[Film] Lung Fung Restaurant, de Poon Man-Kit (1990)


Dragon est sorti de prison. Il a désormais un travail régulier et honnête, comme serveur, dans un salon de thé. Il retrouve son meilleur ami, Pool, petite frappe connue et respectée dans leur quartier. Ils font la connaissance de Gigi et de June, deux jeunes femmes, belles et indépendantes, qui travaillent comme prostituées dans des clubs privés. Alors que la tension monte entre les différents membres des gangs de la ville, Dragon et Gigi tombe amoureux l’un de l’autre. Tous les deux tentent de mener une vie normale en s’installant ensemble dans un appartement, mais les obligations de Dragon envers son organisation vont l’obliger à s ‘éloigner de la femme qui l’aime…


Avis de Vince2Dub :
Perplexe ! C’est ce que l’on peut ressentir une fois le film terminé. Le quatrième film de Poon Man Kit n’est pas vraiment un film de gangsters, ni un drame passionnel ni même une comédie. À la fois mélange des trois, le film a du mal à convaincre comme il ne déçoit pas non plus.

L’histoire est intéressante quoique peu originale et se découpe en trois parties. La première met en place les personnages et développe leurs relations en se focalisant tout de même sur celle, naissante, entre Dragon et Gigi. Ce qui frappe ici, et dès le début du film, c’est que l’on parle de sexe et non d’amour. Il n’y a pas de place dans cet univers des triades et celui des prostitués, pour l’amour et la romance. Dragon pense à sa réinsertion et à se tenir tranquille et Gigi, déçue, blessé par les hommes, tente de survivre en les arnaquant avec l’aide de sa seule amie June. Comme exemple de scène romantique ‘’corrompue’’, il y a celle où ils se retrouvent seuls devant la porte de l’appartement de Gigi. Dragon ne veut pas rester, de peur de lui sauter dessus, et elle, peu surprise de son attitude, lui demande de ramener plus d’argent la prochaine fois. La seconde partie, plus courte, à la fois classique du genre et terriblement clichée, concrétise finalement leur amour. Elle s’ouvre sur un montage alterné entre la scène d’amour et des flash-backs de moments vécus par les deux personnages depuis le début de l’histoire. Le tout sur une chanson romantique mise au premier plan. La scène d’amour est courte, sans voyeurisme primaire, puisque la caméra, statique, reste éloignée des deux corps. L’image se compose uniquement de bleu et de noir ce qui rappelle fortement l’univers de Yoshiaki Kawajiri (même s’il n’y a aucun rapport !). Ils sont heureux et vivent ensemble… La troisième partie voit les difficultés du couple à s’extraire de leurs obligations respectives. Dragon qui, de plus en plus, accepte mal le travail de Gigi, doit répondre à l’appel de ses pairs et se préparer à une guerre des gangs imminente…

Cette relation sent certes le réchauffé mais l’avantage du film, c’est de ne pas tomber dans le pathétique ou le mélodrame larmoyant. Même si tous les poncifs de la relation amoureuse sont présents, les scènes qui les décrivent sont en général courtes et les effets sont très peu appuyés. Par exemple, il n’y a pas de longs temps morts où les personnages se perdent dans des disputes elles aussi longues et inutiles. Le jeu d’acteurs n’est jamais excessif et la musique est rarement mise en avant et s’éclipse rapidement au profit d’un dialogue plus prosaïque et réaliste. Mais ce qui reste un avantage pour les moments dramatiques se révèle dommage, voire vexant, pour les chorégraphies. Toutes les séquences d’actions sont bien trop courtes. Le spectateur, à chaque fois sur sa faim, n’a pas le temps de rentrer dans la scène. Cette dernière se coupe brutalement et l’intrigue principale reprend sa place. Bien réalisées cela dit, les scènes d’actions traduisent avant tout un aspect réaliste des situations et s’éloignent en même temps du spectacle violent et grand guignol que l’on admire invariablement dans la plupart des films hongkongais. Le caractère réaliste renforce donc la crédibilité de ces scènes mais leurs trop faibles durées les rend presque inutiles. Elles ne servent qu’à redonner un peu de rythme à la narration et à garder l’intérêt du spectateur.

Le choix des acteurs est intéressant puisque Stephen Chow abandonne ici son personnage comique habituel. Il incarne un personnage fier, querelleur et soucieux uniquement de son honneur et de celui de sa ‘’famille’’. Seule anecdote qui prête à sourire est celle où il effectue, avec une tête d’ahuri, les mêmes gestes que Mickey Rourke devant le strip-tease de Kim Basinger dans 9 semaines 1/2, scène qui d’ailleurs passe dans son dos à la télé. Autre élément marquant, c’est l’emploi de Ng Man-Tat qui, cette fois, joue le rôle du mentor, colérique et criard, de Dragon et de Pool. Il est fort agréable de voir cet acteur dans un rôle sérieux et réaliste (il est encore difficile de lui retirer l’étiquette du « bouffon souffre-douleur » …). Le couple Ellen Chan – Max Mok reste convaincant, sans non plus faire vibrer. Max Mok étonne également par sa vigueur et par l’aspect violent et impulsif qu’il donne à son personnage. Le film se laisse donc regarder, sans frustrer, mais n’apporte pas vraiment de fortes émotions. Exploiter plusieurs pistes en même temps, sans aller en profondeur dans une seule, a rendu l’ensemble presque fade laissant le spectateur mitigé. Pourtant on ne peut pas dire que ce film soit mauvais ou mal fait mais indéniablement il manque quelques choses pour le rendre captivant, original et surtout marquant.

LES PLUS LES MOINS
♥ Histoire intéressante
♥ Evite le mélo larmoyant
♥ Bien mis en scène
⊗ Pas mal de clichés
⊗ Scènes d’action trop courtes
Au final Lung Fung Restaurant est à conseiller aux inconditionnels des histoires d’amours et à ceux qui désirent voir d’autres films de Poon Man-Kit qui diffèrent de ses histoires célèbres de mafieux…



Titre : Lung Fung Restaurant / 龍鳳茶樓
Année : 1990
Durée : 1h32
Origine : Hong Kong
Genre : Comédie dramatique romantique
Réalisateur : Poon Man-Kit
Scénario : Clarence Yip, Tommy Hau

Acteurs : Max Mok, Stephen Chow, Ellen Chan, Charine Chan, Ng Man-Tat, Chu Tit-Wo, Parkman Wong, Wong Chak-Man, Tam Sin-Hung, Henry Fong

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Auteur : Vince2dub

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