[Film] XXXholic, de Ninagawa Mika (2022)

Le lycéen Kimihiro Watanuki possède un don lui permettant de voir les esprits. Mais ceux-ci se révèlent envahissants et Watanuki n’a qu’un désir, être débarrassé de cet encombrant pouvoir. Ichihara Yuko, la tenancière d’un mystérieux établissement, lui propose de réaliser son vœu. En échange, Watanuki devra travailler pour elle.


Avis de Rick :
Si comme souvent, je ne connaissais pas vraiment l’univers de XXXholic, ce n’est pas faute d’avoir été très souvent conseillé, depuis le début des années 2000 en réalité, avec le format manga puis l’animé de 40 épisodes. Mais si, rappelez-vous, le début des années 2000, le début de l’engouement pour les mangas et l’animation Japonaise, mais qui était encore assez « de niche » comme on dit. Donc oui, XXXholic, je connaissais de nom, et de réputation puisque j’en avais entendu du bien, en tout cas dans son format animé, car après, il y a eu des films animés, et même une série live en 2013 de 8 épisodes (que j’ai dans un coin, il ne me manque que la motivation). Pourtant, j’aurais préféré me lancer dans l’univers en choisissant la facilité avec le long métrage live de 2022. Un métrage qui m’aura fait passer par beaucoup d’émotions d’ailleurs, et pas toujours positives, mais vous allez comprendre. Car en me lançant, en réalité, à part qu’il s’agîssait d’une adaptation, je ne savais rien d’autre. Puis les minutes défilaient, et j’avais l’impression de me retrouver devant une classique adaptation, propre sur elle, pas mauvaise techniquement, mais dont je ne suis pas le public visé. Puis de nouvelles minutes passent, quelques beaux plans sont là, et là, quelque chose m’interpelle. Le look du film, son style, tout cela me paraissait faux, et surtout me rappelait quelque chose. Oui, les réalisateurs ou réalisatrices avec un style parfaitement identifiables, de nos jours, c’est rare. Et là, bingo, je me suis rappelé à quel point j’avais souffert sur le film précédent de la réalisatrice, Diner, qui contenait déjà au casting Tamashiro Tina d’ailleurs, actrice que j’ai appris à apprécier au fur et à mesure de ses apparitions, alternant cinéma (et séries) commerciales et projets un peu plus risqués. Bon, pour ceux qui comme moi ne connaissent pas, XXXholic, de quoi ça parle ? De Watanuki, un adolescent qui peut voir des choses surnaturelles, et ça lui bouffe la vie de tous les jours. Jusqu’au jour où il suit un étrange papillon et trouve son chemin vers une boutique exauçant les souhaits en échange d’une contrepartie adéquate, tenu par Yuuko. Le jeune homme va donc rester sur place, être en quelque sorte l’homme à tout faire, en espérant trouver ce qu’il veut vraiment, et ce qu’il peut donner en échange.

Bon, ne connaissant pas le manga, je ne pourrais bien évidemment pas dire si c’est fidèle jusqu’à la moelle ou pas, mais après vision du film, ça transpire l’essence manga durant chaque plan qu’il est possible que ce soit le cas. Et finalement, bien plus que le style visuel de Ninagawa Mika, plus digeste ici (sans doute car avec bien plus de scènes extérieures comparé à Diner), c’est cet aspect qui m’a dérangé la plupart du temps, l’essence manga, qui ne fonctionne pas forcément sur un métrage avec de vrais acteurs, ni sur un métrage de cinéma que l’on regarde d’un bloc de deux heures. Un peu comme si la réalisatrice (qui voulait adapter le manga depuis 2012 apparemment) n’avait rien voulu couper. Si bien qu’on se retrouve parfois avec des enchaînements de scènes de 15 secondes avec des tons très différents, comme pour caser le maximum de moments dans le métrage. Il n’est donc pas rare de voir un moment relativement grave, suivi d’une scène surréaliste, puis d’un moment léger où notre jeune héros nettoie la demeure de la sorcière Yuuko (avec la tenue qui va avec), puis de le voir rire avec ses amis, avant de se réveiller dans son lit entouré de deux jeunes femmes. Tout cela peut fonctionner dans un manga, ou dans un animé où la durée permet de prendre le temps, et où le découpage en chapitre ou en épisodes permet aussi de varier les tonalités. Dans un film d’un seul bloc de quasi deux heures, c’est tout de suite plus casse gueule. C’est là mon premier problème avec le métrage, qui alterne sans arrêt les tons, et donc empêche de totalement s’investir dans l’intrigue. Surtout qu’en réalité, les enjeux sont la majeure partie du temps plutôt maigres. Avec notre héros devant en quelque sorte le serviteur d’une sorcière exauçant les vœux, on peut imaginer tout un tas de possibilités. Des vœux qui tournent mal, des dilemmes moraux… Rien de tout ça.

