[Film] L’Étalon Italien, de Morton Lewis (1970)

Stud n’a qu’une seule passion dans la vie, mais qui lui prend un temps fou : le sexe.


Avis de John Roch :
Il y a des légendes qui ont la peau dure. Tiens, prenez L’Étalon Italien, encore souvent considéré à tort comme le film porno avec Stallone, alors qu’il s’agit en réalité d’un softcore tourné à la va-vite destiné aux cinémas de quartier dans lequel l’acteur trouve son premier rôle. Mais pour comprendre comment on en est arrivé à croire que l’acteur a tourné dans un film cochon, il faut remonter dans le temps à deux époques. D’abord, à la toute fin des années 60, époque où l’interprète de Rocky ne trouve aucun rôle et fini SDF. Il croise alors la route de Morton Lewis qui le paie 200 Dollars pour jouer dans The Party At Kitty And Stud’s, une production de 5000 billets verts tournée en trois jours avec de parfaits inconnus. Le film sort en Février 1970 dans les cinémas d’exploitation sans faire de bruit. L’histoire aurait pu s’arrêter la mais faisons notre second bond dans le temps, en 1977. En Mars de cette année-là, les oscars décernent à un film, tourné pour moins d’un million de Dollars qui cartonne depuis sa sortie quatre mois plus tôt, trois statuettes, dont celle du meilleur film. Sont également nominés son acteur principal et son scénariste, à savoir Sylvester Stallone au deux postes. Vous l’aurez compris, ce film, c’est Rocky, qui propulse l’acteur au sommet après des années de galères. Ce qui va donner des idées aux producteurs de The Party At Kitty And Stud’s. Non pas Morton Lewis, crédité en tant que tel, mais de ses investisseurs qui vont vouloir faire chanter Stallone avec un deal : racheter les droits du film pour 100 000 Dollars pour ainsi bloquer une ressortie et éviter à sa toute fraiche image de se voir salir. Refus catégorique de la nouvelle star, qui d’une part ne sent pas cette affaire (selon ses dires les quatre personnes qui ont mis des billets dans le métrage étaient de bons avocats) mais surtout Stallone, il s’en fout. Ce qui n’a rien d’étonnant, car s’il y a bien une star Hollywoodienne qui a toujours assumé ses choix parfois hasardeux au point de mettre en péril sa carrière, et qui l’a sauvé plusieurs fois en faisant preuve de recul, c’est bien lui. The Party At Kitty And Stud’s ressort alors sous le nom The Italian Stallion, en mettant bien en avant le nom et la trogne de l’acteur dans deux montages, dont l’un qui inclut des inserts pornos, ce qui explique que L’Étalon Italien est considéré comme le film porno avec Stallone dans une partie de l’inconscient collectif.

L’histoire autour du film est intéressante, mais qu’en est-il du film en lui-même ? Et bien ce n’est pas bon, L’Étalon Italien étant un film érotique bas de gamme pas excitant pour un sou, mais c’est tout de même une bizarrerie. Non pas que le film doit être vu, c’est tout le contraire et ce même pour les fans les plus hardcores de Stallone, il aurait même pu rester dans l’oubli dans lequel il était tombé avant la reconnaissance de l’interprète de Rambo, mais il y a des choses étranges qui font de ce métrage une chose limite expérimentale. Pour résumer L’Étalon Italien, on suit pendant une journée Kitty et Stud, genre de hippies dont le quotidien se résume à bédave et à baiser. Parfois Stud sort courir comme un gogol dans un parc pendant que Kitty l’attend sagement, mais aussi impatiemment pour qu’il la prenne au lit sauvagement, car elle a des tendances légèrement BDSM et aime en secret se faire fouetter à coup de ceinture et pour arriver à ses fins elle est même capable de lui mordre le zizi, ce qui le met hors de lui. Mais aujourd’hui c’est un jour spécial car le couple libre organise une fête, et tout bascule lorsque Stud va tomber sur une femme dehors, toute nue sous son manteau d’hiver. Mais qu’est ce qui va basculer me demanderez-vous ? Et bien rien, puisque cela n’aura en fait aucune incidence sur ce court film d’1h06 petits génériques compris. Car ce qui intéresse le réalisateur, c’est la fête, la party du titre original, une orgie qui arrive à la 35ème minute du métrage, assez tôt donc. Car L’Étalon Italien n’a pas vraiment d’histoire, ni de dialogues d’ailleurs puisque la plupart de ceux-ci sont des voix off qui racontent soit les pensées des personnages, soit ce qui se passe à l’écran, ce qui en revient au même. En parlant de ce qui se passe à l’écran, il va falloir s’accrocher car question rythme, L’Étalon Italien ne comporte en réalité pas beaucoup de scènes, mais celles-ci sont interminables. Kitty attend Stud, et va danser à poil pour ne pas penser à lui, c’est parti pour cinq minutes qui en paraissent le double. Cette même Kitty veut préparer le retour du même Stud ? Et c’est reparti pour cinq minutes où elle se roule un deux feuilles en temps réel… Et c’est comme ça pendant la totalité du métrage, qui finit par être très, mais alors très chiant. Mais le meilleur est à venir.

