[Film] Sweetie, You Won’t Believe It, de Yernar Nurgaliyev (2020)

Pauvre Dastan. Au lieu de trouver la paix en allant à une partie de pêche entre amis pour échapper à l’humeur massacrante de son épouse enceinte, il va se retrouver confronté à une bande de gangsters abrutis et à un tueur en série totalement cinglé.


Avis de John Roch :
Nouvelle exclue Shadowz qui mine de rien possède un catalogue qui ne cesse d’avoir de plus en plus de gueule, Sweetie, You Won’t Believe It nous arrive tout droit du Kazakhstan, un pays dont la production cinématographique propre au pays est relativement récente, car avant la chute du bloc communiste et l’effondrement de l’URSS, il était impossible de distinguer un film Russe d’un film Kazakh, à moins de reconnaitre la langue parlée dans le métrage. En terme de cinéma, le Kazakhstan s’exporte peu, bien que les choses commencent à bouger avec notamment la création du Festival du Film Kazakh en France, de quoi se renseigner sur l’actualité d’un cinéma qu’il serait bon de suivre, car si le Kazakhstan possède d’autres cinéastes de la trempe de Yernar Nurgaliyev, on n’est pas à l’abri de quelques petites bombes dans le futur. Non pas que Sweetie, You Won’t Believe It révolutionne ou réinvente le cinéma de genre, mais à défaut d’originalité, le film apporte un petit vent de fraicheur bienvenu, en plus d’être une belle réussite sur bien des points. Pour résumé, Sweetie, You Won’t Believe It est un mélange de survival, de comédie, de slasher et de film choral à la Guy Richie ou à la Tarantino, qui a pour héros Dastan, un homme stressé par sa femme sur le point d’accoucher qui part avec ses amis Murat et Arman pour une journée à la pêche qui va tourner au cauchemar pour le groupe puisque sur place ils vont être témoin d’un meurtre et se faire pourchasser par des gangsters, et comme ci-cela ne suffisait pas la population locale, en la personne d’un Redneck qui aimerait marier sa fille et d’un mystérieux psychopathe dont le chien vient de se faire refroidir vont également s’ajouter à la fête.

Sweetie, You Won’t Believe It est surprenant à plus d’un titre, à commencer par son écriture. Ils ne sont pas moins de six à avoir mis la main à la pate pour rendre hommage à différents genres et force est de constater que le scénario est l’une des principales forces du métrage. Les personnages déjà sont tous aussi attachants les uns que les autres, d’autant plus que l’alchimie entre les acteurs est parfaite, et on se prend d’affection pour ces trois amis bras cassés et loosers dépassés par les évènements, mais aussi pour ces gangsters malades de la gâchette qui passent leur temps à s’engueuler. Deux groupes distincts qui se rencontrent, se séparent et se confrontent, car Sweetie, You Won’t Believe It ne se focalise pas uniquement sur ses 3 héros, mais passe du point de vue d’un groupe à un autre avec une cohérence et une gestion de l’unité de temps à toute épreuve, renforcé par un montage qui tient de la perfection qui ne laisse rien au hasard et passe d’une scène à une autre en embrayant sur des situations qui se multiplient, et malgré le rythme frénétique, le scénario qui se renouvelle sans cesse qui amène toujours plus de nouvelles idées et de quiproquos qui mélangent les genres sans que l’un ne prenne le dessus sur les autres. On est jamais perdu dans ce joyeux bordel qui n’est justement jamais bordélique.

Le montage n’est pas le seul aspect technique réussi de Sweetie, You Won’t Believe It. En plus d’une photographie superbe, la mise en scène l’est également et Yernar Nurgaliyev prouve avec ce métrage qu’il en a dans le ventre et est un réalisateur à suivre. Outre des plans parfaitement cadrés et des travelings parfaitement maitrisés, le cinéaste s’amuse à tenter des choses telles que cette poursuite composée uniquement de plans sur les tronches impayables des personnages, réussi à rendre une partie de cache-cache aussi drôle que tendue, ou s’en sert pour créer la surprise en révélant que le psychopathe du métrage est un artiste martial dans une baston à trois contre un filmée caméra à l’épaule dans le style de Gareth Evans terriblement bien amenée (quand je vous dis que le film se renouvelle sans cesse !). Sweetie, You Won’t Believe It est un film complet, drôle, prenant, attachant, parfois gore, techniquement impeccable, servi par une bonne musique, tout juste entaché par sa durée. Car si de nos jours les métrages s’entêtent à être toujours plus longs pour au final pas grand-chose, ici c’est tout le contraire et le film se révèle être trop court. On n’aurait pas craché sur cinq minutes de plus, de quoi ajouter quelques péripéties supplémentaires, et un développement un peu plus poussé pour certains personnages. Rien de bien grave cependant, Sweetie, You Won’t Believe It est une franche réussite qui mérite le coup d’œil, son réalisateur est à suivre, tout autant que le cinéma Kazakh qui je l’espère persévèrera dans le cinéma de genre.

LES PLUS LES MOINS
♥ Des personnages attachants
♥ L’alchimie entre les acteurs
♥ Un excellent scénario qui part dans tous les sens tout en restant toujours cohérent
♥ Des moments surprenants
♥ La photographie et la mise en scène
♥ Le montage
♥ Le mélange des genres qui fonctionne
♥ Un rythme sans aucun temps mort
♥ Quelques scènes gores réussies
♥ La musique
⊗ Un film trop court

Avec son mélange de genres qui fonctionne, sa technique et son écriture réussies, Sweetie, You Won’t Believe It est une belle réussite qui impose Yernar Nurgaliyev comme un réalisateur à suivre, tout comme le cinéma Kazakh qui, s’il abrite d’autres metteurs en scène aussi talentueux, pourrait nous balancer quelques bombes dans un futur proche.


SWEETIE, YOU WON’T BELIEVE IT est disponible en VOSTFR sur la plateforme de SVOD française SHADOWZ.



Titre : Sweetie, You Won’t Believe It / Zhanym, ty ne poverish
Année : 2020
Durée : 1h24
Origine : Kazakhstan
Genre : Sweetie, you won’t regret it
Réalisateur : Yernar Nurgaliyev,
Scénario : Yernar Nurgaliyev, Daniyar Soltanbayev, Zhandos Aibassov, Il’yas Toleu, Anuar Turizhigitov et Alisher Utev

Acteurs : Daniar Alshinov, Asel Kaliyeva, Azamat Marklenov, Yerlan Primbetov, Dulyga Akmolda, Almat Sakatov, Rustem Zhaniyamanov, Yerkebulan Daiyrov, un cheval qui aura sa petite part d’importance dans l’ intrigue

 Zhanym, ty ne poverish(2020) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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