Trois ans après les tristes événements du premier film, Rini et sa famille ont emménagé dans un appartement au dixième étage d’un imposant building situé en bord de mer. Mais alors qu’une grande tempête menace le building et ses habitants, quelque chose de bien plus sinistre se prépare alors que les eaux montent.
Avis de Rick :
Joko Anwar avait surpris son monde en 2017 lorsqu’il avait modernisé le film culte Satan’s Slave, ou Pengabdi Setan. Ne gardant que quelques petits éléments et une trame générale, son métrage misait énormément sur l’ambiance pour mettre les spectateurs sous tension. Ca avait fonctionné, et après un petit détour au poste de scénariste sur un autre remake modernisait une œuvre culte, à savoir The Queen of Black Magic, le revoilà en 2022 avec un Satan’s Slaves 2 qui a beaucoup fait parler de lui avant sa sortie, ayant apparemment traumatisé une partie de son public, et qui a été le premier film horrifique Indonésien a être projeté en iMax. Un succès tel que le réalisateur pense déjà à un troisième opus pour former une trilogie. Et il faut dire qu’il aurait tort de se priver, car outre le fait qu’il a livré un métrage tout à fait solide, et bien pour les producteurs, le retour sur investissement est non négligeable, puisqu’avec un budget de seulement un million (alors que le film semble facilement en avoir coûté 5, voire 10), Satan’s Slaves 2 en a rapporté 19.3 millions. Un bon retour sachant que le film est encore inédit dans pas mal de pays, et que la vente des droits vidéo fera augmenter tout ça. Et donc, c’est si bien que ça cette suite au déjà solide premier opus ? Et bien ma foi, si fatalement, ce n’est pas parfait, et que l’on n’échappe pas à certaines facilités, dont une qui m’aura énormément fait sourire, le contrat est rempli haut la main, et Satan’s Slaves 2 parvient à livrer la marchandise, en gardant la ligne directrice du premier opus. A savoir donc que le métrage nous propose une nouvelle proposition de slow burn horror. Ces films misant beaucoup sur leur atmosphère afin d’installer un climat tendu, et nous mettre donc dans une situation de crainte, d’attente permanente. Un élément qui semble un peu trop manquer au cinéma horrifique Américain, en particulier grand public, qui préfère donc placer un réalisateur sans personnalité à la barre et multiplier les jumpscares afin de créer une fausse tension aussitôt apparue, aussitôt désamorcée.
Satan’s Slaves 2 ne joue donc pas dans la même cour, loin de là. Durant déjà deux heures, il fait le choix clair de poser son ambiance, ses personnages et le lieu principal de l’action, un building totalement isolé au milieu d’un champ vide, et de prendre son temps, pour bien nous faire comprendre que quelque chose se prépare. Dans ce sens, la première heure sera presque un exemple, autant de tension que de simplicité. Le clou de cette première partie, c’est l’excellente scène de l’ascenseur, qui s’étire, et s’étire, alors que l’on voit venir l’effet, que l’on sait que ça va mal finir, mais ça fonctionne, grâce à un montage habile, une excellente gestion de l’ambiance sonore, ainsi que des personnages que l’on connait depuis le premier film, et donc auxquels nous pouvons nous identifier. Cette première heure, bien que très classique, c’est pour moi la réelle bonne surprise du métrage. Un peu comme Aliens de James Cameron, toujours considéré même aujourd’hui comme une suite bourrine et donc très différente de l’original, mais qui savait en vérité ménager ses effets, et surtout, prendre son temps, avec une première heure totalement dénuée d’action et retrouvant l’ambiance du premier film, afin de changer son fusil d’épaule, et donc de le faire accepter au public. Satan’s Slaves 2, c’est le même cas de figure, dans un genre différent, avec une première heure très réussie et misant tout sur son ambiance, sur l’attente, avant de déchainer les événements durant la seconde heure. On pouvait avoir un peu peur au départ, normalement avec le changement du lieu de l’action, passant d’une maison à un building, ce qui, dans le domaine de l’horreur familiale, réveille de lointains traumatismes (oui je pense à toi Poltergeist 3) ! Mais non, il n’en est rien.
Durant la seconde heure par contre, Satan’s Slaves 2 embrasse pleinement son concept horrifique, et plonge les quelques habitants restants dans l’immeuble dans le noir complet, alors que les eaux montent rendant la fuite impossible, que l’électricité ne fonctionne plus, et que les morts font tout pour ne pas le rester. Une seconde heure elle-aussi réussie, même si moins marquante que la première, la faute a quelques clichés qui s’invitent dans le récit, et à quelques facilités, mention spéciale au coup de celui qui envoie son ami explorer un appartement en passant par un trou dans le mur, avec pour seul prétexte le fait qu’il a fait tomber sa fourchette de l’autre côté. Qu’elle soit en argent, en or, en diamant ou autre, l’artifice fait sourire, sortant le spectateur du film durant une poignée de minutes, ce qui est dommageable, mais pas si catastrophique que ça, sur les deux heures du métrage, solide de bout en bout. Comme pour le premier par contre, on pourra sans doute regretter un final un peu plus frontal et donc loin de la tension suggestive du reste, mais cette nouvelle aventure dans les mythes Indonésiens réussi ce qu’elle entreprend, et s’avère être une suite tout aussi solide que le premier film, sublimé par la photographie certes sombre de Icai Tanjung, mais maitrisée puisque tout ce qui doit être vu par le spectateur est parfaitement identifiable, et visible.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Une vraiment excellente première heure ♥ L’ambiance ♥ La scène de l’ascenseur ♥ Techniquement très solide |
⊗ Des facilités dans la seconde partie |
Satan’s Slaves 2 arrive à faire fort en étant aussi solide que son ainé, ce qui est rare dans le domaine des suites horrifiques. Techniquement solide, tendu la plupart du temps, prenant son temps, dans son genre c’est un des meilleurs de l’année. |
Titre : Satan’s Slaves 2 : Communion – Pengabdi Setan 2 Communion
Année : 2022
Durée : 1h59
Origine : Indonésie
Genre : Fantastique
Réalisation : Joko Anwar
Scénario : Joko Anwar
Avec : Tara Basro, Endy Arfian, Bront Palarae, Ratu Felisha, Nasar Anuz, Muhammad Adhiyat, Jourdy Pranata, Muzzaki Ramdhan, Fatih Unru et Ayu Laksmi
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