[Film] Les Trolls, de Mike Mitchell et Walt Dorn (2016)

Connus pour leur crête de cheveux fluos et magiques, les Trolls sont des créatures délirantes et joyeuses et surtout les rois de la pop. Mais leur monde d’arcs-en-ciel et de cupcakes est changé à jamais lorsque leur leader Poppy, accompagnée de Branch et tous ses amis, doit se lancer dans une mission de sauvetage qui l’entraînera loin de ce petit paradis.


Avis de Cherycok :
Lorsqu’on a trois enfants, que c’est les vacances, mais que malheureusement le temps n’est pas au beau fixe, il faut bien trouver des occupations. Quand soudain : « Et si on allait tous au cinéma ? ». En voilà une idée qu’elle est bien belle ! Petit coup d’œil aux sorties du moment qui pourraient convenir à des enfants de 4 et 6 ans, et quelques minutes plus tard se dégagent deux films : un truc avec des cigognes et Les Trolls. Un petit coup d’œil aux deux bandes annonces et le verdict des trois bambins est sans appel, ça sera Les Trolls. Et la bande annonce nous promet du lourd ! Des couleurs psychédéliques, des danses et des chansons, du scrapbooking, des trolls aux cheveux multicolores qui font caca des cupcakes et qui pètent des paillettes, et pleeeeeeeeeeeeeeein de bons sentiments. Ça va être long, ça va être dur, mes yeux et mes oreilles vont saigner. Mais quand le devoir nous appelle, il faut savoir se sacrifier. Nous voilà donc en route pour ce qui s’annonce être une rude épreuve. Je suis dans la voiture, le regard vide, les jambes tremblotantes, apeuré tel un soldat partant au front. Le doux bruit des trois enfants piaillant à l’arrière me semble lointain, je ne suis plus que l’ombre de moi-même. Mes jambes me portent toutes seules jusque dans une salle bondée de mioches tous impatients d’assister à ce spectacle, et de parents qui auraient préféré être dans la salle d’à côté devant Dr Strange. Mais notre devoir de parent est plus fort que tout, et lorsque le film se lance, nous n’avons plus d’autre choix que de se résigner et de subir, en espérant que les dommages collatéraux ne soient pas trop importants. 1h30 plus tard et deux douzaines de neurones en moins, je suis encore en vie. J’ai survécu et j’ai même ri ! Mais punaise que ce fût rude…

Pour les plus jeunes d’entre nous qui ne connaitraient pas ces petites créatures aux cheveux hirsutes et colorés, elles ont été créées par la société Dam Things à la fin des années 50 mais connaitront un succès mondial dans les années 80 et 90 avant de complètement disparaitre de la circulation dès les années 2000. Et les petits gars de chez Dreamworks, pour je ne sais quelle raison, décident de racheter les droits et annoncent avoir « de grands projets pour la franchise ». Et ça commence donc avec ce film d’animation au budget assez faramineux de 120M$US, tout sobrement intitulé « Les Trolls », initialement prévu pour 2015 mais finalement repoussé à cet automne 2016. Le film se baserait également sur la trilogie de romans de Terry Pratchett (Le Disque-Monde) Le Grand Livre des Gnomes. Pour la mise en scène, Dreamworks ont fait appel à Mike Mitchell, réalisateur de Bob L’Éponge Le Film, Alvin et les Chipmunks 3 ou encore de Shrek 4, et Walt Dohrn, scénariste du 3ème volet des aventures de l’ogre vert et de son acolyte l’âne. Pour donner vie à ces petites créatures, on retrouve pour la version originale Anna Kendrick (Twilight, In The Air), Justin Timberlake (Time Out, Bad Teacher) ou encore l’ex chanteuse du groupe No Doubt Gwen Stefani. Pour les voix françaises, ça se gâte un peu et sur le papier n’inspire clairement pas confiance avec le duo de chanteurs pour ado Louane / M. Pokora. Oui, je sais, ça fait peur. Mais contre toutes attentes, et même si le doublage de Louane manque clairement de punch, le résultat est plus que correct. Il était de toute façon obligatoire de mettre ce type d’interprète pour un film destiné à un public très jeune dans lequel on trouve moult chansons réinterprétées en français.

