[Film] The Banana Splits Movie, de Danishka Esterhazy (2019)

C’est l’anniversaire du petit Harley, accompagné de son frère Austin, de sa mère Beth et de son beau père Mitch, ils assistent à l’enregistrement de l’émission télévisée The Banana Splits. Mais des événements inattendus se passent et la captation prend une nouvelle tournure. Est-ce que Harley, sa famille et ses nouveaux copains vont réussir à s’échapper du studio en toute sécurité ?


Avis de John Roch :
Si cela n’a jamais été confirmé, le scénario de The Banana Splits Movie aurait été écrit sur des restes d’une adaptation du jeu vidéo Five Nights at Freddy’s qui n’a jamais vu le jour, du temps où la Warner en avait les droits. Ce qui expliquerait la mouche qui a piqué le studio quand les producteurs ont décidé de déterrer Bananas Splits Adventure Hour et d’en faire ce qui a été vendu comme une comédie horrifique. Pour rappel pour ceux qui ont découvert la chose diffusée en France sur l’ORTF entre 1970 et 1975, et pour info pour ceux qui ne connaissent pas, The Banana Splits Adventure Hour est un show de 2 saisons créé par Hanna-Barbera en 1968, dans laquelle des gars déguisés en grosses peluches faisaient les pitres sur un plateau de télévision, entre-coupé de dessins animés. Rebooté en 2008 sans succès, c’est donc sous la forme d’un film que le quatuor d’animaux ressuscite, sans doute grâce à un exécutif de la Warner à la mémoire vive qui a eu l’idée d’ en faire des peluches des animatroniques qui renvoient directement au jeu sus-mentionné, et après tout pourquoi pas ? Ce n’est pas chez nous que Casimir deviendrait la star d’une production horrifique. À la mise en scène on retrouve Danishka Esterhazy, cinéaste d’origine Canadienne qui n’en est pas à son coup d’essai. La réalisatrice a livré en plus d’une flopée de courts métrages H&G, sa version de Hansel et Gretel ; Level 16 qui prend place dans un internat pour jeunes filles au méthodes peu orthodoxes. Puis, après le film qui nous intéresse ici, I Was Lorena Bobbit (tiré d’un fait divers ayant fait du bruit en son temps, la dame ayant tranché le pénis de son mari pour cesser les viols et violences conjugales dont elle était victime, mais qui ne s’arrête pas là puisque la suite de l’histoire est pour le moins insolite), et bientôt le remake de Slumber Party Massacre. Si l’on se fie à l’idée de départ, The Banana Splits Movie a tout de l’œuvre fun et second degré, et une sorte de récréation pour la réalisatrice, c’est pourtant bien sur un ton très premier degré que le film est traité, mais même pris tel quel, le métrage peine à convaincre.

C’est l’anniversaire de Harley, fan de l’émission Banana Splits, et comme cadeau il va assister à un enregistrement d’un épisode avec sa mère, son frère, son beau père et une gamine qui n’est même pas son amie. Tout ce passe pour le mieux jusqu’à ce que le fraîchement nommé directeur de la programmation décide que cette émission sera la dernière. L’information arrive jusqu’aux oreilles des grosses peluches, en fait des animatroniques ultra sophistiquées (on dirait des mecs dans un costume) dont le mot d’ordre de leur dernière mise à jour est « The show must go on », autant dire que lorsqu’ils apprennent la déprogrammation de leur show, ça va légèrement détraquer leurs systèmes. Point de massacre de masse de spectateurs ici, puisque l’action va se concentrer sur un groupe qui a accès aux coulisses à la manière d’un Charlie qui trouve le ticket d’or. Groupe qui va se séparer en plusieurs et qui vont chacun leurs tours se retrouver face aux animatroniques. The Banana Splits Movie prend la forme ultra rabâchée du film d’horreur sans inspiration, ce qui ne serait pas un problème en soit si le film avait quelque chose à raconter ou ferait juste l’effort de faire preuve d’un minimum d’originalité, passé le concept qui n’est de toute façon pas exploité, tout comme certains thèmes qui sont abordés pour disparaître aussi tôt. Il y a pourtant des choses intéressantes, comme les dessous des enregistrements en direct du show, mais cela se concentre sur un seul personnage (le sidekick humain de show, un rôle un assez humiliant), mais il meurt juste avant que son personnage ne commence à susciter l’intérêt. Il y a aussi ce père de famille qui fait du forcing pour que sa fille perce dans le show biz, mais là encore le trop peu d’importance consacré tue l’idée dans l’œuf. Reste le petit Harley qui aurait pu représenter une métaphore de la fin de l’enfance, mais c’est à peine esquissé, si ce n’est inexistant. Harley justement, sa famille est bien trop clichée pour qu’on puisse s’y attacher. On retrouve donc l’ado mal dans sa peau mais qui sait se montrer bienveillant envers son petit frère, et qui entretient une relation conflictuelle avec son beau-père. Celui-ci est un connard qui n’en à rien à faire de sa famille et passe son temps scotché sur son téléphone pour des raisons professionnelles, ou presque.