L’orgie donc, un grand moment qui bascule vite dans le n’importe quoi semi-nanardesque, semi-expérimental qui propose son lot de choses improbables. Déjà avant ça, L’Étalon Italien avait son lot de scènes rigolotes et étranges, comme ce plan sorti de nulle part de deux femmes à poil avec un chien que l’on ne reverra jamais, ou ce moment très drôle où Stallone fait des mouvements de culturiste devant un miroir dans lequel sont reflétées les deux femmes susmentionnées en plein ébat. Mais dans cette scène aussi interminable que folle, on retrouve des personnages qui hurlent comme des ours, des corps déformés par un miroir déformant, une discussion inaudible pendant laquelle ils se serrent dans une salle de bain de trois mètres carré, et surtout la conclusion à l’orgie, ou visiblement possédés, ils entament une farandole à mourir de rire avant de s’écrouler comme morts. Passé ce moment involontairement dingue et le reste du métrage, nous sommes face à un film érotique, et en tant que tel que vaut L’Étalon Italien ? Pas grand-chose au final, on se retrouve devant des scènes de sexe mal simulées et mal filmées, et pour vous donner une idée de ce que vaut l’orgie finale, imaginez celle du Society de Brian Yuzna sans les effets spéciaux rythmée par une musique disco répétitive à en faire saigner les oreilles. Rien de bien excitant donc, dans ce qui peut être considéré comme les prémices du Body Horror. Coté anatomie, pour Mesdames, il faudra vous contenter du torse et des fesses musclées de Sylvester Stallone et pour celles qui se demandent si son surnom d’étalon Italien vient de son service trois pièces, dur de répondre puisqu’il semble insensible aux charmes d’une certaine Henrietta Holm, qui avait assez d’atouts mammaires pour faire carrière sans l’avoir fait. En revanche, j’ai remarqué que ses bobolls pendaient plus que de raison. Pour Messieurs, le casting féminin est fourni, avec des boobs de toutes les tailles, il faudra en revanche adhérer aux foufounes de l’époque à rendre fou un Japonais chargé de pixeliser les régions pubiennes, de l’ordre de celles qui prouvent qu’il n’y a pas de fausses blondes dans le film. Et comme Morton Lewis semble adorer zoomer dessus, quitte à perdre le fil de la scène qu’il tourne, les fans d’épilations risquent de faire la gueule.

LES PLUS LES MOINS
♥ Stallone dans son premier rôle
♥ Henrietta Holm, charmante
♥ Parfois c’est rigolo
⊗ Un film érotique bas de gamme
⊗ Pas de quoi soulever un braquemart
⊗ La musique horrible, que l’on aime le disco ou non
⊗ Il n’y a pas d’histoire
⊗ Des scènes interminables
Note :Note Braquemart :
L’Étalon Italien est un film érotique bas de gamme jamais excitant, sans histoire et aux scènes interminables. Reste la dernière partie par moments improbable qui fera rire ceux qui iront au bout de ce métrage destiné aux fans hardcore et complétistes de Sylvester Stallone, et à ceux dont la curiosité l’aura emporté.

LE SAVIEZ VOUS ?
• L’affiche Allemande utilisait une image de Rambo 2.
• En novembre 2010, les droits du films ainsi que le négatif original ont été vendus aux enchères pour 270 000 Dollars.
• En 2007, une rumeur parlait d’une version intégrale du film dans laquelle Stallone aurait bien participé à des scènes pornographique. Cette rumeur a été démentie, et il a été confirmé que le métrage n’a jamais été tourné en tant que porno.



Titre : L’étalon Italien / the Italian stallion / The party at Kitty and stud’s
Année : 1970
Durée : 1h06
Origine : U.S.A
Genre : L’étron Italien
Réalisateur : Morton Lewis
Scénario : Milton Lewis

Acteurs : Sylvester Stallone, Henrietta Holm, Jodi Van Prang, Nicholas Warren, Barbara Storm, Janet Banzet


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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