[Film] Slaxx, de Elza Kephart (2020)

Une nouvelle paire de jeans s’attaque aux pratiques sans scrupules d’une entreprise de vêtements à la mode. Lorsqu’une caissière idéaliste du magasin phare de la marque est témoin des morts sinistres de ses collègues par la paire de jeans, elle doit tenter de comprendre ce qui anime cet article griffé pour tenter d’arrêter le massacre.


Avis de John Roch :
Slaxx, c’est le genre de film qui fait ce qu’il faut pour attirer l’attention. Son affiche déjà, et son jean qui moule une jolie paire de fesses, et son pitch qui se résume en deux mots : un falzar tueur. Un beau cul, un concept pour le moins insolite, il ne m’en faut pas plus. De quoi s’imaginer un délire second degré, ce qui n’est pas vraiment le cas car la Canadienne Elza Kephart va en profiter pour dresser une critique de l’industrie du textile dans un film très sérieux. Pourquoi pas après tout, partir d’une idée débile c’est bien, si en plus il y a un fond, c’est mieux. Pour les magasins CCC, c’est le grand soir, la mise en vente d’un nouveau jean révolutionnaire, le Super Shaper, un futal qui s’adapte à toutes les morphologies et 100% bio est pour le lendemain et les employés acceptent de travailler de nuit pour mettre la nouvelle collection en place. Seulement l’un des jeans est possédé, et va décimer les employés.

Libby, le personnage principal, qui a rêvé toute sa vie de travailler dans un de ces magasins (ramasser des fringues à longueur de journée, bonjour l’ambition professionnelle) pour leurs valeurs écologiques va vite découvrir l’envers du décors, de la superficialité du monde de la mode et des influenceuses qui en font la pluie et le beau temps à l’hypocrisie de ses collègues, en passant par l’ambition d’un manager prêt à tout pour une promotion. Cette critique de l’industrie de la mode est ce qui fonctionne le mieux dans Slaxx, et qui a un jour bossé dans un H&M ou autre, aux valeurs morales et professionnelles trop belles pour être vraies la regarderont avec un sourire en coin. Mais Elza Kephart va plus loin et semble s’adresser directement aux gens qui s’achètent une bonne conscience en achetant des vêtements fabriqués à partir de matériaux respectueux de la planète, tout en fermant les yeux sur d’autres dérives, au hasard le travail des enfants.

Seulement, réussir dans le fond, c’est bien. Réussir son film, c’est mieux. Et c’est là que Slaxx se plante. Avoir un jean tueur c’est une chose, et malgré des mises à mort parfois originales mais manquant d’impact puisque presque toutes sont hors champs, le mettre dans une structure qui rappelle un slasher lambda le rend finalement peu indispensable, remplacez le futal par un employé du magasin et vous avez exactement le même film. Jean toujours, on sent que Elza Kephart ne savait pas quoi en faire, ce qui explique en partie la courte durée du métrage, mais aussi pourquoi des idées sont abandonnées en cours de route, comme le logo du jean qui se rempli de sang, qui au final ne sert à rien alors que l’on s’attend à quelque chose vu que la réalisatrice le montre à chaque meurtre mais non, on en saura pas plus; le jean qui se constitue un corps pour communiquer et justifier son existence, qui finalement n’amène rien de plus à l’intrigue et va en totale contradiction avec le final, ou encore cette rupture de ton qui ne fonctionne pas avec le jean qui danse sur de la musique Indienne, et pour cause : le film se prend bien trop au sérieux. Ajoutez à cela des personnages inexistants (exception faite du gérant du magasin qui se verrait bien directeur régional, le seul aux dialogues vraiment bien écrits), de facilités scénaristiques (l’une des employées est Indienne, écoute de la musique Indienne et parle le Hindi, pile la langue que parle le jean, parmi les 130 parlées en Inde, mais il comprend l’Anglais aussi, quand il le faut), et des longueurs incompréhensibles au vu de la faible durée du film dues à un montage qui ne coupe pas ses scènes au bon moment, et vous comprendrez qu’un joli cul sur l’affiche et un concept con en apparence, ça ne fait pas mouche à chaque fois.

LES PLUS LES MOINS
♥ Une critique sympa de l’ industrie du textile
♥ Des meurtres originaux….
⊗ Des idées inexploitées, voire abandonnées
⊗ …mais pour la plus part hors champs
⊗ C’est court mais c’est long
⊗ Des facilités scénaristiques
Slaxx est un énorme pétard mouillé. Malgré une critique de l’industrie du textile, de la fabrication aux magasins qui vendent, le film ne réussit pas à exploiter ses idées et reste un film d’horreur tout ce qu’il y a de plus classique.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Il y a un petit bêtisier pendant le générique de fin, ainsi qu’ une scène post-générique complétement inutile.


Titre : Slaxx
Année : 2020
Durée : 1h17
Origine : Canada
Genre : slasH&M
Réalisateur : Elza Kephart
Scénario : Elza Kephart et Patricia Gomez

Acteurs : Romane Denis, Brett Donahue, Sehar Bhojani, Kenny Wong, Tianna Nori, Jessica B. Hill, Erica Anderson, Hanneke Talbot

 Slaxx (2020) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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