[Film] Le Scorpion Rouge, de Joseph Zito (1988)

Nikolai Petrovitch Rachenko, un commando soviétique Spetsnaz, est envoyé dans un pays africain où les forces soviétiques, tchécoslovaques et cubaines aident le gouvernement à combattre un mouvement anti-communiste rebelle. Le général Vortek lui donne pour mission d’éliminer le chef rebelle Ango Sundata. Afin de se rapprocher de sa cible, Rachenko provoque des troubles dans le bar local pour se faire arrêté par le colonel cubain Zayas pour conduite désordonnée. Il est placé dans la même cellule que Kallunda Kintash, un commandant de la résistance capturé et gagne sa confiance en facilitant sa fuite. Avec lui l’accompagne le peu loquace Dewey Ferguson, un journaliste Américain qui est là pour témoigner des exactions des Soviétiques dans cette région de l’Afrique.


Avis de Rick :
En 1988, Dolph Lundgren n’a eu que trois rôles en plusieurs années de carrière. Le rapide caméo dans Dangereusement Votre de John Glen, le grand méchant Russe dans Rocky IV pour Stallone, et le rôle principal dans le nanar signé Cannon Films en 1987, j’ai nommé Les Maîtres de l’Univers. Pas un grand palmarès donc, et pas de quoi lancer une carrière. Ce qui ne l’empêche pas de continuer à travailler, puisqu’en 1988, les frères Abramoff, producteurs et scénaristes, ont un scénario pour lui, celui de Red Scorpion, Le Scorpion Rouge, qu’ils proposent alors à Joseph Zito, réalisateur de la subtilité, que ce soit dans l’horreur (les très gores The Prowler et le quatrième opus de Vendredi 13) ou dans l’action (Portés Disparus et Invasion U.S.A mettant en avant Chuck Norris pour le compte de la Cannon Films). Il amène avec lui une partie de l’équipe avec qui il avait bossés sur ces films, comme M. Emmet Walsh devant la caméra (il jouait dans Portés Disparus) et Jay Chattaway, compositeur des deux scores musicaux. Pour le reste, on ne change pas une équipe qui gagne, Le Scorpion Rouge, c’est Rambo 2 ou n’importe quel autre film de guerre mettant en avant Stallone ou Chuck Norris, mais avec Dolph Lundgren, et donc, du côté des Russes. Russe qui bien entendu, va se retrouver au milieu d’une guerre dans un pays d’Afrique, et qui, à force de poursuites et de voir la situation sur place, va changer de camp, car faut pas déconner, en 1988, il faut glorifier l’Amérique. Le budget est de 8 millions, sauf que, coup de théâtre, alors que l’équipe arrive sur les lieux de tournage, ils sont bloqués sur place pendant trois mois avec l’interdiction d’y tourner. De nouveaux lieux sont trouvés à Namibie, mais du coup, le budget double, puisqu’il faut reconstruire les décors, ramener toute l’équipe dans un nouveau pays, et bien entendu, les payer. Dans beaucoup d’autres cas, le film aurait été tout simplement annulé. Il faut croire que les frères Abramoff tenaient vraiment au film, même si la vision de Joseph Zito est semble-t-elle très différente, bien plus violente (un réalisateur subtil, vous vous souvenez ?).

