[Film] Le Secret de la Pyramide, de Barry Levinson (1985)


A Londres en 1870, le jeune John Watson fait son entrée dans une nouvelle école. Il y rencontre un autre adolescent à l’esprit de déduction très développé : un certain Sherlock Holmes. Très vite, Holmes et Watson se lient d’amitié et sont conduits à mener leur première enquête sur une série de meurtres étranges survenus à la suite d’hallucinations épouvantables…


Avis de Cherycok :
A moins que vous ayez vécu dans une grotte ces 40 dernières années, vous avez forcément vu une production de chez Amblin Entertainment, la boite de prod créée par Steven Spielberg, Kathleen Kennedy et Frank Marshall en 1981, et ce même si le nom ne vous parle pas. On leur doit des films cultes tels que ET, Gremlins, Les Goonies, Retour vers le Futur, Qui Veut la Peau de Roger Rabbit, Hook, Jurassic Park, Men in Black, Minority Report ou encore Ready Player One. Du lourd, du très lourd, avec leur logo reconnaissable entre mille puisqu’il arbore fièrement à l’intérieur d’un cercle ce fameux plan de E.T. dans lequel le petit Elliott vole sur son vélo avec le célèbre extra-terrestre à l’intérieur du panier de guidon. Ce que vous connaissez peut-être moins, c’est une de leur production de 1985, Young Sherlock Holmes, rebaptisée chez nous Le Secret de la Pyramide. Un film qui avait tout pour être un carton, mais qui ne trouvera malheureusement pas son public. C’est dommage car il vaut le coup d’œil.

A l’origine du projet, il y a Chris Columbus, réalisateur des deux premiers Harry Potter, de Maman J’ai Raté l’Avion ou encore de Madame Doubtfire, également scénariste de films tels que Les Goonies, Gremlins, ou de la trilogie Une Nuit au Musée. Son but était de raconter la jeunesse de Sherlock Holmes, car cela n’avait jamais été évoqué par l’auteur, tout en essayant de ne pas dénaturer l’œuvre de Conan Doyle et d’en respecter tous les codes. Il avait envie d’imaginer comment Sherlock Holmes avait rencontré le docteur Watson, comment Holmes avait eu sa pipe, pourquoi il arborait sa célèbre tenue vestimentaire, pourquoi il en veut autant à Moriarty, … Bref, en quelques sortes de faire les « origines » d’un des personnages les plus connus du monde. Très vite, Steven Spielberg, avec donc sa boite de production Amblin Entertainment, vient se greffer au projet en tant que producteur. Ce dernier veut s’assurer que le scénario soit fidèle au matériau de base et que l’ère victorienne soit bien retranscrite. Il demande au spécialiste de Sherlock Holmes John Bennett Show de lire le scénario et de fournir des notes, et au romancier anglais Jeffrey Archer de jouer les script doctor pour rendre l’ensemble plus « british » afin que cela fasse plus authentique. Il appelle pour faire partie du casting des acteurs qui ont déjà été associés au mythe Sherlock Holmes, comme par exemple Nigel Stock qui avait lui-même incarné le Dr Watson dans la série Sherlock Holmes entre 1964 et 1968. Il fait appel à la société ILM pour les effets spéciaux. Barry Levinson (Good Morning Vietnam, Rain Man) est appelé pour la mise en scène. Tout était réuni pour que ce film familial dans la plus pure tradition des studios Amblin soit un succès. Et pourtant, c’est l’échec au box-office, le film rapportant péniblement 19M$US pour un budget de 18M$US. Chez nous, le film cumule environ 790000 entrées, alors que E.T. (1982) en avait fait 9.4M, Gremlins (1984) 3.6M, Les Goonies (1985) 1.3M et Retour vers le Futur (1985) 3.4M. Comme quoi il ne suffit pas d’avoir un nom prestigieux derrière pour espérer toucher le jackpot. Mais difficile de dire pourquoi le public n’a pas suivi tant le film avait tout pour lui.

