[Film] Plaga Zombie, de Pablo Parés et Hernán Sáez (1997)

Un groupe de personnes doit se battre pour leur vie lorsqu’une étrange épidémie déclenche une invasion de zombies.

Avis de John Roch :
Voici l’histoire de deux bambins qui se sont rencontrés au jardin d’enfant et sont devenus inséparable : Pablo Parés et Hernán Sáez. Le duo tourne des films dès leur enfance et fondent même leur boite de production : Farza Producciones. Ils sont rejoints par deux autres amis : Berta Muniz et Walter Cornàs, qu’ils rencontrent au collège. Leurs films, ils considèrent ça comme un jeu, un amusement pour s’évader du quotidien, et avouent même avoir juste imité ce qu’ils ont vu à la télé. Purs enfants des vidéo clubs, leur rêve est de voir un film de leur conception trôner en VHS aux cotés des films qui ont bercés leur enfance. C’est après avoir été marqués par les films de Sam Raimi, Peter Jackson et Alex de la Iglesia qu’ils décident de tourner un court métrage gore qui deviendra un long qui peut être considéré comme le fer de lance du cinéma horrifique Argentin, et même le premier film de zombie du pays. Si c’est bien Plaga Zombie : Zona Mutante qui les lancera définitivement dans la cour des grands avec une diffusion dans divers festivals suivie d’une distribution internationale (même en France chez Uncut Movies), Plaga Zombie premier du nom reste encore aujourd’hui une œuvre assez confidentielle malgré un culte en Argentine. Il y a même un tout récent documentaire, 1 Million Zombies, qui retrace l’aventure Farza Producciones.

Plaga Zombie premier du nom va rebuter un bon nombre de spectateurs qui voudraient se lancer dans cette trilogie. On parle ici d’un court long métrage (1h09 au compteur, génériques compris) filmé par une bande de potes dans la maison, le jardin, et la rue de l’un d’eux. Oui, on est ici face à un métrage tourné au caméscope, monté avec deux magnétoscopes, avec ce que ça implique comme rendu d’image, de son, et de lumière ô combien naturelle vu l’absence de direction de la photographie. On n’est pas dans la série Z, ou même un film tourné sans aucune thune mais qui peut faire illusion à l’écran car tourné en 8 ou 16mm, on nage ici en plein dans l’amateurisme pur et dur. De fait, Plaga Zombie n’est pas à mettre entre toutes les mains tant le rendu à l’image va avoir raison des plus fragiles dès la première scène. Mais si aujourd’hui, avec une caméra numérique et des logiciels informatiques il est possible de rendre des films au rendu semi-pro, voire pro, avec un budget inexistant, ce n’était pas le cas dans le milieu des 90’s ou même internet n’était pas là pour donner des conseils sur comment faire un film pour que dalle. En ce sens, Plaga Zombie mérite le détour, tant le sens de la démerde, la patience et la passion ont payé pour ce qui est une petite pépite amateur délivrée par des fanboys qui oui, il est vrai, imitent. Sans pour autant singer ou plagier leurs maitres à penser.

Dans Plaga Zombie, il est clair que tout sent Raimi et Jackson, que ce soit dans la mise en scène ou les effets gores. Pourtant ça marche. Pablo Parés et Hernán Sáez réussissent à donner vie à cette histoire d’aliens qui n’ont pas les couilles de venir conquérir le monde. Alors à la place, ils parasitent des Argentins, mais ils se heurtent à Bill le médecin, Max le nerd, et John le lutteur sur le retour. Ce qui frappe d’entrée de jeu dans Plaga Zombie, c’est la mise en scène. Bien qu’elle soit sous forte influence de Sam Raimi, Pablo Parés et Hernán Sáez ne font pas que de reproduire le style particulier du réalisateur de Evil Dead. La réalisation de Plaga Zombie est du genre take this in your face bitch, un pur concentré de frénésie pelliculée où la caméra est toujours en mouvement, où certains plans sont d’une inventivité totale et supposé infaisable avec un simple caméscope, bien des limites se font ressentir dès que l’action implique trop de choses à l’écran. Mais en l’état, pour une bande de potes qui n’ont jamais fait la moindre étude de cinéma, ça fait totalement illusion. En résulte un métrage super rythmé, où il se passe toujours quelque chose entre deux dialogues il faut le reconnaitre un peu moisis. Ce qui n’empêche pas un certain humour, les zombies Argentins n’étant pas dénués d’intelligence mais restent tout de même très cons, une sorte de mix entre les morts-vivants de Romero, les deadites de Raimi et les Gremlins, source première de Farza Producciones pour la personnalité des parasités par les aliens. Coté gore, on est également servi. Si on n’atteint pas les sommets d’un Peter Jackson première génération (auquel un hommage à Bad Taste est évident, aussi bien dans certaines scènes que dans la musique), force est de constater que Plaga Zombie se montre généreux. Mieux encore, la plupart des effets gores tiennent la route pour une production du genre et il est jouissif de voir des zombies surgir de partout périr des mains du trio de héros qui ne manque pas d’imagination pour renvoyer les morts sous terre, notamment avec John, le catcheur qui distribue des pains de partout, efficaces ou non. Alors oui, Plaga Zombie est un film amateur de chez amateur, tourné par une bande de potes qui n’avaient que leur passion comme motivation. Mais oui, Plaga Zombie fonctionne. C’est le genre de film que les amoureux de cinéma de genre auraient aimé tourner, c’est le genre de film qui vous fait dire « mais moi aussi je peux le faire », mais c’est surtout au-delà de tout ça un film franchement maitrisé malgré quelques défauts inhérents à ce genre de métrage sans le sou. Non mais vraiment : à voir.

Titre : Plaga Zombie
Année : 1997
Durée : 1h09
Origine : Argentine
Genre : Film fait à la maison
Réalisateur : Pablo Parés et Hernán Sáez
Scénario : Berta Muñiz, Pablo Parés et Hernán Sáez

Acteurs : Berta Muñiz, Pablo Parés, Hernán Sáez, Walter Cornàs, Gabriel Grieco, Paulo Saez, Diego Parés, Esteban Podetti, Pablo fayo