Pendant toute la première heure d’ailleurs, les enjeux sont maigres, et le film prend tout son temps pour dépeindre l’univers. Durant la seconde heure, il y en enfin plus d’enjeux, mais souvent la résolution s’avère décevante car survenant en quelques secondes et on n’en parle plus. Néanmoins, je me dois de relativiser, car XXXholic a aussi des bons côtés, contrairement à Diner. Le casting est plutôt solide par exemple, avec pas mal d’acteurs et actrices que l’on connait depuis des dizaines d’années par exemple. Notre héros par exemple, joué par Kamiki Ryunosuke, on le connait depuis ses 11 ans, depuis Survive Style 5+, puis on l’aura redécouvert dans les excellentes adaptations live de Kenshin. Pour Yuuko, on a Shibasaki Kou, que beaucoup se souviennent pour l’un de ses premiers rôles dans Battle Royale, puis que l’on a continué à voir dans des films divers comme La Mort en Ligne chez Miike, Memories of Matsuko pour Nakashima. Puis il y a Tamashiro Tina, que l’on avait déjà vue dans Diner, mais aussi dans Jigoku Shôjo de Shiraishi ou encore The Flowers of Evil pour Iguchi. Un casting solide et convaincant. Visuellement par contre, ça souffle le chaud et le froid. Si le film parvient à être plus digeste que Diner, je dois avouer que visuellement, certaines scènes sont très jolies et fonctionnent. D’ailleurs, techniquement parlant, la musique du film est excellente. Mais à d’autres moments, les choix visuels de la réalisatrice tombent dans les travers habituels de son cinéma, comme avec ses deux démons qui charment notre héros sous une lumière vive, et qui donnent l’impression de voir un porno chic. Et soft. Le film n’est pas totalement raté, mais entre une réalisatrice en roue libre et un ton lui aussi en roue libre, on alterne le bon et le moins bon, pour un résultat bancal, manquant parfois d’enjeux, mais néanmoins pas forcément désagréable. Déjà ça de prit.

LES PLUS LES MOINS
♥ Quelques belles scènes
♥ Le casting est plutôt bon
♥ Quelques idées intéressantes
⊗ D’autres idées discutables
⊗ Un ton qui passe souvent du coq à l’âne
⊗ Un abus de style qui ne fonctionne pas toujours
note6
Si XXXholic n’est pas dénué de certaines qualités, notamment techniques, ou au niveau de son casting, il peine à convaincre sur la durée, avec des enjeux parfois maigres, une alternance entre des tons trop légers et des tons plus graves en permanence, et quelques scènes de mauvais goût.


Titre : XXXholic – ホリック xxxHOLiC
Année : 2022
Durée :
1h50
Origine :
Japon
Genre :
Fantastique
Réalisation :
Ninagawa Mika
Scénario :
Yoshida Erika
Avec :
Shibasaki Ko, Kamiki Ryûnosuke, Matsumura Hokuto, Tamashiro Tina, Daoko, Nishino Nanase, Yoshioka Riho et Isomura Hayato

XxxHolic (2022) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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