[Film] Vivre pour Survivre, de Jean-Marie Pallardy (1984)


Mike et Ingrid sont un frère et une sœur dont les parents ont été tués par des malfaiteurs. Les deux héros, encore enfants, sont recueillis par Sam, un Américain. Une fois adulte, Mike et Ingrid travaillent avec Sam au sein d’un trafic de diamants en Turquie. En guise de couverture, Ingrid est la secrétaire du patron d’une mine de diamants, dans laquelle des ouvriers déterrent un jour le légendaire « White Fire », le plus gros diamant du monde. Ingrid et Mike décident alors de comploter pour voler le White Fire.


Avis de Cherycok :
Si vous nous suivez depuis quelques temps, vous connaissez mon amour immodéré pour les nanars et tout ce qui s’en rapproche. Mais à l’instar d’œuvres cultes du 7ème art que je n’ai toujours pas vues, par peur d’être déçu peut-être, ou parce qu’elles ne m’ont jamais tenté, il y a de ces nanars cultes que je n’ai jamais pris le temps de regarder. Je n’ai jamais vu par exemple Hitman le Cobra (1987) et son fameux « Philippe ! Je sais où tu t’caches ! Viens ici que j’te bute enculé ! » ou jusqu’il y a quelques jours le très célèbre, dans le milieu du cinéma bis, Vivre pour Survivre (1984), alias White Fire, qui a fait les joies des Nuits Nanarland. Considéré comme un des plus grands nanars jamais réalisés, Vivre pour Survivre est un OFNI où absolument rien ne va. Un film très étrange qu’on regarde presque avec fascination tant tout est bancal, tant tout est à côté de la plaque, tant tout est out of this world. Et pourtant, ce que je redoutais arriva, bah je me suis quand même un peu fait chier…

Vivre pour survivre est l’œuvre de Jean-Marie Pallardy, ou plutôt John M. Pallardy si on en croit le générique car c’était mieux d’américaniser son nom à l’époque pour vendre son film partout. Vous ne connaissez pas Jean-Marie Pallardy ? Le bonhomme a commencé dans le cinéma érotico porno rigolo dans les années 70 avec des films tels que L’Arrière-Train Sifflera 3 fois, Règlement de Femmes à OQ Corral, L’Amour chez les Poids Lourds ou encore Le Journal Érotique d’un Bûcheron. Mais l’homme est un vrai touche-à-tout et on le retrouve en tant que producteur, et acteur dans un petit rôle, dans le bruceploitation Bruce Contre-Attaque (1982), réalisateur dans la série B franco-turque Le Ricain (1977), dont la musique est signée Ennio Morricone (rien que ça), les polars Foxtrap (1987) et Overdose (1987), ou encore plus proche de nous le polar érotique Kill For Love (2009). Il a également écrit des livres car, c’est vrai, c’est dommage de limiter son « talent » au cinéma. Et donc en 1984, il sort tant bien que mal, avec des fonds anglais, tourné en Turquie pour toujours plus de belles moustaches, son « chef d’œuvre » Vivre Pour Survivre. Au casting, des habitués du réalisateur tels que Jess Hahn (L’Ile Mystérieuse, Le Ricain), des acteurs habitués de la série B comme Fred Williamson (Les Guerriers du Bronx, Les Nouveaux Barbares), venu encaisser leur chèque sans faire trop d’efforts, du joli minois tentant un suicide cinématographique (hein Belinda Mayne) et puis, le plus fabuleux d’entre tous, à la carrière pourtant pas inintéressante, à la coupe de cheveux en totale roue libre, se demandant pourquoi il s’est engagé dans cette galère, Robert Ginty (Retour, Le Droit de Tuer). Les a-t-on menacés de mort pour qu’ils se retrouvent tous embarqués dans cette galère ? Leur a-t-on promis monts et merveilles ? Une chose est sûre, c’est qu’on reste ébaubi lors du visionnage de Vivre pour Survivre, en se demandant sans cesse comment il avait été possible de mettre en boite un machin pareil sans que personne ne se rende compte de la supercherie. Car comme dit en introduction, rien ne va dans ce film étrange et un peu fou.