Parce que oui, comme dit dans l’introduction, ça chante. Ça chante pas mal. Et comme je fais partie de la catégorie de ceux qui détestent les passages où ça chante dans les dessins animés (et les films de manière générale), ça chante même beaucoup ! Nos petits trolls vont réinterpréter à leur sauce bon nombre de tubes connus tels que D.A.N.C.E de Justice, Can’t Stop the Feeling de Justin Timberlake, Hello de Lionel Ritchie, I’m Coming Up de Diana Ross, True Colors de Cindy Lauper ou encore September de Earth Wind & Fire. Je ne nie à aucun moment le côté entrainant ni même les qualités intrinsèques de tous ces titres, soyons clair là-dessus, c’est juste que couplé à des trolls aux couleurs diverses et variées bougeant leur popotin en rythme en vomissant des arcs en ciel, le spectacle a de quoi laisser bouche bée. Ah ça, les enfants étaient ravis. Moi j’ai laissé à tout jamais dans cette salle de cinéma un peu de ma santé mentale. Car lorsque en introduction la phrase « des trolls aux cheveux multicolores qui font caca des cupcakes et qui pètent des paillettes » est écrite, ce n’est pas pour faire joli, c’est parce que les trolls de ce film font vraiment caca des cupcakes et pètent des paillettes !!! Et les autres trolls mangent ces cupcakes !!! À n’en pas douter, ce film a été conçu sous LSD et psylos…
Alors oui, le public visé, c’est les enfants. Oui, nos trois chers bambins sont clairement sortis enchantés de la séance avec l’envie pressante de le revoir à la maison. Mais qui c’est qui les amène au cinéma ? C’est les parents ! Et eux ils souffrent en silence, ils n’ont pas le choix ! Parce que pour couronner le tout, on te vomit à la gueule (en plus des arcs en ciel) du bon sentiment qui sent bon la guimauve bien dégoulinante du début à la fin ! Vous voyez le monde des Bisounours ? Et bien là, on est encore un cran au-dessus. Exit le cul-cul de bas étage, ici on est dans la niaiserie rose bonbon top niveau avec le happy end en mode over the top.

Mais le pire dans tout ça, et c’est ce qui est le plus surprenant, c’est que ça fonctionne ! On ne sait par quel miracle on se laisse prendre par ce tourbillon à ras la gueule de couleurs, de chevelures improbables, de câlins, de bonnes paroles. Mais pourtant on suit avec plaisir les aventures de Popp, petite troll insouciante et toujours enjouée, et de Branch, troll bien plus renfermé, ayant subi un traumatisme et n’étant pas dans la même mouvance que les autres. On suit leurs aventures parfois rocambolesques avec plaisir. On se marre comme des cons devant les blagues à la noix d’un nuage qui parle. Car malgré le rose pétard et les boules à facettes, l’ensemble se tient en étant parfaitement cohérent du début à la fin. Les Trolls prônent pas mal de valeurs telles que l’amitié, l’entraide, ou encore la tolérance, qui parleront forcément à nos chères petites têtes blondes et qui fonctionnent malgré tout sur les plus grands également. Pas de double lecture comme c’est le cas dans beaucoup d’autres films d’animation, surtout chez Pixar, mais un film extrêmement premier degré qui se lance dans une ligne directrice et qui ne la quitte jamais. Au niveau de la technique, l’animation est réellement réussie (et heureusement vu le budget !). Dreamworks ne révolutionne strictement rien avec Les Trolls mais ils n’ont pas à rougir de la concurrence. Ça bouge bien, et hormis la palette de couleurs à faire avoir une crise à un épileptique, bien trop importante pour nos pauvres yeux pas habitués, l’univers est clairement enchanteur pour tous les enfants qui se rendront dans les salles obscures.

LES PLUS LES MOINS
♥ Parfait pour les enfants
♥ L’humour fonctionne bien
♥ Scénario simple mais efficace
⊗ Trop de couleurs
⊗ Trop de bons sentiments
⊗ Trop de chansons / danses
Il y a fort à parier que les plus jeunes spectateurs ressortiront comblés du programme proposé par les Trolls. Les parents eux, malgré un spectacle au final plutôt plaisant, risquent d’y laisser quelques dixièmes à chaque œil ainsi que quelques neurones.



Titre : Les Trolls / Trolls
Année : 2016
Durée : 1h32
Origine : U.S.A
Genre : Psychédélique
Réalisateur : Mike Mitchell, Walt Dorn
Scénario : Jonathan Aibel, Glenn Berger

Voix VF : Louane Emera, M. Pokora, Olivier Chauvel, Gabriel Bismuth-Bienaimé, Achille Orsoni, Emmanuel Curtil, Patrick Préjean

Voix VO : Anna Kendrick, Justin Timberlake, Gwen Stefani, Kunal Nayyar, Russell Brand, James Corden, Zooey Deschanel, John Cleese

 Les Trolls (2016) on IMDb
















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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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