[Film] Roar, de Noel Marshall (1981)

Dans le cadre de son étude portant sur les félins sauvages, Hank, scientifique américain, est parti s’installer en Afrique pour vivre parmi ces animaux à la réputation extrêmement dangereuse. Sa maison est un refuge pour plus d’une centaine de fauves que le chercheur élève en toute liberté. Restés aux États-Unis, sa femme Madelaine et ses enfants Melanie, John et Jerry décident de venir lui rendre visite. Mais à leur arrivée, Hank n’est pas là pour les accueillir. À la place, ils découvrent avec effroi les autres habitants qui, en l’absence du maître de maison, ont totalement pris le contrôle du lieu…


Avis de John Roch :
« Le film le plus dangereux jamais tourné ». C’est ainsi qu’est défini Roar, film qui aura entre les premiers jets du scénario et le produit fini mis onze ans à se faire, dont quatre (ou six, les sources diffèrent) de tournage. Si on connaît certains tournages qui ont tenu du cauchemar (Apocalypse Now, Sorcerer en tête), ce film est dans le haut du panier et cette appellation dépasse le simple argument marketing. Roar, c’est 150 animaux sauvages à l’écran, et plus de 70 accidents sur le tournage. Citons en vrac Noël Marshall qui a choppé la gangrène suite à la morsure d’un lion, Melanie Griffith qui a été grièvement blessée au visage, Jan de Bont qui s’est fait scalpé avec 120 points de suture à la clé, Tippi Hedren qui s’est cassée la jambe après s’être fait éjecter du dos d’un éléphant… et il s’agit là des événements les plus connus survenus lors du tournage. Coté animaux, si le film nous apprend qu’aucun animal n’a été blessé, c’est faux. En effet, une inondation à détruit le décor, des rushs du film et a emporté plusieurs animaux. Ce petit résumé n’est qu’une toute petite partie de ce qui s’est passé sur Roar, mais comment un tel film a-t-il vu le jour ? L’idée vient de Tippi Hedren et Noel Marshall, fervents défenseurs de la cause animale qui ont créé une réserve naturelle en Californie et ont fait venir lions, tigres, panthères, léopards et autres éléphants pour la sauvegarde des espèces alors sur la voie de la disparition. La réserve Shambala existe d’ailleurs toujours et accueille les animaux abandonnés issus de zoos qui ont fermé ou ayant appartenu à des stars (les fauves de Michael Jackson sont là bas). Bien évidement, aucun acteur n’a pu être embauché pour jouer auprès d’animaux sauvage certes apprivoisés pour la plupart, mais pas domptés. C’est donc à la famille Marshall-Hedren de jouer les rôles principaux d’un film unique en son genre, qui se sera bien planté au box office US avec 2 millions de dollars récoltés pour un budget de 17.

L’histoire de Roar se déroule au Kenya, où Hank vit entouré de fauves dans une maison perdue au milieu de la brousse. Sa famille, qui ignore la situation, le rejoint pour les vacances. Mais leur rencontre ne va pas se passer comme prévue : Hank part accompagné de deux tigres les rejoindre à l’aéroport mais son bateau chavire, pendant que la petite famille prend un bus pour atteindre la maison. Une fois sur place, ils se retrouvent nez à nez avec les fauves, pendant que Hank lui tente tant bien que mal de retourner chez lui pour éviter que les animaux sauvages ne bectent ses enfants et sa femme. Ne cherchez pas de scénario dans Roar puisqu’en dehors du pitch de base, l’écriture n’est pas le fort du métrage. Aucun personnage n’est développé, si ce n’est une relation mère-fille conflictuelle pour des questions de sexualité du genre vieux jeu d’un coté, et libérée de l’autre, mais ce n’est que le temps de deux lignes de dialogues. Il y a aussi des genres de braconniers qui veulent massacrer du fauve mais ceux-ci sont totalement secondaires, pour ne pas dire inutiles, et juste là pour dire que tuer des animaux, c’est mal. L’absence de scénario n’empêche pas la présence de thématiques. Ici, on est face à un film qui dénonce le braconnage, et se permet même quelques notes moralisatrices dans son générique de fin. Ce qui n’est pas un mal puisque d’une part, remis dans le contexte de son époque, le braconnage n’était pas forcement aussi répréhensible que de nos jours, et que d’autre part la cause défendue dans Roar est sincère et louable, du genre à en faire le film de chevet de la PETA. Quoique connaissant les engins, de vrais comiques parfois, ils auraient encore quelque chose à en redire.