Le Scorpion Rouge, le produit fini, n’a certainement pas d’autres buts que d’envoyer du paté, que de tout faire exploser, de montrer que les Russes, ils sont vilains, et que quand l’un des leur se met à réfléchir, il change de camp pour aider les rebelles à repousser l’envahisseur soviétique, qui est aidé par les méchants Cubains. Ah ça, c’est primaire, simpliste, et il ne fallait pas en attendre plus, puisqu’en 1988, le mur de Berlin n’était pas encore tombé, c’était encore la guerre froide, et du coup au cinéma, l’ennemi principal des Américains était les Soviétiques. Il ne faut absolument pas chercher plus loin. Le Scorpion Rouge sent bon les années 80, l’action réactionnaire, les explosions, la poudre, le tout servi par un casting intégralement masculin (faut pas pousser hein, faut du muscle). Dolph Lundgren oui, avec à ses côtés M. Emmet Walsh comme précisé plus haut, mais aussi Al White (Leprechaun 2, Retour vers le Futur 2), T.P. McKenna (Les Chiens de Pailleà, Carmen Agenziano (Anges et Démons) et cette bonne tête de la série B, Brion James (Tango et Cash, Blade Runner, 48 Heures, Enemy Mine, House 3 et j’en passe). Ce brave Dolph, enfin, ce brave Nikolai Petrovitch Radchenko comme on l’appelle, est envoyé en Afrique pour éliminer le chef des rebelles. Il sympathise avec un de ses lieutenants et un journaliste Américain, les aide à s’évader en espérant se rapprocher de sa cible. Manque de bol, ses intentions sont démasquées, l’homme est retrouvé par les siens, qui ne tolèrent pas l’échec, et ce qui amène la classique scène de torture fréquente des films de guerre (scène censurée à l’époque), avant que ce pauvre Nikolai comprenne qu’il est dans le mauvais camp, et s’échappe pour aider les rebelles à vaincre l’oppression et l’envahisseur, à grand coup de mitrailleuse, de coups de pieds dans la face, de tank, hélicoptères, et de musique rock bien typées années 80.

Si c’est primaire dans sa proposition de cinéma, on ne va pas se mentir, le film est hautement divertissant, sans temps mort, plutôt bien réalisé, généreux en action et en cascades (dont une bien dangereusement exécutée par Lundgren lui-même), très violent par moment, sans oublier une petite touche d’humour lors d’un passage (encore coupé lors de la sortie au cinéma en France à l’époque) où Lundgren rencontre un indigène alors qu’il est perdu dans le désert. En soit, le parcours de notre héros est on ne peut plus simple, une quête initiatique, où il va apprendre de nouvelles valeurs, changer de camp, tout en restant ce qu’il est : une machine de guerre. Et si le scénario n’est pas bien épais et souvent prétexte à des scènes d’action explosives (et bien sympathiques), on peut par contre saluer qu’il offre à Dolph Lundgren un rôle un poil plus développé que ses précédents rôles. Pas de Russe 100% méchant comme dans Rocky 4 ou de gentil vraiment très gentil comme dans Les Maîtres de l’Univers, ici, Dolph commence en méchant Russe qui s’infiltre dans le seul but d’éliminer la menace de son pays, avant d’être l’ami des Africains et d’être ce grand blond aux yeux bleus qui arrive à sourire. Avant de partir en guerre et d’exploser tanks et hélicoptères, encore une fois, faut pas abuser non plus et oublier le cahier de charge de la série B bourrine abreuvée à la testostérone. Un peu comme le fantasme sur écran d’une bande dessinée de sale gosse (car oui, Joseph Zito est un sale gosse, on ne pourra pas me dire le contraire après ces œuvres pour la Cannon), une certaine vision de cinéma qui se contente de placer un contexte politique pour placer un minimum de « réalisme » avant d’uniquement donner ce que le spectateur veut voir, du bourrin. Et de ce côté là, Le Scorpion Rouge a été fait avec le plus grand sérieux, ce qui lui permet de se hisser bien plus haut qu’un certain Rambo III, datant de la même année, et lui ouvertement nanar et raté. À noter qu’une suite vit le jour en 1994, sans Dolph.

LES PLUS LES MOINS
♥ L’action bien sympathique
♥ Lundgren enfin dans un rôle sérieux
♥ Scénario prétexte mais le film reste sérieux
⊗ De l’action basique des années 80
⊗ Un propos simpliste et prétexte
note75
Après avoir envoyé Chuck Norris contre les Vietnamiens et les Russes, Joseph Zito continue avec le Scorpion Rouge, où Dolph Lundgren change de camp pour péter la gueule à tout le monde. Aussi primaire que divertissant.



Titre : Le Scorpion Rouge – Red Scorpion

Année : 1988
Durée :
1h45
Origine :
U.S.A.
Genre :
Action
Réalisation : 
Joseph Zito
Scénario : 
Jack Abramoff, Robert Abramoff et Arne Olsen
Avec :
Dolph Lundgren, M. Emmet Walsh, Al White, T.P. McKenna, Alex Colon et Brion James

 Red Scorpion (1988) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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