[Film] Shopping, de Jim Wynorski (1986)

Un centre commercial vient de s’équiper d’un système de sécurité ultramoderne : trois robots programmés pour parcourir la nuit venue les trois étages du centre et neutraliser d’éventuels malfaiteurs. Mais à la suite d’un orage, les robots deviennent incontrôlables et se mettent à agresser le personnel, ainsi qu’un groupe de huit adolescents travaillant dans le centre et qui ont décidé de rester après la fermeture pour s’offrir une nuit de fête…


Avis de John Roch :
Dans les dictionnaires de cinéma, peu de chance que l’on trouve un jour Jim Wynorski dans les pages de la 23eme lettre de l’alphabet, si ce n’est au rayon tâcheron de la série Z. Il faut dire que dans sa filmographie qui contient à ce jour 107 réalisations, difficile d’y voir quelque chose à défendre. Et pourtant, les accidents de parcours, ça arrive. Il se peut qu’un bon réalisateur sorte un mauvais film, le contraire est également vrai. A l’image d’autres stakhanovistes de la série Z à la filmographie trop énorme pour être vraie, tels Fred Olen Ray (L’Invasion Des Cocons !!!), David DeCoteau (Puppet Master 3, meilleur opus de la saga) ou Dustin Ferguson (que dalle d’après Cherycok qui a eu le courage de se lancer dans la défloration de sa filmo, et je veux bien le croire), si l’on creuse un peu, on peut trouver de bonnes choses chez Jim Wynorski. Le Retour De La Créature Du Lagon par exemple, et avant cette très cool série B, il y a eu son second métrage : Shopping, ou Chopping Mall de son titre original. Oui, dit comme ça, il est vrai que le ratio bon films – mauvais films n’est pas glorieux mais en fouillant un peu, il doit y en avoir d’autres des petits B, ou Z, movies sympas, et ça montre surtout que Jim Wynorski et bon film, ce n’est pas incompatible. Sympa, c’est le mot qui qualifie le mieux Shopping, production Corman (pas Roger, mais sa femme Julie qui semble être un peu plus généreuse en terme de budget et de temps de tournage alloué) de 800,000 dollars, tourné en 22 jours et écrit paraît-il en 24h. Sur ce point cela paraît plausible puisque le métrage ne transpire pas vraiment l’originalité, on parlera plus d’un petit pot pourri d’influences diverses qui se voient à l‘écran.

La première, revendiquée par Jim Wynorski, c’est Gog, film de SF des années 50 dans lequel des robots détraqués s’attaquent à des scientifiques dans une base secrète Américaine. Shopping c’est la même chose, mais transposé dans les 80’s. L’action se déroulant dans un centre commercial (le Sherman Oaks Galleria, où furent également tournés entre autres Commando et Terminator 2), il y a un petit coté tacle à la société de consommation alors au top de sa forme (jusqu’à la tagline de l’affiche « Where shopping can cost you an arm and a leg », si vraie actuellement, mais je m’égare) mais il y a aussi des vigiles d’un genre nouveau : un trio de robots nommés protecteurs, censés garder le centre commercial la nuit. Une nuit justement, un éclair détraque les machines, qui passent de protecteurs à killbots (titre original du film, renommé et remonté suite à des premières réactions négatives). Pour les killbots, il n’y a non seulement plus de différences entre personnel du centre commercial et vandales mais en plus ils sont si détraqués qu’ils en deviennent des psycho killers en puissance (mais d’une grande politesse, ils souhaitent une bonne journée à leurs victimes), ce que vont vite constater des membres du personnel qui font une petite fête sur les lieux. Il ne faut pas plus de vingt minutes à Jim Wynorski pour planter son décor, présenter ses personnages (à noter des caméos de Dick Miller et du duo Paul Bartel – Mary Woronov) et la menace en la personne des killbots, le reste étant dédié à l’action. Car la première qualité de Shopping, c’est son rythme plus que satisfaisant. Aidé par une courte durée, 1h16 génériques compris, le film exploite à fond son idée de robots tueurs et se montre généreux en action. Généreux, Shopping l’est également dans d’autres domaines mais juste un peu. Il y a un peu de boobs (dont ceux de Barbara Crampton), un peu de sang, un peu de cascades, bref un peu de tout ce qui faisait le sel de toutes séries B et Z des 80’s qui se respectent. De la meilleure décennie ever, Shopping en reprend également la structure du sous genre en vogue à cette époque : le slasher movie. Que ce soit des personnages clichés et cons comme la lune, les assauts des killbots qui vont crescendo, ou le final dans lequel la final girl tente d’échapper à son poursuivant tout en prenant les armes pour l’affronter, tout y est. De la à considérer Shopping comme un slasher avec des robots, il n’y a qu’un petit pas qui ne demande qu’a être franchi.

