Hotline Miami avec des musiques électroniques qui correspondent bien à l’univers du jeu et son côté effréné. Un peu répétitives certes, mais fort plaisantes. Comme précisé plus haut, le jeu est découpé en une multitudes de petits niveaux qu’il est possible de battre en seulement deux minutes, et de plusieurs boss, ce qui rends les parties relativement courtes et plaisantes.

Sauf que The Hong Kong Massacre possède pas mal de petits défauts bien gênants, et ce dans un peu tous les domaines. Oui, que ce soit visuellement, dans son gameplay, son design, sa durée de vie, on parvient toujours à mettre la main sur quelques petits défauts. Visuellement par exemple, si le jeu est beau et contient une multitude de détails, et parvient à être une belle représentation de la ville de nuit, on ne pourra pas dire que le jeu parvient à être varié. Des bureaux, des ruelles, des toits, et puis voilà. Parfois, on a même l’impression de parcourir des niveaux déjà vus par le passé. Et cette impression ne nous lâchera jamais durant tout le jeu, même lorsque quelques nouveaux lieux bien différents se présentent à nous sur la fin. Une certaine lassitude peut alors s’installer dans les niveaux, pour peu qu’on les enchaîne un peu trop vite. En terme de gameplay, si le jeu parvient à être plus varié qu’un Hotline Miami grâce au ralenti et aux esquives, permettant ainsi des choses diverses et surtout un rythme différent, on se retrouve vite avec les défauts de ses qualités. Car le ralenti, c’est classe, sauter et glisser partout également, mais vu la vitesse à laquelle le ralenti se recharge (deux secondes à peine et la barre est pleine) et le fait que pendant une roulade les tirs ne nous touchent pas et on se retrouve face à un jeu étonnement très facile dés lors que l’on en maîtrise les fondements. Beaucoup trop facile même. En réalité, passé les débuts où l’on prend ses marques, le jeu ne représente plus un grand challenge à l’exception des derniers niveaux où l’on nous met dans les pattes des ennemis armés de gilets par balles, nécessitant deux tirs au lieu d’un pour mourir.

Mais ces ennemis viennent au final quelque peu perturber le rythme de l’aventure, jusque là fluide malgré les niveaux courts. On pourra pester sur la visée qui met un temps fou à passer d’un côté à l’autre de l’écran également, que ce soit sur console ou sur PC par les quelques retours que j’ai pu avoir. Qu’en est-il des boss ? Là aussi, un peu décevant, puisque si le premier boss pourra être considéré comme un challenge (même si deux morts à peine après et j’avais torché le truc), tous les boss s’articulent autour du même schémas, et l’ensemble devient bien trop répétitif. Et ce n’est pas le scénario sur fond de vengeance et les cinématiques se contentant de quelques plans de rues et de gros plans sur le visage de notre personnage qui vont relever le niveau. Pire, ces cinématiques, intervenant parfois trop souvent en reprenant les mêmes gros plans sur notre héros deviennent presque ridicules à la longue. Alors oui, The Hong Kong Massacre malgré de belles promesses et un début faisant envie, devient immédiatement un peu plus lassant par la suite, puisqu’il n’arrive jamais vraiment à se renouveler, et ce malgré sa courte durée (en mourant peu, le jeu peut être terminé en environ 2h).

Alors certes, pour gonfler un peu la durée de vie, le joueur aura la possibilité de compléter 3 défis par niveau afin de gagner des étoiles, permettant d’améliorer une des quatre armes du jeu (vitesse de tirs, tout ça tout ça), mais bonne chance pour terminer certains niveaux dans le temps impartis, sans utiliser le ralenti, et sans rater un seul tir. Mais un peu à la manière de ces ennemis avec gilets, ce n’est qu’une manière plutôt artificielle de gonfler la durée de vie, et qui n’apporte pas grand-chose à part de la satisfaction personnelle. Alors The Hong Kong Massacre, c’est un jeu plein de bonnes intentions, mais avec pas mal de petits défauts, et surtout très répétitif, alors qu’accessoirement très court une fois qu’on maitrise bien le gameplay. Beau mais peu varié, fun et intense mais trop répétitif et facile dans son gameplay et son design général. Un constat final hautement mitigé. Le jeu va en énerver certains, tandis que d’autres tenteront vraiment de faire des runs parfaits et ne seront pas gênés par les nombreux défauts du jeu. Mais reste que pour une équipe de deux personnes, ça tient bien la route.


GRAPHISMES
Pour une petite équipe, le jeu est beau, et les décors fourmillent de petits détails. Quand on tire, tout explose devant nous. Mais au final, les lieux se ressemblent pas mal et sont peu nombreux, et quelques petits défauts s’invitent dans la partie (comme ses écrans de fin de niveau flous).
JOUABILITÉ
Rien de compliqué, et peu de boutons, dommage par contre que la barre de ralentis se recharge si vite, rendant le jeu très simple, trop simple même.
DURÉE DE VIE
Au final, peu de niveaux, des niveaux très courts, et une fois le jeu maîtrisé, peu de challenge. 2h peuvent suffire, sauf si vous voulez les 3 étoiles bonus de chaque niveau.
BANDE SON
Une bande son discrète, souvent répétitive également, mais qui convient bien au style du jeu.
CONCLUSION
Malgré un début très fun, de belles promesses et un univers que l’on aime, The Hong Kong Massacre peine à se renouveler sur la durée, tout en étant finalement assez court. Dommage.

note65



Titre : The Hong Kong Massacre
Année : 2019
Studio : Vreski
Editeur : Vreski
Genre : Hotline Miami sans les pixels

Joué et testé sur : Playstation 4
Existe sur : Playstation 4, Xbox One et PC
Support : Dématérialisé


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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