Des scènes foireuses succèdent à des scènes foireuses avec cette impression d’absence de réel fil conducteur et que plein de scènes ont été tournées, sans forcément de ligne directrice, puis mises bout à bout, montées un peu n’importe comment, pour péniblement arriver à faire un film. Chacune de ces scènes a forcement quelque chose qui cloche. Outre notre héros dont la crinière semble avoir sa propre vie et dont le look général nous fait pouffer de rire à chaque plan, il y a toujours quelque chose qui ne va pas. Soit on a droit à des dialogues complètement à côté de la plaque, soit c’est des scènes extrêmement gênantes qui viennent se pointer comme lorsque on nous fait comprendre, de manière très très insistante, que notre gentil héros moustachu se ferait bien péter sa sœur sans que ça le fasse sourciller. Parfois, ce sont des moments sortis de nulle part parce que, eh bien, pourquoi pas ? Un petit exemple ? Nous sommes sur un port, gros cargos, conteneurs, classique quoi. Notre héros et sa sœur se font attaquer par des méchants sbires turcs à moustaches et aux têtes aléatoires. Quand les méchants semblent prendre le dessus, John M Pallardy s’est dit que « hey, on va mettre un mec qui tronçonne des rondins de bois ». Qu’est-ce qu’il branle là ? Bah, pourquoi pas ? Et puis comme ça ils vont lui piquer sa tronçonneuse. Et c’est rempli de trucs comme ça qui arrivent comme un cheveu sur la soupe sans que la cohérence soit interrogée à quelque moment que ce soit. Citons également cette jeep qui avance sur un plan, recule sur le suivant, avance à nouveau, recule à nouveau. Même le monteur semblait bourré. Et puis, pourquoi ce bâtiment futuriste avec des gardes aux looks de Dark Vador dans Turkish Star Wars ? (Ça a dû être récupéré d’un film de SF turc tourné peu de temps avant). Pourquoi la nana qui bronze dans un port industriel ? Pour le quota boobs sans doute. Pourquoi les mitrailleuses en bois ? Pour économiser sur le budget sans doute. Pourquoi cet hôpital de chirurgie esthétique où tout le monde est court vêtu et semble sortir d’une secte ? Pourquoi l’imitation du pingouin ? Ce film est un grand mystère. Le problème, c’est qu’en dehors de tous ces moments complètement fous, et bien on s’ennuie. Je dirais même plus : on s’emmerde menu. A n’en pas douter, dans une Nuit Nanarland, avec des festivaliers déjà conquis par le film et qui s’émulent les uns les autres, l’ambiance doit être folle. Mais devant son poste de télévision, même en priant chaque soir le Dieu Nanar pour le remercier pour tous ces mauvais films sympathiques, ce n’est pas forcement la même. Vivre pour Survivre est un peu chiant, certes improbable et rigolo à de nombreuses reprises, mais malgré tout un peu chiant.

LES PLUS LES MOINS
♥ La dégaine de Robert Ginty
♥ Des moments fous
♥ Tout est complétement aux fraises
⊗ Mal rythmé
⊗ Trop long
⊗ Des scènes inutiles

Note :
Note nanar :

Vivre Pour Survivre a beau être culte pour bon nombre de nanardeurs qui se respectent, a beau compter durant ses 1h41 bon nombre de moments WTF, il n’aura pas eu l’effet escompté. Peut-être en attendais-je un peu trop ?

LE SAVIEZ VOUS ?
• Les titres White Fire, qui est joué pour la première fois juste après le générique, lorsqu’on entend « Istanbul, vingt ans plus tard », et One Day At A Time, qui fait écho à la tristesse de Mike à la moitié du film, sont interprétés par le groupe Limelight.

• En 2015, le film a été présenté dans un épisode de l’émission Best of the Worst de Red Letter Media, avec Future War et The Jar. Les animateurs ont critiqué ce qu’ils considéraient comme de fréquentes connotations incestueuses présentes dans le film, le qualifiant de “porno fétichiste mal déguisé”.



Titre : Vivre pour Survivre / White Fire
Année : 1984
Durée : 1h41
Origine : France / Turquie / Angleterre
Genre : Nanar en demi-teinte
Réalisateur : Jean-Marie Pallardy
Scénario : Jean-Marie Pallardy

Acteurs : Robert Ginty, Fred Williamson, Belinda Mayne, Jess Hahn, Mirella Banti, Diana Goodman, Gordon Mitchell, Ayten Gökçer, Henri Guégan

 Vivre pour survivre (1984) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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