Le Secret de la Pyramide nous raconte la toute première enquête de Sherlock Holmes et pointe déjà du doigt son célèbre sens de la déduction, son intelligence, son aversion pour les armes à feu, sa complicité avec son futur acolyte Watson. Point de scènes d’action épiques avec du Kung Fu comme dans les récentes adaptations, mais un film familial dans l’esprit de ce que les années 80 ont pondu de meilleur : de l’aventure, du mystère, des péripéties, dans un spectacle d’une grande générosité. Les décors sont grandioses avec une reconstitution du Londres de la fin des années 1800 du plus bel effet, les acteurs sont réellement impliqués dans leur rôle, et les effets spéciaux sont tout bonnement exceptionnels pour l’époque. En effet, ça sera la première fois qu’un personnage entièrement en images de synthèse sera présent dans un film. Et le pire dans tout ça, c’est que 35 ans après, ça tient encore la route et ça reste même assez impressionnant (certains devraient en prendre de la graine). Un peu à la manière des Goonies ou des Gremlins sortis à peu près à la même époque, de petites scènes horrifiques sont présentes dans le film afin de marquer les esprits des plus jeunes mais elles restent toujours gentillettes pour provoquer de la tension plus que de la peur. Les péripéties sont nombreuses, toujours bien amenées, bien que certaines déductions de Sherlock soient parfois un peu « faciles » (mais c’est déjà le cas dans les romans de Doyle) ; les quelques moments plus calmes servent à développer un scénario plus intelligent qu’il n’y parait, à faire avancer l’enquête. Alors c’est certain, il y a quelques approximations, mais l’ensemble est suffisamment tarabiscoté pour que les enfants et adolescents soient pris dans cette histoire de secte qui, sur certains aspects, pourra rappeler Indiana Jones et le Temple Maudit sorti un an auparavant. Le spectacle est au rendez-vous, avec ce côté « enchanteur » typique des productions Amblin, une chouette ambiance, une très belle photo, une musique du plus bel effet. Bref, un très chouette divertissement familial, avec certes un final un poil « dark », mais un côté très attachant.

LES PLUS LES MOINS
♥ Très belle mise en scène
♥ Les CGI n’ont pas ou peu vieilli
♥ Plutôt bien construit
♥ Un casting impliqué
⊗ Rythme parfois un peu lent
⊗ Moins d’impact aujourd’hui que lors de sa sortie
Le Secret de la Pyramide est un divertissement familial typique des années 80 qui propose un spectacle de bien belle tenue. Cette jeunesse de Sherlock Holmes, bien que complètement fictive par rapport aux écrits de Conan Doyle, devrait ravir petits et grands.

LE SAVIEZ VOUS ?
• L’atmosphère empreinte de magie et de fantastique, les décors de pensionnat typiquement anglais, ainsi que certains personnages préludent l’univers cinématographique d’Harry Potter, dont Chris Columbus réalisera les deux premiers épisodes, quinze ans après avoir écrit le scénario du Secret de la pyramide.
• A en croire la fin, ce film a été pensé comme le premier opus d’une saga qui aurait pu, à chaque film, évoquer une aventure du tout jeune Sherlock Holmes. Mais il n’en sera rien, aucune suite ne verra le jour, sans doute à cause du faible score au box-office.
• En Grande-Bretagne, le film a été rebaptisé « Young Sherlock Holmes and the Pyramid of Fear », un clin d’œil au film de Steven Spielberg : Indiana Jones et le Temple maudit (« Indiana Jones and the Temple of Doom » en version originale) sorti l’année précédente.
• En 1986, Le Secret de la pyramide décroche une nomination à l’Oscar des meilleurs effets visuels. Le film a également été nommé aux prix du Meilleur film fantastique et du Meilleur scénario et a remporté celui de la Meilleure musique, lors des Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films.
• Un jeu vidéo basé sur le film est sorti en 1987 pour le MSX, intitulé Young Sherlock : The Legacy of Doyle, sorti en exclusivité au Japon par Pack-In-Video. Bien que le jeu soit basé sur le film, l’intrigue du jeu a peu à voir avec l’histoire du film.


Titre : Le Secret de la Pyramide / Young Sherlock Holmes
Année : 1985
Durée : 1h48
Origine : U.S.A
Genre : Il était une fois un détective…
Réalisateur : Barry Levinson
Scénario : Chris Columbus

Acteurs : Nicholas Rowe, Alan Cox, Sophie Ward, Anthony Higgins, Susan Fleetwood, Freddie Jones, Nigel Stock, Roger Ashton-Griffiths, Earl Rhodes

 Le secret de la pyramide (1985) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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