[Film] Nicky Larson, de Philippe Lacheau (2019)


Nicky Larson est le meilleur des gardes du corps, un détective privé hors-pair. Il est appelé pour une mission à hauts risques : récupérer le parfum de Cupidon, un parfum qui rendrait irrésistible celui qui l’utilise…


Avis de Cherycok :
Cette adaptation de Nicky Larson 100% made in France était aussi attendue que crainte. Attendue car il y avait la curiosité de voir ce que Philippe Lacheau (Alibi.com, Babysitting), produit pur jus de la génération Club Dorothée, allait accoucher sur pellicule en termes de fidélité, d’hommage, … Crainte car il y avait la peur de voir un personnage, mythique pour beaucoup de trentenaires et quarantenaires, roulé dans la farine juste pour le plaisir d’assouvir un rêve de gosse. Les premières bandes annonces ont laissé présager le pire et les insultes des puristes ont rapidement fusé sur les réseaux sociaux. Et au final, il est assez difficile de juger ce Nicky Larson, car il réussit l’exploit d’être à la fois un bon et un mauvais film. Si on le prend comme une adaptation de l’animé/manga, on ne peut pas dire que c’est réussi. Si on le prend comme une comédie potache, là par contre ça l’est. A vous de voir de quel côté de la bannière vous vous placez.

Ce n’est pas la première fois que City Hunter est adapté au cinéma. Il y a tout d’abord la plus connue, celle de Wong Jing avec Jackie Chan, sortie en 1992, au final peu fidèle mais remplie de bonnes bastons et de gags bien crétins. Il y a également Mr Mumble, de Yuen Jun-Man et avec Michael Chow, sortie en 1996, bien plus fidèle mais sans licence officielle (d’où le titre). Et bien entendu plusieurs dramas (japonais et coréens) plus ou moins confidentiels. Et donc, la version 100% de chez nous qui nous intéresse ici. A en croire les dires de Philippe Lacheau et son équipe, ils ont voulu faire les choses bien. Pour ne pas se cantonner uniquement à leurs souvenirs de jeunesse, ils ont revu tous les épisodes de l’animé et lu les 37 tomes du manga afin de bien s’imprégner de l’univers développé par Tsukasa Hojo. Mais entre l’envie de bien faire et bien le faire, il y a un fossé que Lacheau a du mal à traverser. Disons qu’il n’y arrive qu’à moitié et oublie pas mal d’éléments essentiels au matériau d’origine.
Dans les souvenirs de beaucoup de monde, Nicky Larson n’est qu’un personnage potache, un peu bête, et obsédé. Sauf qu’il est bien plus que cela et tout son côté noir, sérieux, est rapidement sorti de l’inconscient collectif. Nicky Larson est un personnage qui va volontairement être potache pour cacher son côté sombre, son passé de « nettoyeur ». Tout cette partie-là est totalement éclipsée au profit de la comédie potache. Mais dans un sens, ce n’est pas si mal étant donné que les rares fois où Lacheau tente d’être sérieux pour esquisser le côté noir du personnage qu’il incarne, ça coince clairement. Autant il a un réel talent comique, autant il atteint vite ses limites lorsqu’il faut être plus sobre, plus dramatique.

Même si à ce niveau-là, le film est un peu à côté de la plaque, Philippe Lacheau va malgré tout faire plaisir à tous les gens de la génération Club Dorothée avec le nombre hallucinant de références qui se trouvent dans son film. Il y a bien entendu les références à l’animé Nicky Larson, avec les personnages de Laura (et son gros marteau) ou de Mammouth, l’Austin Mini rouge, le visuel du bâtiment où habitent Nicky et Laura. On retrouve bien entendu tout le côté obsédé du personnage et as de la gâchette. Mais Lacheau vise bien plus large et c’est à toute la culture Club Dorothée qu’on a droit. Ranma ½, Les Chevaliers du Zodiaque, Salut Les Musclés, Dragon Ball (Tortue Géniale), Dragon Ball Z (C17), Hélène et les Garçons, Inspecteur Gadget, le corbeau qui passe en fond typique des mangas, Olive et Tom (le foot avec les enfants), Jeanne et Serge, Rémi sans Famille (à l’aéroport), Ken le Survivant (dans le bandeau lors du JT), Les Filles d’à Côté (lorsqu’il les espionne à la lunette sniper), … Et bien d’autres. Dorothée elle-même y a un petit rôle et en profite pour caser une référence à une de ses chansons (les chaussettes rouges et jaunes à petits pois), ainsi que Vincent Ropion, la voix française de Nicky Larson, et Jean-Paul Cesari, le chanteur du générique du dessin-animé.
Beaucoup de ces références arrivent comme un cheveu sur la soupe ou sont tellement capillotractés que ça donne à certains gags un côté très forcé, très artificiel, mais on prend plaisir à essayer de toutes les trouver, au point qu’on regarde le moindre détail et qu’on fait attention à la moindre ligne de dialogue.