Quant à la maman, celle-ci ferme les yeux sur tout ça mais troque le pull pour un débardeur et se transforme en femme badass dès lors qu’il s’agit de protéger sa progéniture, puisant sa force dans un drame familial un peu facile. Les détracteurs de la sacro sainte vision des valeurs familiales propre au cinéma Américain vont adorer. Passons sur le reste des personnages, trop creux pour que l’on s’y attarde. Le scénario de The Banana Splits Movie part dans plusieurs directions sans pour autant les exploiter, couplé à des personnages dont on se contrefout, rempli de facilités scénaristique qui n’arrange pas l’ histoire (la présence de la famille après le show, l’animatronique pas si méchante…) et ce n’est pas la présence des animatroniques tueuses qui va remonter le niveau. Certes leurs assauts sont plutôt gores et même parfois brutaux, mais ils sont si rares et interviennent tellement tard dans l’intrigue que le film en devient mou et trop long, pourtant ça ne dure qu’une minute de moins qu’une heure et demi. Dommage car techniquement le film est propre, la mise en scène est carrée et la photographie très belle, les effets spéciaux sont convaincants et quelques scènes fonctionnent, mais ça ne suffit pas à maintenir l’intérêt. Dans le genre animatroniques déglinguées, on préférera sans hésitation Willy’s Wonderland, qui se limite à son concept mais à le mérite de l’exploiter, et où ne serait-ce qu’une scène où Nic Cage déboîte la bouche d’un de ses adversaires met à l’amande l’entièreté de ce Banana Splits Movie qui est à oublier.

LES PLUS LES MOINS
♥ Des effets gores convaincants
♥ La mise en scène et la photographie
⊗ Trop premier degré
⊗ Que c’est long
⊗ Que c’est mou
⊗ Un scénario qui part dans plusieurs directions sans les exploiter
⊗ Des facilités scénaristiques
⊗ Des personnages creux et clichés
Avec son pitch de base, The Banana Splits Movie avait tout du film supposé fun et second degré. C’est tout le contraire et l’aspect technique du métrage et ses quelques rares scènes gores ne sauvent pas son rythme mou et son scénario qui ne sait pas quoi faire de son concept.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le bruitage utilisé pour le splits sont le même que celui de 2001 : l’odyssée de l’ espace, lorsque Dave bowman quitte Discovery one.
• Le casting vocal des splits version 2008 devait rempiler pour le film, ils seront finalement doublés par Eric Bauza.
• Le studio Taft, ou se déroule le film, est un hommage a Taft broadcasting, ou s’ est tournée la série original.


Titre : The banana splits movie
Année : 2019
Durée : 1h29
Origine : Canada
Genre : animatroniques déglinguées
Réalisateur : Danishka Esterhazy
Scénario : Jed Elinoff et Scott Thomas

Acteurs : Dani Kind, Steve Lund, Celina Martin, Finlay Wojtak-Hissong, Sara Canning, Romeo Carere, Maria Nash, Kiroshan Naidoo, Eric Bauza

 The Banana Splits Movie (2019) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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