[Film] Split, de M. Night Shyamalan (2016)

Kevin souffre de trouble dissociatif de l’identité. Il a déjà révélé 23 personnalités, avec des attributs physiques différents pour chacune, à sa psychiatre dévouée, la docteure Fletcher. L’une de ces « identités » reste enfouie au plus profond de lui. Elle va bientôt se manifester et prendre le pas sur toutes les autres. Poussé à kidnapper trois adolescentes, dont la jeune Casey, aussi déterminée que perspicace, Kevin devient dans son âme et sa chair, le foyer d’une guerre que se livrent ses multiples personnalités, alors que les divisions qui régnaient jusqu’alors dans son subconscient volent en éclats.


Avis de Rick :
Shyamalan, je ne croyais plus en lui, déjà que je n’étais pas fan de son cinéma à la base. Mais j’avais bien aimé Incassable à l’époque. Mais la suite était souvent catastrophique : Signes, le Village, La Jeune Fille de l’Eau, Phénomènes, Le Dernier Maître de l’Air, After Earth. Même The Visit en 2015, j’avais trouvé ça mauvais. Beaucoup criaient au génie, au retour du metteur en scène, j’avais trouvé ça quelconque, un found footage parmi tant d’autres. Mais son dernier bébé, Split, me faisait envie depuis les bandes annonces. Oui, donner le rôle d’un mec souffrant de 23 personnalités multiples à James McAvoy, c’était pour moi le bon plan, l’acteur étant très doué et n’hésitant jamais à aller dans la folie. Quand on mélange donc huis clos, James McAvoy, personnalités multiples et Shyamalan au scénario et à la mise en scène, cela donne Split. Et ce n’était pas parfait, souffrant de pas mal de petits défauts dans divers domaines, mais c’était malgré tout très bien. Split donc, c’est l’histoire de Kevin, qui souffre de pas mal de personnalités multiples, et qui d’entrée de jeu, kidnappe 3 jeunes filles qu’il enferme chez lui. Outre James McAvoy, signalant également la présence au casting de Anya Taylor-Joy, découverte dans l’excellent The Witch. Split, à partir de là, tient sur un fil très mince, très déséquilibré, et donc souvent surprenant par certains aspects, et bancals sur d’autres, mais parvenant l’impensable : être prenant, parfois lourd et étouffant, et dans un sens, jouissif.

Ce n’est pas pour rien que s’il est vendu comme un simple film de genre, Split se rapproche beaucoup d’Incassable dans sa façon d’incorporer des éléments fantastiques au récit, qui lui se veut réaliste. En réalité d’ailleurs, dés les premiers instants, le film sera parvenu à me captiver grâce à quelques artifices aussi simples que réussis, comme James McAvoy traînant son otage dans un couloir, nous donnant un plan en contre plongée avec une ambiance sonore lourde. Oui, il suffit de ce genre de plans, ultra simples, pour comprendre où le film veut nous emmener, et pour se rendre compte surtout qu’il y parvient. Split, dans sa première heure, se fait étouffant, lourd, malgré une structure quelque peu prévisible et un montage parfois étrange, mais néanmoins rythmé. Le spectateur pourra très rapidement deviner ce qui va suivre, puisque le film aborde une structure relativement simple et répétitive. Les trois filles sont enfermées, vont trouver un plan, pendant que Kevin ira voir sa psy. On aura droit à un flashback sur le passé de Casey, puis les filles mettent le plan à exécution, qui fatalement échoue, avant de reprendre cette structure encore et encore. Split ne se fait pas très original dans sa structure, mais bien plus dans ce qu’il raconte. On regrettera en tout cas la manière dont le montage amènera parfois certaines scènes, surtout qu’à la fois les flashbacks et les séances chez la psy arrivent finalement très souvent. Et pourtant, le film nous happe, littéralement.

Les personnages et donc les acteurs sont le premier excellent point. James McAvoy trouve là le film parfait pour s’exprimer de manière variée, vu que son personnage a 23 personnalités, et qu’il devra donc jouer différemment, dans le texte forcément, mais également dans sa façon de parler, de bouger, et même dans sa morphologie. Chapeau, l’acteur n’a rarement été aussi bon. Chacune de ses personnalités est différente, et cela est purement jouissif à l’écran. Anya Taylor-Joy est également excellente comme dit plus haut, et heureusement, car les deux autres jeunes filles kidnappées sont transparentes, clichées, et même peu utiles au récit au final. Avec ses deux heures au compteur d’ailleurs, pour peu que l’on adhère au film, on regrettera que ce soit au final si court pour exploiter toutes les pistes que le film nous donne. Car oui, développer le passé de Casey, ainsi que les 23 personnalités de Kevin, ce n’est pas si simple. Certaines personnalités ne seront pas vues, et le montage amène le passé de Casey de manière parfois beaucoup trop artificielle. Mais qu’importe, puisque l’ensemble fonctionne, malgré un final qui, comme le reste du film, a ses hauts, et ses bas. Lors des trente dernières minutes, le film oublie alors son réalisme, parvient à être plus surprenant, mais par la même occasion, surfe parfois un peu trop avec le grotesque sans convaincre à 100%, donnant alors un aspect étrange à l’ensemble. Split, c’est cela, un film déséquilibré, mais parsemé d’éclairs de génie, avec un casting aux petits oignons rendant le tout divertissant, parfois déstabilisant, et on en redemanderait presque.

LES PLUS LES MOINS
♥ James McAvoy énorme
♥ Anya Taylor-Joy, excellente
♥ Une ambiance réussie
♥ Beaucoup de points très intéressants
⊗ Une structure prévisible durant 1h30
⊗ Pas mal d’éléments peu développés
note8
Split est un bon film. Un très bon film même malgré ses défauts. Il flirte parfois avec le grotesque, certains flashbacks s’intègrent étrangement au récit voir le ralentissent, et pourtant, nous sommes captivés de bout en bout, par l’originalité du film et ses acteurs.



Titre : Split

Année : 2016
Durée :
1h57
Origine :
Etats Unis / Japon
Genre :
Suspense
Réalisation : 
M. Night Shyamalan
Scénario : 
M. Night Shyamalan
Avec :
James McAvoy, Anya Taylor-Joy, Betty Buckley, Haley Lu Richardson, Jessica Sula et Izzie Coffey

 Split (2016) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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