[Film] Shaolin Karaté, de Norifumi Suzuki (1975)


Apres avoir vécu l’humiliation de l’Occupation américaine, un ex-espion fonde une école pacifique d’arts martiaux.


Avis de Ryô Saeba :
Shaolin Karaté. En voyant ce nom qui fait penser à un vieux film de kung fu exploitation avec Charlie Chin qui se nommait Karaté Motos, on pouvait s’attendre au pire. Sous ce titre quelque peu étrange se cache en fait Shôrinji kenpô aussi connu sous le nom de Killing Machine au U.S.A.

On retrouve, du côté casting, Sonny Chiba qui joue le rôle de Doshin So, le fondateur du Shorinji Kempo qui a réellement existé. Ce rôle de héros invincible, Kinji Fukasaku ne manquera pas de l’exploiter par la suite dans nombre de ses films avec Chiba. Etsuko Shiomi, qui joue ici la sœur d’un ivrogne sauvé par DoShin lors d’une agression, est également l’héroïne du spin off de la série des Streetfighter : Sister of Streetfighter, où comme le titre l’indique elle interprète la sœur de Sonny Chiba. Yukata Nakajima débuta sa carrière dans un autre film avec Sonny Chiba : The Streetfighter où elle y joue le rôle de Sarai, la fille qui détient un héritage considérable objet de toutes les convoitises. On a pu l’apercevoir récemment dans le 3e volet de la série de film d’horreur Tomie : Tomie-Rebirth. Le réalisateur Norifumi Suzuki est un spécialiste de la sexploitation, il a notamment réalisé le superbe Couvent de la Bête Sacrée (sortie en DVD récemment dans la collection Cinéma de Quartier de Jean Pierre Dionnet), film érotique mettant en scènes des nones ou encore le 1er film de la série des Sukeban où Miki Sugimoto et Ike Reiko, de jeunes délinquantes, se battent entre elles avec la poitrine dénudée. Il est aussi l’auteur de la série de films comique Torakku Yarô (10 films entre 1975 et 1979) qui narre les aventures de 2 routiers qui parcourent le Japon à bord de leur énorme camion. En plus de Shaolin Karaté, il réalisa 2 autres films avec Sonny Chiba : Shogun’s Ninja en 1980 et Roaring Fire en 1982.

Shaolin Karaté est un film étrange car c’est le mélange improbable de mélodrame karaté sur fond historique. Venant de Norifumi Suzuki, qui est connu pour sa provocation et ses délires, c’est déjà moins étonnant. Le film nous narre l’histoire de Doshin So joué par Sonny Chiba et raconte comment et pourquoi il développa le Shorinji Kempo. Le film se déroule sur plusieurs années, de la défaite du Japon durant la 2e guerre mondiale en 1944, jusqu’à la création de son art martial en 1947. Une chose frappe tout de suite dans le film, c’est la fidélité de la reconstitution du Japon d’après-guerre avec notamment le marché noir de nourriture occasionné par l’armée elle-même laissant le contrôle des vivres aux Yakusas (la mafia locale) obligeant ainsi la majorité des gens trop pauvres à mourir dans la rue ou à voler. C’est dans cette débâcle totale et en voyant qu’une jeune femme est obligée de se prostituer pour nourrir son frère que Doshin So va avoir l’idée de répandre sa méthode de combat à une jeunesse japonaise complètement perdu. Véritable héros et aux complets antipodes de son rôle dans Streetfighter, Sonny Chiba est encore une fois parfait. Il a réellement un charisme fou qui crève l’écran et il est plutôt convaincant en artiste martial. Bien sûr, vu le nom du réalisateur, il fallait s’attendre à ce qu’il y ait de la casse. Car même si Sonny Chiba est un héros, il a une définition très stricte de la justice. Ainsi lorsqu’un de ses disciples se fait casser le bras, il en fait de même à son agresseur ou alors quand une fille se fait violer, il découpe tout simplement le sexe de son violeur au ciseau pour ensuite le jeter par terre… bien sur je vous rassure un gentil petit chien qui traînait dans le coin s’occupe de nettoyer. Le film est plutôt bien rythmé et en même temps l’univers et les personnages sont vraiment intéressant. Le réalisateur se permet même un hommage à La Légende du Grand Judo de Akira Kurosawa lors d’une scène où 2 judokas viennent défier Doshin en duel.

LES PLUS LES MOINS
♥ La reconstitution d’après-guerre
♥ Le charisme de Sonny Chiba
♥ Bien rythmé
⊗ Certaines scènes de mauvais goût

Mis à part le petit délire de l’extraction de pénis, le film retranscrit bien l’ambiance du Japon d’après-guerre ainsi que l’histoire de Doshin So et de la création du Shorinji Kempo.



Titre : Shaolin Karaté / The Killing Machine / 少林寺拳法
Année : 1975
Durée : 1h27
Origine : Japon
Genre : Karaté historique
Réalisateur : Norifumi Suzuki
Scénario : Isao Matsumoto

Acteurs : Sonny Chiba, Tetsuro Tanba, Makoto Satô, Yutaka Nakajima, Etsuko Shihomi, Naoya Makoto, Jun’ichi Tatsu, Sanae Kitabayashi, Akiko Mori, Hosei Komatsu

 Shaolin karaté (1975) on IMDb


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Auteur : Ryo Saeba

C’est véritablement Shaolin Soccer qui déclencha un élan de passion à partir duquel il se lança dans la vision de films sous titrés anglais. Et là ce fut le bonheur, il avait devant lui tout un pan du cinéma à découvrir, des genres propres au cinéma de Hong Kong comme le kung fu old school, les girls with guns ou encore le Wu Xia Pian...
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