Mais rapidement, on se rend compte que même l’humour n’est pas celui de Nicky Larson. Après Alibi.com et Babysitting, nous sommes de nouveau ici dans un film de la Bande à Fifi, et on ne s’étonnera donc pas du temps de présence à l’écran des personnages de ses deux compères de toujours Tarek Boudali et Julien Arruti (et en plus du fait que Elodie Fontan, qui interprète Laura, est sa femme dans la vie). On verse du coup ici dans l’humour potache, puéril, en se rapprochant néanmoins parfois de l’humour de l’animé, mais avec des blagues bien à la française. Le film va malgré tout assez loin dans l’humour graveleux, n’hésitant pas, à l’instar de la paire de testicules de Alibi.com, à montrer les parties génitales de ses acteurs (ou doublures). Lacheau avoue lors d’une interview avoir été élevé à l’école Mary à Tout Prix / American Pie, et ça se ressent très facilement.
Mais il faut avouer qu’on rit. Qu’on rit beaucoup même. Parfois avec les larmes aux yeux devant tant de connerie à la minute. Nicky Larson est très rythmé, sorte de succession de gags, plus ou moins heureux, s’enchainant à vitesse grand V, à la bonne humeur communicative. On sent l’énergie du fan qui s’exprime, qui partage ça avec ses potes (beaucoup de caméos tels que Gérard Jugnot, Chantal Ladesou, Jarry, Medi Sadoun, Raphael Personnaz, Reem Khereci, …), même s’il se plante complètement dans ce qu’on nous promettait sur le papier.
Lacheau n’oublie bien entendu pas les scènes d’action. Il les a voulues plus dynamiques, clinquantes, et ambitieuses qu’à l’accoutumée, nous rappelant par moments celles de la saga Kingsman. C’est effectivement le cas, mais ce n’en est pas plus réussi pour autant car ce n’est jamais très bien filmé, avec une caméra placée dans des endroits mal pensés, voire complètement hors de propos. Pour ceux qui aiment les scènes d’action fluides, c’est loin d’être le cas. On salue certes l’effort, mais on retiendra les gags qu’elles contiennent plutôt que leurs chorégraphies ou leur intensité.

LES PLUS LES MOINS
♥ Très bon rythme
♥ Beaucoup de gags réussis
♥ Bonne humeur communicative
♥ Les moult références…
⊗ … qu’on nous sert parfois au forceps
⊗ Oublie l’essence même du manga
⊗ L’action pas fofolle
Si vous cherchez l’adaptation ultime de l’animé/manga Nicky Larson, vous n’êtes pas ici au bon endroit. Mais si vous cherchez une comédie très conne pour vous marrer comme des baleines, alors possible que le dernier film de Philippe Lacheau soit fait pour vous.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Lorsque Philippe Lacheau est allé au Japon présenter son scénario à Tsukasa Hojo afin d’obtenir les droits, ce dernier avoua adorer et aurait dit qu’il aurait aimé inventer cette histoire originale lui-même.
• Lorsque Chantal Ladessou dévoile sa poitrine, il s’agit en fait d’une prothèse. Gérard Jugnot aurait dévoilé la supercherie lors de la promotion du film aux Grosses Têtes de Laurent Ruquier.
• Le tournage s’est étalé sur pas moins de 14 semaines, chose assez rare pour une comédie française.
• Philippe Lacheau évoque la possibilité d’une suite qui serait un cross-over avec une autre œuvre de Tsukasa Hojo, à savoir Cat’s Eyes.


Titre : Nicky Larson et le Parfum de Cupidon
Année : 2019
Durée : 1h32
Origine : France
Genre : Mammuuuuuuuth !
Réalisateur : Philippe Lacheau
Scénario : Philippe Lacheau, d’après l’œuvre de Tsukasa Hojo

Acteurs : Philippe Lacheau, Elodie Fontan, Tarek Boudali, Julien Arruti, Kamel Guenfoud, Didier Bourdon, Pamela Anderson, Audrey Lami

 Nicky Larson et le parfum de Cupidon (2018) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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