Mais tout aussi sympa soit-il, impossible de ne pas tiquer devant quelques éléments. Il est clair que Shopping est un métrage qui va à l’essentiel et est généreux, c’est tout ce que l’on demande de ce genre de production de toute façon mais parfois, c’est quand même assez débile et des fois pas vraiment cohérent, démontrant la vitesse à laquelle le script a été écrit. Les faux raccords sont par moments énormes, les dialogues sont un brin neuneu mais néanmoins rigolos (dont un « tu sens le poivron » lâché en plein préliminaires), les réactions des personnages sont des fois logiques (la première chose à laquelle ils pensent est de s’armer) parfois non (faire passer la moitié du casting par des bouches d‘aérations alors que l’autre passe par une issue de secours grande ouverte, certes dans l’urgence de la situation ils font ce qu’ils peuvent, mais quand même). Les killbots en prennent aussi un petit coup. Non pas que globalement ils soient foirés, leur design est cool et ils sont très bien exploités, mais bien que Jim Wynorski fasse ce qu’il peut pour les rendre menaçants, la sauce ne prend pas totalement. La faute déjà à la lenteur des machines, loin d’être équipées d’un V8, qui se font distancer par la simple force d’un petit sprint. Heureusement pour eux, les personnages sont assez cons pour tomber entre leurs griffes d’acier. Et que dire de leur laser supposés transpercer n’importe quelle surface alors qu‘en l’état, bien que des fois un tir bien placé fasse exploser les têtes du casting, se manger un coup de rayon n’a pas l’air d’être si douloureux que ça. Ajoutez à cela qu’ils visent comme un noob lâché en pleine partie multi-joueurs d’un Call Of Duty, et vous comprendrez que les killbots, ils ne sont pas si menaçant que ça. Mais bon que voulez-vous, sans ces quelques tares, l’intégralité du casting aurait été décimé en un rien de temps et il n’y aurait pas de film. Ceci dit, cela n’enlève en rien le capital sympathie de Shopping, un film qui va à l’essentiel, se montre généreux et montre que même un tâcheron comme Jim Wynorski peut accoucher d’un bon film.

LES PLUS LES MOINS
♥ Les killbots sont cool…
♥ Un peu de boobs
♥ Un peu de sang
♥ Un peu de cascades
♥ Un film très bien rythmé, généreux en action et qui va à l‘essentiel
♥ C’est court
⊗ … mais malgré touts les efforts possibles, ils ne sont jamais vraiment menaçants
⊗ Dans le fond, rien de bien original
⊗ Parfois, c’est un peu débile et pas très cohérent dans certaines idées.

Court, généreux, sachant aller à l’essentiel et proposant ce que toutes séries B ou Z qui se respectent ont à proposer, Shopping est un sympathique film tout à fait recommandable pour les amateurs de ce genre de métrages et qui montre que Jim Wynorski et bon film, ce n’est pas incompatible.



Titre : Shopping / Chopping Mall
Année : 1986
Durée : 1h16
Origine : USA
Genre : Un bon film de Jim Wynorski
Réalisateur : Jim Wynorski
Scénario : Jim Wynorski et Steve Mitchell

Acteurs : Kelli Maroney, Tony O’Dell, Russell Todd, Barbara Crampton, Karrie Emerson, Nick Segal, John Terlesky, Suzee Slater

Chopping Mall (1986) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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