[Film] Terrain Miné, de Steven Seagal (1994)


Un expert en lutte anti-incendie de pétrole est engagé par une compagnie pétrolière pour résoudre un problème de détail, mais il se rend compte que c’est l’équilibre écologique de toute une région qui est en jeu. Il entre en conflit avec ses mandataires… jusqu’à l’explosion de l’action ainsi que d’une raffinerie…


Avis de Cherycok :
Puisque je me fais petit à petit la filmographie de Steven Seagal, après Piège en Haute Mer vient logiquement Terrain Miné, une bobine avec une bien moins bonne réputation que le film précédent. On croyait en Steven Seagal à cette époque, il était au sommet de son art, et en plus d’injecter 50M$US de budget dans le film, Warner Bros confie à Saumon Agile le poste de réalisateur pour ce qui sera sa seule et unique réalisation. Faut dire qu’entre les 40 pauvres millions au box-office mondial (bien qu’il se rattrapera avec les droits vidéos) et ses 6 nominations aux Razzie Awards (les oscars pour les mauvais films en gros), ça a dû le décourager de recommencer. Oui, 6 nominations aux Razzie, celle du Pire Film, celle du Pire Acteur pour Seagal, celle de la Pire Actrice pour Joan Chen, celle du Pire Scénario, celle de la Pire Chanson Originale et enfin celle de la Pire Réalisation qui sera remportée par Seagal et son film. Oui, ça a dû lui faire mal au cul à Saumon Agile, d’autant plus qu’il avait un égo gros comme une pastèque. Mais bon, en même temps, c’est vrai que ce n’est pas terrible comme film…

Des connards d’une industrie pétrolière se foutent complètement de leur impact sur l’environnement, et Steven Seagal est l’homme de la situation pour leur faire comprendre que la nature, c’est bien, et qu’il faut la préserver. Et s’il faut leur mettre des coups de satons dans la gueule pour qu’ils comprennent, il ne va pas se gêner. Parce que vous comprenez, les arbres, les animaux, la nature, c’est son dada. Bon, il a un gros 4×4 bien polluant, mais ça ne compte pas ça parce qu’il s’appelle Forrest, et la forêt, c’est la nature, donc ça s’annule. Et puis l’esprit de l’ours est avec lui d’après les autochtones. Voilà à quoi on pourrait résumer le film. Steven, il est badass, il allume ses cigarillos avec un feu d’incendie, il ne bronche pas lorsqu’il y a une énorme explosion derrière lui, il se balade habillé comme un cliché indien (avec les franges et tout) parce qu’il est cool dedans et que les indiens, ce sont ses amis. A vrai dire, Terrain Miné semble être une lettre d’amour de Steven Seagal à son propre égo, avec bon nombre de personnages qui parlent constamment de sa force, de sa grandeur. Je n’invente rien, il y a même l’un d’eux qui dit qu’il boirait de l’essence pour pisser sur un feu de camp, qu’on peut le larguer au cercle polaire en slip et sans brosse à dents et que le lendemain on le retrouverait tranquille au bord d’une piscine, sourire dents blanches et plein de pesos. Oui, Segal est un pro. Tout ça se fait sur la même formule que Échec et Mort : Saumon Agile trouve un homme puissant qui fait le mal, il est laissé pour mort, guéri par un truc spirituel, et il revient se battre aux côtés d’une demoiselle qu’il a récupérée au passage et qu’il mettrait bien dans son lit. Et en plus, il retrouve ici sa petite queue de cheval après l’avoir coupée pour le film précédent, Piège en Haute Mer. Les femmes ne résistent pas.

Quand Steven en a marre d’expliquer avec des mots que c’est pas bien de faire du mal à la nature, il sort donc le fusil et ça commence à trouer des bides. Car oui, on est dans une formule connue. Il casse des bras, éclate des mecs contre des tables, les fait passer à travers des vitres, leur file de grands coups de pieds dans les parties, quand il ne les écrase pas dans la main. Oui, viser les couilles est une de ses passions. Bon, il a toujours ce regard vide de bulot, toujours des soucis d’acting dès qu’il faut jouer quelque chose de plus profond que la bagarre, mais il bouge encore bien le bougre. Les scènes d’action, bien que peu nombreuses (mais avec un final très long), remontent le niveau de l’ensemble. Toujours aussi brutales, toujours aussi axées sur l’impact violent des balles, elles amènent le divertissement que l’amateur de Seagal est venu chercher. C’est violent, bourrin, correctement mis en boite, avec plein de bruit et d’explosions. Tout est ici primaire, manichéen, sans nuance aucune, Seagal laisse parler le côté spirituel de sa personne, mais ça ne fonctionne pas. Ça aurait pu, mais tout est tellement gros et arrive comme un cheveu sur la soupe que ça en devient assez grotesque. Certaines scènes tombent dans le ridicule, comme ce combat dans le bar et la morale qui le conclut, ou encore ce voyage spirituel que Seagal entreprend et au cours duquel il se bat contre un ours et se transforme en aigle. Et puis le message écologiste du film est amené avec un 33 tonnes lancé à toute bringue. Il n’y a absolument aucune finesse dans le propos, un peu à l’image de Seagal. Le message en lui-même est à saluer, mais la façon dont il est amené, nettement moins. Et ce discours écolo imbuvable en guise de final d’une durée de 7 minutes (il en faisait presque 40 avant que la Warner vienne lui dire qu’il ne faut pas déconner non plus) qu’on fait manger au spectateur avec un entonnoir enfoncé jusqu’au fond de la gorge… Quand on frôle le niveau zéro de la subtilité, ça donne ça… Reste de beaux paysages que Seagal sait mettre en valeur suite à un gros travail de repérage, ou encore un Michael Caine excellent en grand méchant cabotin et hystérique, et les scènes d’action qui valent encore le détour, mais oui, Terrain Miné sent pas mal le ratage…

LES PLUS LES MOINS
♥ Steven Seagal
♥ Les scènes d’action bien violentes
♥ De beaux paysages
⊗ Steven Seagal
⊗ Le message écolo bien lourdingue
⊗ Les dialogues
⊗ Des scènes ridicules

Avec son message écolo aussi subtil qu’une brique dans la gueule, son scénario et ses dialogues ne servant qu’à le mettre sur un piédestal, Terrain Miné annonce la longue descente aux enfers de la filmographie de Steven Seagal. Parfois rigolo mais quand même très moyen.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Steven Seagal, producteur et réalisateur, a filmé près de 40 minutes de séquences pour le message environnemental à la fin du film et prévoyait de tout utiliser pour le montage final. Suite aux pressions exercées par Warner Bros et à une avant-première désastreuse, où les spectateurs ont hué, ri et fait des gestes obscènes pendant toute la séquence, Seagal a réduit la scène finale à 7 minutes.

• Seagal a accepté de jouer dans Piège à Grande Vitesse (1995) uniquement si Warner Bros lui permettait de réaliser ce film qui lui tenait à cœur.



Titre : Terrain Miné / On Deadly Ground
Année : 1994
Durée : 1h41
Origine : U.S.A
Genre : Fallait pas emmerder la nature
Réalisateur : Steven Seagal
Scénario : Ed Horowitz, Robin U. Russin

Acteurs : Steven Seagal, Michael Caine, Joan Chen, John C. McGinley, R. Lee Ermey, Shari Shattuck, Richard Hamilton, Billy bob Thornton, Chief Irvin Brink

On Deadly Ground (1994) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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