[Film] Robin des Bois, de Otto Bathurst (2018)


Robin de Loxley, combattant aguerri revenu des croisades, et un chef maure prennent la tête d’une audacieuse révolte contre la corruption des institutions mise en place par le shérif de Nottingham et des hauts placés de l’Eglise.


Avis de Cherycok :
Score Rotten Tomatoes catastrophiquement bas (15%), guère mieux sur Metacritic (32%), critiques assassines (professionnels ET public) un peu partout dans la presse et sur la toile, vautrage total au box-office, cette nouvelle relecture de la légende de Robin des Bois par Otto Bathurst (des épisodes de diverses séries telles que Peaky Blinders ou Black Mirror) avait tout pour piquer ma curiosité au vif. Outre le fait de comprendre pourquoi, du moins sur le papier, un tel naufrage, je voyais en ce blockbuster de 100M$US l’occasion de m’offrir une bonne tranche de rigolade devant ce qui, du moins à la vue de la bande annonce, avait le potentiel d’être un nanar friqué de compétition, avec ses plans tantôt racoleurs, tantôt poseurs, sa tendance à bouffer à tous les râteliers niveau inspiration et son envie d’impressionner le public à tout prix. Nous nous sommes donc lancés avec Iris, non sans hésitation, car nous savons bien que la frontière entre nanar et navet est parfois bien mince. Nos craintes furent vite confirmées. Dès les premières secondes à vrai dire. Ce n’est pas que Robin des Bois est mauvais. C’est au-delà de ça en fait. On est plus proche ici de ce que nous pourrions qualifier d’étron intergalactique…

En fait, ce film est un gros foutage de gueule du début à la fin. D’après ses dires, le réalisateur Otto Bathurst a voulu donner à son film une ambiance et un look différent de qui a déjà été vu dans les très nombreuses adaptations de Robin des Bois. Un look à la fois médiéval, contemporain et futuriste, aussi bien au niveau des costumes avec des personnage semblant parfois sortir d’un défilé Chanel, que des décors qu’on aurait pu trouver dans un post-apo un peu sombre, ou des villes rappelant les plus dangereuses favelas du Brésil. L’idée d’apporter un peu de fraicheur à une énième libre adaptation est louable, sauf que dès les premières images on sent que c’est complètement à côté de la plaque. La sauce ne prend pas et, pire encore, on a vraiment l’impression que le film se fout de notre gueule, cherchant à justifier ses très très très nombreux anachronismes de par cette soit disant vision différente. Tout ceci aurait pu être accepté plus facilement si le film jouait à fond la carte de la déconnade et du second degré. Sauf que ce n’est à aucun moment le cas. Robin des Bois version 2018 se prend au sérieux du début à la fin, et ça en devient énervant. Énervant de se dire que les producteurs prennent vraiment les gens pour des abrutis décérébrés. Énervant de voir un tel budget gâché à pondre un immondice pareille. Énervant de se dire qu’une fois de plus, il devient de plus en plus difficile de voir un vrai bon blockbuster. Comment une telle catastrophe a-t-elle été possible…

Même en partant du postulat de départ qu’on va éteindre son cerveau et se focaliser sur l’action, aussi bête soit-elle, c’est impossible. Impossible car sur ce point-là également, c’est raté. Il faut reconnaître à Robin des Bois que ses scènes d’action, relativement nombreuses, restent lisibles. Mais comment peut-on arriver à pondre encore aujourd’hui des fonds verts aussi dégueulasses ? C’est moche comme ce n’est pas permis, en plus d’être parfois complètement surréaliste avec ces chevaux « béliers » qui défoncent portes et autres obstacles sans sourciller de l’œil droit, ces coïncidences et incohérences beaucoup trop faciles (renforçant le côté « on nous prend pour des cons » cité plus haut), et ce manque d’inspiration flagrant dans la mise en scène obligeant le réalisateur à pomper de partout afin de donner un semblant de vie à sa bobine. On passe par du Mad Max (les courses poursuites), du Gangs of New York (la bataille rangée foulards sur le museau), du Call of Duty (la mise en scène des batailles de croisade), du Assassin’s Creed (les plans aériens des villes, certains accoutrements), le tout sur fond de musique techno façon Matrix et on n’est au final jamais réellement dans du Robin des Bois. Je ne vous parlerai pas de la scène du Casino, je laisse un peu de mystère aux courageux qui décideraient de tenter l’expérience. Effet Gloubi-Boulga indigeste garanti !
Et au milieu de tout ça, un casting tantôt à fond, tantôt dépité, souvent ridicule, balançant de la punchline pourrie et des dialogues sans intérêt, se mouvant sur des plans pseudo iconiques où se mêlent explosions en CGI foireux et ralentis trop clinquants pour être honnêtes. La voix off en début de film nous dit qu’il nous faut oublier l’histoire qu’on connait de Robin des Bois, je crois que la meilleure chose à faire est d’oublier ce film tout court.

LES PLUS LES MOINS
♥ 2/3 crises de fous rires nerveux
♥ Jamie Foxx, à la limite…
⊗ Casting à l’ouest
⊗ Mise en scène tape l’œil
⊗ Ridicule du début à la fin
⊗ CGI honteux
⊗ Une liste encore longue…
Cette énième version de Robin des Bois, c’est le genre de films qui vous donne l’impression d’avoir subi un viol cérébral. Rythmé mais pourtant ennuyeux, catastrophique de bout en bout et frôlant le degré zéro de la crédibilité, nous sommes bel et bien en présence d’un étron intergalactique. Sans doute le plus mauvais blockbuster de l’année 2018.



Titre : Robin des Bois / Robin Hood
Année : 2018
Durée : 1h56
Origine : U.S.A
Genre : Leave Robin alone !
Réalisateur : Otto Bathurst
Scénario : Ben Chandler, David James Kelly

Acteurs : Taron Egerton, Jamie Foxx, Ben Mendelsohn, Eve Hawson, Jamie Dornan, Tim Minchin, Paul Anderson, F. Murray Abraham, Ian Peck, Cornelius Booth

 Robin des bois (2018) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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