[Film] Love is Blind, Hate Too, de Patrick Kong (2022)


Après avoir perdu 90 % de sa vision dans un accident de voiture, Bo doit s’adapter à sa nouvelle vie de femme aveugle. Alors que son mari est en voyage d’affaires, un inconnu pénètre dans sa maison et la prend en otage. Alors que l’envahisseur lui fait subir une série de tortures mentales et psychologiques, Bo ne peut compter que sur son intelligence pour survivre.


Avis de Cherycok :
On dit que le ciné HK est mort, qu’il n’est plus que l’ombre de lui-même. Du coup, beaucoup de fans de la belle époque ne cherchent même pas à s’intéresser aux films qui pourtant continuent de sortir. Certes, ce sont souvent des petits films sans grosse tête d’affiche, avec des réalisateurs peu ou pas connus, mais il y a parfois du bon dedans comme Hand Rolled Cigarette (2021) ou Zero to Hero (2021). Bon, il faut avouer qu’il y a aussi malgré tout du moins bon et c’est dans cette deuxième catégorie que nous pouvons ranger Love is Blind, Hate Too de Patrick Kong qui a également écrit et produit le film. Le film devait sortir en janvier 2022 au cinéma mais en raison de la 5ème vague de COVID en Chine, les cinémas ont été fermés pendant plusieurs mois au point que le film sera finalement disponible en avant-première sur la plateforme de SVOD chinoise iQiYi. Il aura droit néanmoins plusieurs mois après à une ressortie cinéma en exclusivité au Emperor Cinema. Mais cela n’aura pas été suffisant pour que Love is Blind, Hate Too soit un succès et, au final, qu’importe, le film n’a pas grand-chose à proposer.

Lorsqu’on regarde la filmographie de Patrick Kong, 27 films à son actif pour 18 ans de carrière, on remarque qu’il a essentiellement réalisé des comédies romantiques, style dans lequel il semble être très à l’aise. Avec Love is Blind, Hate Too, il change radicalement de registre puisqu’il lorgne ici du côté du thriller psychologique, sans doute après son expérience dans le domaine acquise sur la mini-série de 2019 intitulée Stained. Pour cela, il choisit de pondre un remake de 3 Days of a Blind Girl, avec Veronica Yip et Anthony Wong. Le point de départ est le même : une femme aveugle, un mari docteur qui doit partir en voyage d’affaires, elle va rester seule quelques jours, un homme qui prétend connaitre son mari va sonner à sa porte … Bref, un scénario quasi identique, bien que certains points diffèrent malgré tout, histoire de tenter d’apporter quelques éléments nouveaux et ne pas se calquer à 100% sur l’original. Mais le côté voyeur et crapoteux qui donnait sa force à 3 Days of a Blind Girl n’est ici pas présent. L’original de Chan Wing-Chiu avait un humour noir bien à lui et un personnage central, incarné par l’inimitable Anthony Wong, bien plus déluré (ne serait-ce que par son look improbable). Du coup, le côté misogyne de l’original était amoindri par la légère bouffonnerie de l’ensemble. Ici, cela reste sur le devant de la scène. Il faut dire que les deux films ne sont pas sortis à la même époque. Le premier est arrivé en plein boum de la Cat III, à une époque où les réalisateurs se lâchaient et se permettaient plein de choses à l’approche de la rétrocession ; le deuxième arrive à un moment où il faut jongler avec divers paramètres, la censure chinoise en premier lieu.

On retrouve du coup beaucoup de scènes similaires, à commencer par celles qui ont fait le sel de l’original (la scène de la douche, celle avec le chien, la « révélation », …), mais tout est ici trop sage. Pas l’ombre d’un boob ou d’une fesse (malgré quelques plans sexy), les effets gores sont limités à leur strict minimum, la violence est bien moins graphique bien que le final vienne compenser ce dernier point. Poon Chan-Leung n’est jamais aussi inquiétant qu’Anthony Wong, bien qu’il fasse son possible pour rendre son personnage crédible. Le casting de manière générale s’en sort honorablement et le fait que Kathy Yuen soit allée dans un centre pour aveugles afin d’étudier comment elles fonctionnent dans la vie quotidienne se ressent à l’écran. La mise en scène en elle-même est également plutôt correcte, très propre, mais l’ensemble manque clairement de suspense et le réalisateur n’arrive pas à traiter correctement les éléments qui auraient pu faire du film un bon thriller. De plus, les nombreux flashbacks, beaucoup trop longs, cassent tout le rythme du film. Le scénario s’attarde un peu trop sur « l’avant », sur les explications, même lorsqu’il n’y en a pas besoin et on a cette désagréable impression que certaines scènes se trainent pour arriver péniblement aux 1h27 génériques compris du film. Au final, la balance penche du côté des défauts du film et on ressort très mitigé du spectacle auquel on vient d’assister, trop sage, trop mou, trop moyen.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le casting s’en sort bien
♥ Mise en scène de bonne tenue
⊗ Beaucoup trop sage
⊗ Un rythme mal géré
⊗ Absence de suspense
⊗ Souffre de la comparaison avec l’original

Si vous avez vu l’original, 3 Days of a Blind Girl (1993), ce remake ne présente pas de réel intérêt, n’apportant au final que peu de nouveautés. Ce n’est pas Love is Blind, Hate Too qui va aider le ciné HK à relever la tête.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Kathy Yuen a appris à cuisiner les yeux bandés et à évoluer chez elle entièrement dans le noir afin de rendre son rôle plus crédible à l’écran.



Titre : Love is Blind, Hate Too / 緻命24小時
Année : 2022
Durée : 1h27
Origine : Hong Kong
Genre : Comme l’original, en moins bien
Réalisateur : Patrick Kong
Scénario : Patrick Kong

Acteurs : Kathy Yuen, Ron Ng, Poon Chan-Leung, Sham Ka-Ki, Jeana Ho, Bob Lam, Justin Cheung, Snow Yuen, Eric Wong, Scarlett Wong

Ji ming 24 siu si (2022) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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