[Film] The Dead Next Door, de J.R. Bookwalter (1989)

Un chercheur a mis au point le virus ultime : il pénètre à l’intérieur des cadavres, remplace leurs cellules mortes et les transforme en esclaves avides de chair humaine. Le virus devenu incontrôlable, le gouvernement créé alors une unité de soldats dont la mission est d’exterminer les morts-vivants et de protéger les survivants de cette redoutable épidémie.


Avis de John Roch :
Y aller au culot, ça a du bon. Prenez J.R. Bookwalter, marqué au fer rouge par Evil Dead, qui débarque dans le bureau de Sam Raimi pour lui soumettre un scénario qu’il verrait bien produit par son idole. Et ça marche, le réalisateur de Mort sur Le Grill accepte à deux conditions: qu’il ne soit pas crédité et que sa contribution ponctionné sur son salaire pour Evil Dead 2 reste secrète. La légende raconte que Raimi aurait conclu le deal sur ces mots: «Fangoria ne doit surtout pas le savoir». Il faut dire que la popularité du magazine aurait pu être un danger potentiel pour Evil Dead 2, Raimi avait été payé pour le second opus de la trilogie, mais celui-ci n’était pas encore entièrement financé, et forcement cracher des billets alors que dans le même temps on en cherche, ça le fait moyen. Sauf qu’à Fango, on la fait pas. Déjà, d’avoir la production d’un métrage annoncé avec à sa production un certain The Master Cilynder, ça interpelle. Puis J.R. Bookwalter, il n’a pas été très discret, et le nom de Sam Raimi a commencer à apparaître dans les journaux locaux. Une histoire qui aura donné une belle visibilité à The Dead Next Door, qui de production fauchée est passé à film de zombie s’annonçant cradingue produit par Sam Raimi déjà culte avant sa sortie.

J.R. Bookwalter avait 19 ans lors du premier clap et met en scène son film en un été (mais achevé quatre ans plus tard), tourné en super 8 pour un budget total estimé à 125,000 Dollars, ce qui en fait le film le plus cher tourné sur ce format de pellicule. Au royaume des métrages tournés au caméscope familial, The Dead Next Door fait office de blockbuster et tout aussi fauché soit-il, il y a tout de même une forme d’ambition et d’envie de donner le maximum pour donner à l’amateur de films du genre ce qu’il est venu chercher. Et le pari est relativement bien tenu, du moins pour les mordus de zomblards et les tolérants aux films sans le sou. Coté histoire, vous connaissez la chanson: « When there’s no more room in hell, the dead will walk the Earth », les zombies ont envahi le monde et une unité d’élite, la zombie squad, est créée pour protéger la population. Parce que dans The Dead Next Door, le monde est baisé mais pas trop, il y a encore de la vie et une population qui se divise en pro et anti-zombies. On va dire que ça donne un genre de coté social à la Romero (source d’inspiration plus qu’évidente mais j’y reviendrai) mais ça ne sert à rien, les scènes tournées à l’arrache font que le petit univers post-apocalypse zombie dépeint n’est jamais crédible, et surtout ce n’est pas le sujet. La zombie squad part en mission pour trouver l’antidote capable de sauver le monde car seul chose qui peut éradiquer le virus zombie (ici une balle dans la tête, ça ne marche pas). Comme toujours, le vrai monstre n’est pas celui que l’on croit, et en plus des zombies il y a l’habituelle menace humaine, ici une secte qui vénère les morts-vivants. Une référence directe à Jim Jones et au suicide collectif de Jonestown au Guyana, qui une fois encore ne sert pas à grand-chose, en plus d’apporter une sous intrigue qui pourrait être la définition même de l’inutilité, mais en bon fanboy de Romero, J.R. Bookwalter tente d’amener un petit fond à son métrage. De toute façon, en dehors de quelques moments référentiels (un zombie loue Dawn of The Dead, les personnages se nomment Raimi, Carpenter, Savini…) The Dead Next Door doit énormément au Jour Des Morts-Vivants dont l’inspiration saute aux yeux dans certaines scènes et idées.

Techniquement, forcement The Dead Next Door ne brille pas. L’aspect amateur est prononcé, la lisibilité des scènes nocturnes varient d’une scène, voire d’un plan, à l’autre. Si les dix premières secondes annoncent une mise en scène dynamique qui renvoi à Sam Raimi, ce sera quasiment la seule fulgurance, le reste du film étant soit platement réalisé soit bordélique,le jeune metteur en scène ayant visiblement eu du mal à donner des indications aux (nombreux) figurant grimés en zombies, qui font n’importe quoi, ou rien du tout, en arrière plan. La direction d’acteur n’est pas mieux, ceux-ci sont des amateurs mais font ce qu’ils peuvent, tout en sachant parfois ne pas savoir quoi faire. Mais ce qui décrédibilise surtout les acteurs, c’est le doublage en post production (en partie assuré par Bruce Campbell. On retrouve également de la team Evil Dead Scott Spiegel en tant qu’acteur) qui ne fonctionne absolument pas. Des tares propres à ce type de films, que l’on peut pardonner par l’inexpérience du très jeune réalisateur et de son budget et équipement plus que modeste. Quant à son scénario, il vaut ce qu’il vaut mais bien que sous inspiration il y a un effort de fait dans l’écriture qui fait passer la pilule entre deux attaques de zombies gore comme il faut. Car niveau SFX, le film tient très bien la route. A ce niveau tout à été donné et ça se sent à l’écran. Passons sur les maquillages cheap des zombies quand il y en a plus de 10 à l’écran (et parfois, ils y en a plein), The Dead Next Door se montre assez généreux et propose son lot de morsures bien méchantes, d’étripages craspecs, de têtes tranchées, de marionnettes et d’animatroniques parfois impressionnantes vu le maigre budget. Tout aussi cheap, pas très heureux techniquement et sous forte influence soit-il, dans le monde du super Z The Dead Next Door n’a pas vraiment à rougir, on sent la volonté de livrer le meilleur produit possible avec un minimum de professionnalisme, de passion et de rigueur.

LES PLUS LES MOINS
♥ Plein de zombies, certains plutôt crades
♥ C’est gore
♥ Les SFX loin d’être déshonorants
♥ La forme d’ambition malgré l’étroitesse du budget
⊗ Les maquillages des zombies quand il y en a beaucoup à l’écran
⊗ Techniquement, c’est cheap
⊗ Ça joue mal
⊗ On sent un peu trop les influences

Dans le monde du Z, The Dead Next Door n’a pas à rougir. Il y a une forme d’ambition et d’envie de donner le maximum pour combler l’amateur de films du genre et de lui servir ce qu’il est venu chercher. Le pari est tenu sur certains points, du moins pour les mordus de zomblards et les tolérants aux films sans le sou.



Titre : The dead next door
Année : 1989
Durée : 1h18
Origine : USA
Genre : Par un fan pour les fans
Réalisateur : J.R. Bookwalter
Scénario : J.R. Bookwalter

Acteurs : Pete Ferry, Bogdan Pecic, Michael Grossi, Jolie Jackunas, Robert Kokai, Floyd Ewing Jr., Roger Graham, Scott Spiegel

The Dead Next Door (1989) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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