Mais l’intérêt de Roar n’est pas dans son scénario mais dans les images. Et de ce coté, le métrage est à voir tant il est unique en son genre. Déjà les décors naturels sont de toute beauté. Bien que tourné en Californie, la réserve Shambala a été conçue de manière à ce que les animaux qui y vivent se sentent comme chez eux. Le lieu ressemble à la nature Africaine et on croit sans peine que le métrage se déroule bel et bien au Kenya. De beauté, il en est également question coté animal car rien n’y fait, les fauves sont des bêtes magnifiques qui sont de plus très bien mis en valeur via une réalisation qui se situe entre la mise en scène classique et le documentaire dès lors qu’il s’agit de suivre les actions imprévisibles des animaux. Rien de bordélique pour autant car question mise en scène et plastique, Roar est un film qui tient très bien la route, certains plans étant par ailleurs vraiment sublimes, d’autres carrément suicidaires (ce plan tourné à dos d’éléphant). Mais venons en à ce qui fait de Roar un métrage unique, du genre jamais refait et qui serait tout simplement infaisable aujourd’hui : l’interaction entre les personnages et la faune locale. De ce coté, c’est un carton total, sans animatronique ni CGI. Si on n’échappe pas à un coté grosses peluches (les fauves sont clairement en train de jouer avec le casting) qui amoindrit l’impact menaçant des fauves et de fait il n’y a jamais vraiment de tension, Roar est rempli de moments complètement dingues. Car dans Roar, on fait de la moto entouré de fauves, on se fait chopper par un éléphant qui vous choppe par la trompe pour mieux vous balancer au sol, on se balade en jeep ou en bateau avec deux tigres à son bord, on s’interpose dans une embrouille entre deux lions… des scènes comme ça, Roar en est rempli, le film est généreux, sans aucun temps mort et empile les moments spectaculaires, et tout ça sans cascadeurs ! Si vous êtes férus des films d’attaques animales (même ceux avec des squales en CGI), Roar est un immanquable qui n’a aucun équivalent (sauf peut être Les Bêtes Féroces Attaquent, même si celui-ci ne va pas aussi loin). Pour les autres, Roar demeure un film fou à voir au moins une fois de part son coté unique.

LES PLUS LES MOINS
♥ Les décors naturels
♥ Globalement, c’est visuellement très beau
♥ La mise en scène qui réussi à capter l’imprévisibilité des fauves
♥ Des scènes complètement dingues et spectaculaires
♥ Des plans parfois sublimes
♥ Que c’est beau un fauve
♥ La musique est sympa
⊗ Il n’y a pas vraiment de scénario
⊗ Certes dingue et impressionnant, mais sans réelle tension

Visuellement splendide, rempli de moments complètement dingues et spectaculaires, Roar est un film unique en son genre. Si l’argument du « film le plus dangereux tourné » semble être purement marketing, il n’en est rien, Roar est un métrage complètement fou sans équivalent.



Titre : Roar
Année : 1981
Durée : 1h27
Origine : U.S.A
Genre : Le roi lion
Réalisateur : Noel Marshall
Scénario : Noel Marshall et Ted Cassidy

Acteurs : Noel Marshall, Tippi Hedren, Melanie Griffith, John Marshall, Jerry Marshall, Kyalo Mativo, Franck Tom

Roar (1981) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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