[Film] Shadow, de Federico Zampaglione (2009)


De retour d’Irak, un jeune soldat part dans une randonnée VTT en Europe. Dans les montagnes il va être confronté à bien pire que la guerre qu’il a connue. En effet, une présence énigmatique semble tapie dernière les troncs et les feuillages…


Avis de Cherycok :
Il commence à être loin l’âge d’or du cinéma horrifique italien avec ses réalisateurs cultes tels que Argento, Deodato, D’Amato, Lenzi, Soavi, Bava ou encore Fulci. Pourtant, ponctuellement, certains essaient de perpétuer la tradition avec plus ou moins de talent tel que l’inarrêtable Bruno Mattei avec son Zombie The Beginning (2007), Raffaele Picchio avec Morituris : Legion of the Dead (2011) ou encore Giulio De Santi avec sa firme Necrostorm qui nous a pondu des bobines ultra gores telles que Adam Chaplin (2011), Taeter City (2012) ou encore Hotel Inferno (2013). Des sorties très discrètes, parfois inédites chez nous qui pourtant prouve parfois que le cinéma de genre italien n’est pas forcément mort. Et dans le genre petit film d’horreur italien récent pas ou peu connu, il y a Shadow (2009), une petite bobine qui ne paie pas de mine, qui au final n’a rien d’exceptionnel, mais qui fait correctement le job. A noter que pour ceux qui seraient intéressés par le film, cette chronique comporte des spoilers. Evitez également de regarder la bande annonce. A vos risques et périls donc.

Ecrit, produit et réalisé par Federico Zampaglione (Tulpa), Shadow est une petite bobine horrifique qui va mélanger les genres. Une première partie survival, une deuxième torture porn, et même le film de guerre dans sa toute fin. On va y suivre un jeune homme, ancien soldat, qui part faire du vélo freestyle dans un coin perdu d’une montagne européenne réputée pour posséder de superbes paysages. Lors d’une pause dans une auberge, il défend une jeune femme qui se fait légèrement importuner par deux chasseurs bourrino-rustres pas très développés du ciboulot. Il est obligé de quitter les lieux. A partir de là, on devine ce qu’il va se passer. Quelques heures plus tard, alors qu’il installe sa tente en plein orage pour passer la nuit, cette dernière s’envole et, magie du cinéma, la jeune fille qui passait par là lui propose de l’héberger étant donné qu’elle campait non loin de là. A partir de là, on devine aussi ce qu’il va se passer. On se dit clairement que le film ne va pas briller par son originalité.
Va s’ensuivre une chasse à l’homme en montagne, dans les bois, avec entre autres une course poursuite vélo / voiture plutôt bien fichu malgré les incohérences (pourquoi ne coupent-ils pas à travers bois afin de semer la voiture qui du coup ne pourra pas les suivre ?). Les très beaux décors naturels ne nous feront pas oublier les clichés très présents tels que le groupe de chasseurs un peu nazillons qui ont appelé leur chien Keizer, ou le classique coup du groupe de deux qui se sépare au moment même où il se passe des choses étranges. Mais bon, dans l’ensemble, cette première partie est plutôt efficace à défaut d’être originale.

A la 24ème minute (car il faut être précis), le film change de ton et vire vers le mystérieux. La musique se fait inquiétante, il commence à se passer des choses étranges, et c’est là que se lance la partie torture porn. La traque prend un tournant lorsque chasseurs et chassés se retrouvent capturés par un 3ème « camp » inattendu (ou presque si on se souvient de la jaquette du film). De la torture donc : cuisson (à prendre au sens premier du terme), découpage de paupière, gazage, … Le tout orchestré dans une sorte de maison bunker par une sorte de psychopathe tout blanc, tout maigre, qui lèche des grenouilles dont les sécrétions donnent des hallucinations. Un cas social qui tente d’entretenir une ressemblance corporelle avec celle des enfants en sous nutrition dans les camps de concentration de la 2ème guerre mondiale et dont le passe-temps favori est de reproduire des expériences dégueulasses faites durant cette même guerre si on en croit les différentes photos et croquis affichées dans son antre / atelier. Et bien sûr, il filme le tout car quand on est psychopathe, on l’est jusqu’au bout des ongles (et les siens sont grands).
Mais on ne va pas être ici dans le gore outrancier comme c’est le cas chez ses compatriotes de Necrostorm. Federico Zampaglione préfère des scènes gores « soft », souvent suggérées, au grand dam des amateurs d’hémoglobine.

La mise en scène de Shadow est carrée, efficace même par moment, même si parfois un peu téléfilm. C’est bien filmé, la photographie s’en sort avec les honneurs et mets bien en valeur les superbes paysages de montagne, et les deux ambiances très différentes du film sont relativement bien exploitées. Le problème, c’est que le réalisateur se rate complètement au niveau du suspense. Manque de tension, de moments stressants, on n’a jamais réellement peur pour les personnages. Et pourtant, avec un film de 1h14 générique compris, il y avait moyen de pondre quelque chose avec une tension crescendo qui ne descend jamais. Mais ce n’est pas le cas. Autre problème, le twist final, surprenant mais pourtant très décevant. Le parti pris ne fera clairement pas l’unanimité. Un peu trop facile même si son but est « d’excuser » certaines invraisemblances et incohérences en venant remettre en cause tout ce que nous venons de voir. Dommage.

LES PLUS LES MOINS
♥ Mise en scène plus que correcte
♥ Des clichés bien exploités
⊗ Le final, de trop
⊗ Pas mal d’incohérences
⊗ Un suspense qui ne marche pas
Malgré son intention louable de mélanger les genres et de coller un gros twist final afin de surprendre le spectateur, Shadow reste un film juste moyen. A n’en pas douter, il aurait été bien plus efficace s’il était resté dans la simplicité de sa première partie.



Titre : Shadow
Année : 2009
Durée : 1h14
Origine : Italie
Genre : Promenons-nous dans les bois
Réalisateur : Federico Zampaglione
Scénario : Federico Zampaglione, Dominique Zampaglione

Acteurs : Jake Muxworthy, Karina Testa, Ottaviano Blitch, Chris Coppola, Emilio De Marchi, Nuot Arquint

 Shadow (2009) on IMDb















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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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