[Film] Sinister (2012)

Ellison Oswalt est un romancier spécialisé dans la reprise d’affaires de meurtres ou de disparitions. Son dernier best-seller  date ceci dit d’il y a plus de 10 ans. Avec sa famille, il emménage dans une maison d’une petite fille dans laquelle toute la famille ou presque a été retrouvée pendue dans le jardin. Le premier soir du déménagement, il trouve dans le grenier une boite contenant un petit projecteur 8mm et des films, allant des années 60 à l’année dernière. Ces films montrent en fait diverses familles, et se terminent toujours par le meurtre de ces familles.

Avis de Rick :
Beaucoup d’amateurs du cinéma de genre ne portent pas Scott Derrickson dans leur cœur. A juste raison. Commençant sa carrière en 2000, il signait le premier épisode Direct to Vidéo de la saga Hellraiser pour Dimension Films (le cinquième opus, Inferno). Un épisode assez bancal il faut l’avouer, avec de l’idée, mais un scénario qui trahissait quelque peu (beaucoup ?) la mythologie de base instaurée par Clive Barker. Ceci dit, oui, quelques idées de mise en scène valaient le détour. Par la suite, ça ne se bouscule pas, on avait un Exorcisme d’Emily Rose relativement gentillet, avec les deux mêmes scénaristes que pour le Hellraiser, puis le remake du Jour Où La Terre S’arrêta, avec un Keanu Reeves inexpressif au possible (mais ça, je le dis à chacun de ces films). Le retour de Derrickson à la caméra n’était donc pas attendue, même si en terme de mise en scène pure et dure, le bonhomme sait tenir une caméra, c’est indéniable, mais ces films pèchent surtout au niveau de leurs fonds. Sinister va avoir le même soucis, même le film est néanmoins, pour une fois pour le réalisateur, un carton aux Etats Unis. Avec un budget ridicule de 3 millions, donc, autant le dire, le budget d’un DTV au final, Scott Derrickson aura réussi à terroriser toute l’Amérique. Au vu du résultat final, je me dis que le public Américain n’est toujours pas lassé des effets « bouh fais moi peur » avec le son qui t’explose les oreilles pour te faire sursauter, non pas par peur, mais plus à cause, oui, du son qui monte d’un coup. Pour autant, tout n’est pas à jeter dans Sinister, loin de là. Dans un premier temps, le film fonctionne d’ailleurs du tonnerre. 

On nous présente rapidement une famille qui s’installe dans une nouvelle maison, et en particulier le personnage du père, joué par Ethan Hawke, comme souvent parfait (dans le cinéma de genre, il était déjà très bon dans Daybreakers). Un écrivain qui s’est quelque peu perdu, ne travaillant que pour retrouver sa gloire d’antan, lorsqu’il a fait un Best-Seller. Il garde d’ailleurs ses passages dans des émissions de télé ou autres sur VHS qu’il regarde de temps en temps. L’écriture et la passion ne font plus partis de sa vie, mais à présent, la gloire et le souvenir de sa gloire passée le sont. Un personnage ni tout blanc, ni tout noir, joué à la perfection, et qui s’avère attachant. Dans un premier temps, le film va jouer sur l’ambiance. Les cadrages sont parfaits, la photographie sombre et élégante, et le film nous plonge doucement dans une histoire macabre, avec plus ou moins de talent. L’ambiance nous rappellera d’ailleurs le récent (et réussi) Insidious de James Wan. 

Sans perdre de temps, Derrickson fait découvrir à son personnage un projecteur 8mm et 5 petits films. La découverte et le visionnage de ces petits films vont faire son petit effet sur le personnage, mais aussi sur le spectateur. Toujours tournés sous le même schéma, on découvre à chaque fois une famille, heureuse, s’amusant, profitant de la vie, avant que ne surgisse le drame, l’impensable, avec le meurtre de cette famille, dans des conditions souvent surprenantes. Ces films fonctionnent, et leur durée très courte (2 minutes à chaque fois) les rendent plus percutants. Ellison notre brave écrivain en quête de gloire va y voir une opportunité, malgré le caractère dérangeant des films, et va se lancer dans son enquête. Sinister ne fait pas dans l’originalité, mais parvient à être prenant, grâce à la qualité de sa mise en scène et dans l’ambiance qu’il propose aux spectateurs. Ambiance créée par la magnifique photographie, et par le score musical dérangeant de Christopher Young.

Malheureusement, les bonnes choses ne durent pas, et le scénario de Sinister va rapidement plonger dans le genre fantastique pur et dur avec l’apparition de fantômes, démons et autres. Et avec tout ça, Sinister va plonger également dans les effets faciles pour faire sursauter le spectateur, avec l’apparition de visages à l’écran au dernier moment, aidé par un son beaucoup plus forts que les autres. Oui, on sursaute, mais comme dit, ce n’est pas provoqué par la peur, n’importe quel son plus fort que les autres dans une scène silencieuse surprend. Derrickson va abuser de ces effets, jusque dans la scène finale. Pire, lorsqu’il va se décider à faire apparaître des fantômes, car c’est un peu encore à la mode, le film se plante.

Les fantômes ne sont pas toujours convaincants et feront parfois rires, vu leurs déhanchements (au ralenti SVP) et leurs apparitions faciles. Et là, après quelques petites incohérences, ou plutôt facilités pour faire peur au public Américain, Derrickson retourne pour son final à un style plus classique, et donc plus réussi, malgré un final expéditif. Dommage que son dernier plan soit totalement raté, nous faisant quitter la salle sur une note assez négative, alors que Sinister, malgré quelques fautes de goûts et facilités, se révèle être un métrage plutôt bien filmé, avec un bon point de départ et quelques scènes vraiment marquantes. Son défaut est surtout d’avoir été vendu comme un film de trouille alors qu’il ne fait pas peur, malgré son ambiance.

Sinister n’est pas le film de trouille annoncé, loin de là. Sa première partie est super prenante et réussie, sa seconde moins. Il reste divertissant, et c’est déjà pas mal.

 

 

 

Titre : Sinister
Année : 2012
Durée : 1h45
Origine : U.S.A
Genre : Fantastique
Réalisateur : Scott Derrickson

Acteurs :  Ethan Hawke, Juliet Rylance, Fred Dalton Thompson et James Ransone


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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