[Film] Nightmare Cinema, de Alejandro Brugués, Joe Dante, Ryuhei Kitamura, David Slade et Mick Garris (2018)


Cinq inconnus sont attirés dans une salle de cinéma abandonnée et hantée appartenant à un étrange projectionniste. Sur l’écran, au fil d’histoires terrifiantes, les cinq étrangers regardent leurs peurs les plus profondes et leurs secrets les plus sombres. Derrière eux, le projectionniste souhaite s’emparer de leurs âmes pour compléter sa collection. Quitteront-ils ce cinéma de l’horreur sain et sauf ou est-ce leur dernière séance ?


Avis de John Roch :
Nightmare cinema marque la rencontre de cinq cinéastes : Alejandro Brugués, réalisateur du sympa Juan of the Dead ; Joe Dante que l’on ne présente plus ; Ryuhei Kitamura qui ne tourne rien de valable depuis une bonne dizaine d’années ; David Slade, cinéaste prometteur découvert avec Hard Candy, qui ne tourne plus que pour la télévision depuis qu’il s’ est retrouvé embarqué dans la saga Twilight en signant le troisième opus ; Mick Garris, Monsieur adaptation de Stephen King au cinéma et surtout à la télé. Garris qui réalise le dernier sketch mais aussi le fil rouge de cette anthologie. Celui ci est consternant : une personne rentre dans un cinéma vide, s’assoie et visionne un film dont il est le héros, puis Mickey Rourke vient faire coucou après la séance. Ça passerait si c’était le point de départ du fil rouge, mais il y a cinq histoires, on y a donc le droit cinq fois ! Inutile, répétitif, Nighmare Cinema ne vend pas du rêve entre ses sketchs. Heureusement, le film commence par The Thing in the Wood, qui reprend la fin d’un slasher en apparence banal : Un couple est pourchassé par un boogeyman surnommé le soudeur. Au départ pastiche du classique duel entre le tueur et la final girl en exagérant le concept avec une baston rarement vue dans le genre, Alejandro Brugués va encore plus loin dans le délire lors de la révélation de l’identité du soudeur et son mobile : un quidam malgré lui devenu défenseur de la terre face à une invasion alien. Sympathiquement gore, respectueux des codes du slasher movie, mis en scène avec une énergie débordante, Nightmare Cinema démarre sur les chapeau de roue.

Dans Mirare, Anna est une femme comblée si ce n’est qu’elle traîne une vilaine cicatrice sur son visage depuis son enfance. Son futur mari, David, lui propose un séjour dans la clinique où sa mère s’est déjà faite opérer plusieurs fois. Clinique dans laquelle quelque chose ne tourne pas rond. Joe Dante est devenu tellement rare dans le paysage cinématographique que chacune de ses réalisations devient un événement, bien que ses dernières œuvres soient à des années lumières de ce dont il est capable. Pour Mirare, il livre une satire de la chirurgie esthétique, un thème déjà pas mal exploité dans le cinéma de genre auquel il n’apporte rien, si ce n’ est le final surprenant. Reste un sketch classique, mais suffisamment bien emballé et efficace pour faire illusion.
Ryuhei Kitamura joue la carte de la provoc avec Mashit. Celui-ci est un démon qui vient punir les pêcheurs en prenant possession des enfants. Jusqu’ici rien de fou fou, sauf que le lieu du péché est une école catholique. Kitamura ne cherche à aucun moment à se détacher des films de possession démoniaque qui inondent les écrans depuis trop longtemps. Très classique dans sa mise en scène et dans les apparitions du démon, par ailleurs super cheap, le sketch ne vaut que pour son final jouissif, qui voit un curé armé d’un glaive hacher menu une douzaine de gamins, et la musique de Aldo Shllaku qui renvoie à Claudio Simonetti et ses Goblins.

Helen a rendez vous chez son psy accompagné de ses enfants. Ceux-ci disparaissent et les murs de l’édifice, ainsi que le personnel de l’immeuble, se détériorent au fur et à mesure que le temps passe. This way to Egress tranche avec les autres sketch de Nightmare Cinema, véritable plongée dans la folie, le sketch brosse des thèmes tels que la schizophrénie et le suicide, dans une ambiance poisseuse qui tient de Silent Hill, le jeu. Techniquement irréprochable, que ce soit en termes visuel ou sonore, David Slade réussi un pur cauchemar éveillé et signe le meilleur sketch de Nightmare Cinema.
Mick Garris conclue l’anthologie avec Dead, de loin le plus mauvais sketch du métrage. Riley est mort dix-sept minutes après avoir pris une balle en plein cœur suite à un braquage qui a mal tourné, pendant lequel ses parents perdent la vie. À son réveil à l’hôpital, il constate qu’il peut voir les morts, dont sa mère qui tente de les réunir en le faisant mourir, pendant que son bourreau tente lui aussi le tuer. L’idée de départ est intéressante : confronter le héros à une menace surnaturelle et une autre bien réelle. Seulement, durée limitée oblige, ce n’est pas exploité. Mais le principal problème est que Mike Garris choisit la facilité en répondant à l’appel des jump scares. En résulte un sketch fade, classique, qui devient carrément ridicule quand il s’agit de montrer une vision de l’autre coté.

LES PLUS LES MOINS
♥ Globalement, c’est plutôt gore
♥ Les SFX made in KNB, c’est toujours un succès
♥ Le premier et le quatrième sketch, très réussis
⊗ Les autres sketchs, plus faibles
⊗ Le fil rouge à la répétitivité consternante
Dans son ensemble, Nightmare Cinéma tient la route. Loi des anthologies oblige, certains segments sont plus faibles que les autres et le fil rouge fait partie des plus mauvais vus dans le genre, mais rien de rédhibitoire. Dans le genre, il y a eu bien pire ces dernières années.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Orson Chaplin, qui joue Jenkins dans le segment Dead, est un petit fils de Charlie Chaplin.


Titre : Nightmare cinema
Année : 2018
Durée : 1h59
Origine : U.S.A
Genre : Anthologie
Réalisateur : Alejandro Brugués, Joe Dante, Ryuhei Kitamura, David Slade, Mick Garris
Scénario : Alejandro Brugués, David Slade, Mick Garris, Sandra Becerril, Lawrence C. Connolly, Richard Christian Matheson

Acteurs : Mickey Rourke, Sarah Elizabeth Withers, Zarah Mahler, Mark Grossman, Elizabeth Reaser, Richard Chamberlain, Maurice Benard, Orson Chaplin, Adam Godley

 Les tortues ninja (1990) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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